Fyctia
En éclat...
Cynthia bloquait sur la dernière question de son examen de mathématiques. Puis soudain, la solution lui vint à l’esprit instantanément. Vérifiant qu’elle n’avait omis aucun détail, elle se leva pour rendre sa copie. Retournant à son bureau, elle rangea ses affaires dans son sac et quitta la salle d’examen.
Une fois dans la cour du lycée, elle respira un grand coup la tête penchée en arrière, les yeux levés vers le ciel. Elle s’étira les bras, le dos, soulagée d’en avoir fini avec cette épreuve. Se motivant mentalement, elle orienta son regard derrière le grand portail en direction du parking. Monsieur Perrin, son entraineur ne semblait pas être encore là.
Et dire qu'elle serait déjà au stade avec toute son équipe à l'heure qu'il est, pensait-elle. Mais il avait fallut qu'elle doive passer un examen de rattrapage ce jour-là.
Appuyée contre le mur de l’enceinte du bâtiment scolaire, elle commençait à s’inquiéter de ne pas le voir arriver. Mais quelques minutes après, elle se rassurait en voyant un taxi entrait dans le parking. La porte arrière du côté droit du véhicule s’ouvrit. Un homme grand et blond, vêtu d’un survêtement bleu marine en sortit. Il s’agissait bien de celui qu’elle attendait. Immédiatement, elle rejoignait la voiture en courant. Ils quittèrent l’air de stationnement reprenant sans perdre de temps la route, direction les pistes.
-Pourquoi tu avais l’air si inquiète championne ?, Tu ne croyais tout de même pas que je t’avais oubliée! lança l’entraineur d’un ton moqueur.
-On ne sait jamais!, s’exclama la jeune fille un peu vexée.
-Impossible! Je ne pourrais tout de même pas débarquer aux sélections sans ma meilleure sprinteuse !!!
-Sérieusement monsieur Perrin, vous pensez que je peux faire un meilleur temps et réussir ?
-Je ne le pense pas Cynthia. J’en suis persuadé ! Crois-moi, tu vas intégrer l’équipe nationale, affirma-t-il avec bienveillance et conviction.
Il leva le bras et posa sa main sur le dessus de la tête de l'adolescente. Il lui caressa doucement les cheveux. Puis, comme un grand frère, il posa la main sur l’épaule de la jeune fille et la resserra délicatement dans un geste de soutient. Il lui adressa un regard rassurant et finalement un sourire se dessina sur les lèvres de celle-ci.
-Sois confiante ! Tout va bien se passer. Commence déjà par évacuer ton stress en faisant tes exercices de respiration, d’accord.
Le conducteur du taxi se mit soudain à klaxonner à plusieurs reprises.
-Mais où est-ce qu’il va celui-là ?!, s’exclama soudain le chauffeur.
-Mon dieu, mais il arrive droit sur nous… s’écria l’entraîneur.
Un poids lourd fonçait à contre sens tout droit sur leur véhicule.
A partir de ce moment, tout s’enchaîna très vite. Le chauffeur de la voiture tenta d’esquiver le camion en se déportant à droite. Cependant à cette vitesse rien n’était certain et il percuta tout de même la barrière de sécurité. Tentant de maitriser le véhicule il braqua de nouveau le volant. La tentative était vaine, il n’avait déjà plus le contrôle depuis un moment.
De la tôle qui se froisse, du verre qui se brise. La sensation d’être pris au piège dans le tambour d’une machine à laver, ça tourne et ça tape. Tout va très vite. Puis dans un dernier fracas plus rien. En un instant tout semble plus calme. Quelques secondes, peut être des minutes pour comprendre ce qui se passe. Un immense effort est nécessaire pour ouvrir les paupières et observer l’espace. Dans une vue un peu brouillée par quelque chose de fluide et chaud, on remarque que rien n’est à sa place. La logique n’a plus sa place. Les choses sont inversées. Les sièges sont vers le haut, des bras se balancent dans le vide. Des gémissements se font entendre. D’horribles douleurs choisissent de faire leur apparition. Et là, l’analyse de la situation entraîne une succession d’états émotionnels. D’abord la consternation, puis l’effroi, remplaçait ensuite par la peur. L’angoisse prend le dessus pour laisser place à la détresse.
Elle essayait de prendre le dessus sur la douleur qui semblait émaner des membres inférieurs de son corps. Elle tentait de maitriser sa peur et de ne pas paniquer. En essuyant ses yeux avec le dos de sa main, elle remarquait que ce liquide chaud qui brouillait sa vue, c’était du sang. Une blessure à la tête semblait-il. Sa respiration était saccadée et difficile. La ceinture de sécurité lui comprimait la poitrine et lui taillait la gorge. Elle essayait d’appeler son entraineur mais elle avait du mal à prononcer un son plus haut que le murmure. Pourtant, elle persistait.
Thomas Perrin, l’entraineur du club d’athlétisme, les bras ballants et la tête dans le vide ne semblait pas réagir aux appels de la jeune fille. Certainement, avait-il perdu connaissance ? Alors, face à ce silence elle se put réprimer ses larmes. Puis, elle finit par fermer les yeux.
Quand le téléphone de madame Vincent se mit à sonner, celle-ci était occupée à pratiquer des soins au domicile d’un patient. Sa profession d’infirmière ne lui permettait pas toujours d’être disponible à cette heure de la journée. Surtout dans les fins d'après-midi. Elle ignorait l'urgence de l'appel.
Plus tard, c’était le mode vibreur du portable de monsieur Vincent qui signalait un appel. Le père de famille aidait son fils Nolan à faire ses devoirs quand il répondit à l’appel. Il ne reconnaissait pas le numéro qui s’était affiché. Son expression se fit grave à l’annonce de son interlocutrice, qui se présentait comme une infirmière des urgences.
-Oui c’est moi, je suis son père, répondit-il la voix tremblante.
-Je suis navré monsieur, mais je dois vous annoncer que votre fille a été admise au service de traumatologie des urgences. Elle a été gravement blessée dans un accident de la route. Et nous avons besoin de la présence d’un tuteur pour poursuivre les soins. L’équipe médicale a opéré en urgence et le chirurgien a réussi à stabiliser l’état de la patiente. Mais elle doit subir rapidement une nouvelle opération.
Il fallut à cet homme quelques instants pour qu’il puisse reprendre ses esprits. Puis son instinct de père prit les devants. Il demanda à sa voisine qu’il connaissait bien, de garder son fils en lui résumant rapidement l'urgence de la situation. Puis, il se plaça au volant de sa voiture et se précipita vers l’hôpital. Activant la fonction appel, il informa sa femme de la situation. La nuit commençait à tomber, monsieur Vincent descendait de son véhicule. Il tentait de retenir les larmes qui apparaissaient aux coins de ses yeux tout juste ridés. Mais elles glissèrent le long de ses joues au moment où les portes automatiques des urgences s’ouvrirent. Avec précipitation, il se présenta à l’accueil.
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Emma Hermosa
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Il y a 3 ans