Fyctia
Chapitre 4 (2/2)
Chapitre 4 – Le groupe de soutien
Puis, lentement, il baissa les yeux vers Étienne.
Un sourire nerveux tordit le coin de sa bouche.
— Vous le savez déjà.
Un frisson. Glacial. Remonta lentement l’échine d’Étienne.
La séance s’effondra sur elle-même.
Certains se levèrent précipitamment.
D’autres restèrent assis, figés, les yeux écarquillés, comme si quelque chose venait de les traverser.
Le malaise était total.
David tapa sur l’épaule d’Étienne.
— Putain, on fout le camp.
Étienne hocha la tête.
— Ouais…
Il fit un pas vers la sortie.
Puis un autre.
Mais soudain…
Un vertige.
Un basculement imperceptible.
Comme si le sol sous lui avait légèrement bougé.
Il cligna des yeux.
Un battement de cœur plus fort.
Une douleur sourde vrilla sa tempe.
Puis…
Un flash.
Un couloir.
Un mur gris.
Des pas.
Quelqu’un qui respire.
Trop près.
Puis.
Un mot.
Chuchoté à son oreille.
Un mot qu’il ne comprit pas.
Et l’obscurité.
Un silence compact.
Un battement sourd dans son crâne.
Il rouvrit brusquement les yeux, haletant.
La salle était toujours là.
David le regardait, inquiet.
— Merde, Étienne, t’es blanc comme un cadavre.
L’air avait changé.
Plus épais. Plus dense.
Comme si quelque chose s’était glissé entre eux.
Étienne passa une main sur son front moite.
— Juste… le stress.
Mais il mentait.
Parce que ce souvenir…
Il ne se rappelait pas l’avoir vécu.
Et ça, c’était bien plus terrifiant que tout le reste.
Un bourdonnement.
Étienne tressaillit.
Son regard glissa sur la salle.
Un silence pesant flottait dans l’air.
Puis il le vit.
Le tableau blanc.
Une phrase y était inscrite.
Des lettres griffonnées à la hâte.
Comme si la main qui les avait tracées avait tremblé.
Ne. Regarde. Pas.
Un frisson glacé parcourut son dos.
L’encre semblait fraîche.
Trop fraîche.
Il plissa les yeux.
Quelqu’un venait de l’écrire.
Mais personne n’avait touché ce tableau pendant la séance.
Ses doigts se crispèrent.
Son regard dériva vers la périphérie de son champ de vision.
Une présence.
Là, tapie dans l’ombre.
Il tourna brusquement la tête.
Rien.
Juste l’ombre de la porte entrouverte.
Un silence.
Puis…
Une pression.
Un poids dans son dos.
Un regard.
Invisible.
Présent.
Il ferma les yeux une seconde.
Puis une autre.
Et quand il les rouvrit…
Il était dans la voiture. Déjà. Quelque chose l’avait glissé là, sans son consentement.
Il cligna des paupières.
Comment… ?
Impossible de se souvenir du trajet.
Juste un trou noir entre la salle et cet instant.
Comme si ce moment n’avait jamais existé.
Comme si un morceau de lui était resté là-bas.
Il se retourna.
Le bâtiment était toujours là.
Silencieux.
Vide.
Et pourtant…
Il savait.
Quelque chose était là. Tapie. Attendant.
David alluma le moteur, brisant l’instant.
— Hé, t’es sûr que ça va ?
Étienne ouvrit la bouche… mais rien. Juste un vide.
Comme un voile opaque empêchant ses pensées de se structurer.
Il sentit quelque chose.
Un poids invisible.
Tapi dans un coin de son esprit.
Un souvenir… qui n’était pas le sien.
Un flash.
Un couloir sombre.
Des murs gris, poisseux.
Une silhouette indistincte.
Un souffle dans son dos.
Une respiration sifflante.
Puis.
L’obscurité.
Le vide.
Un battement de cœur violent.
Une sensation de chute.
Étienne passa une main sur son front moite.
L’air de la nuit lui semblait pesant.
Comme si elle était pleine.
Comme si…
Quelque chose était là.
Tout près.
— Juste fatigué, murmura-t-il, la voix rauque.
David haussa un sourcil sceptique.
Mais il ne posa pas de questions.
La voiture démarra.
Le trajet du retour fut silencieux.
Trop silencieux.
Seul le grondement du moteur troublait le calme oppressant de la nuit.
Une sensation persistante.
Une présence tirait sur un fil invisible, tapi dans un recoin de son cerveau.
Son regard glissa vers la vitre… son reflet l’attendait déjà.
Et là…
Son souffle se bloqua.
Un instant. Une fraction de seconde. Il… hésita.
Juste une fraction de seconde.
Mais assez.
Assez pour qu’un frisson glacé lui transperce la peau.
Assez pour que son cœur manque un battement.
C’était impossible.
Et pourtant…
Ses pupilles se dilatèrent.
Ce n’était pas son reflet.
Ce n’était pas lui. Pas vraiment. Quelque chose d’autre. Et ça venait de comprendre.
Une copie.
Un autre lui.
Une chose qui avait pris conscience de son regard.
Il détourna les yeux. Brusquement. Trop brusquement.
Non.
Non.
David stoppa la voiture devant l’immeuble d’Étienne.
Pas un mot, pas un regard.
Juste un silence trop lourd, avant qu’il ne lâche doucement :
— Essaie de dormir un peu.
Étienne rentra chez lui sans un mot.
La nuit était tombée.
Mais quelque chose l’avait suivi.
Quelque chose qui savait maintenant où il vivait.
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