Audrey Pleidel Fêter Noël avec toi Chapitre 1.2

Chapitre 1.2

— Je…, oui, me rappelai-je soudain. Les raisons de ma demande de bourse. Eh bien, cela concernerait des fouilles dans le nord de l’Écosse, du côté d’Inverness, Avoch et Dingwall. J’aimerais beaucoup y prouver que des colons vikings se sont installés tout près de ces endroits.

— Mais, Mademoiselle Wallace, êtes-vous certaine qu’il y a encore matière à explorer ? Tout n’a-t-il pas été déjà dit à ce sujet ?

— Oh ! Je suis certaine du contraire, professeur Campbell, tentai-je en un sourire franc et sincère. Je suis persuadée qu’une grande partie de cette histoire n’a pas encore été révélée. Nous venons tout juste de prouver que les vikings, après leurs incursions et leurs pillages en Grande-Bretagne, se sont établis sur les côtes. Je suis sûre qu’ils ont poussé plus au nord de l’Écosse, voyez-vous ? Leur curiosité et leur soif de découvertes les ont très certainement menés à longer les côtes dans le but de trouver des villes et des villages de celtes et de pictes. Si vous m’autorisiez à accéder à cette bourse, je n’aurais besoin que d’une dizaine d’étudiants avec moi, ainsi que de…

— Non.

Était-ce la sécheresse des biscuits de Pétunia qui transperçait dans le ton devenu froid et distant du doyen ?

Prenant sur moi, je me redressai et croisai mes doigts sur ma sacoche qui ne quittait pas mes genoux. M’armant de mon plus beau sourire, je vrillai mes yeux dans ceux du doyen et repris d’une voix plus assurée. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’une bourse m’était refusée. J’avais l’habitude. Mais cette fois-ci, j’étais sûre de moi. Les recherches dans les archives et dans les ouvrages des différentes bibliothèques du pays m’avaient pris un temps fou ! Et les résultats étaient clairs : il y avait une possibilité de réussite. Après des heures de recherches minutieuses à m’en décoller les rétines, je n’allais pas me laisser abattre de cette façon !

— Monsieur, permettez-moi d’insister. Mes recherches, ainsi que celles de mes pairs, indiquent que des fouilles seraient extrêmement les bienvenues dans cette région d’Écosse. Voyez par vous-même, attendez…

Prise de frénésie dès qu’il s’agissait de ce sujet, je plongeai littéralement dans ma sacoche à la recherche de mes notes et de mon carnet noir. Il faudrait que je sois plus ordonnée, songeai-je tandis que je farfouillais dans ce qui ressemblait à une zone de non droit.

— Mademoiselle Wallace, reprit le doyen d’une voix plus forte tout en allongeant ses avant-bras sur son bureau et en croisant ses doigts. Je pense que vous avez mal, très mal compris ce pourquoi vous étiez convoquée.

— Ah ? Il faut dire que rien ne m’a été dit, alors je…

— Laissez-moi vous expliquer comme il se doit. Je vous ai fait venir pour vous annoncer que le département d’Histoire, de Lettres Classiques et d’Archéologie pour lequel nous travaillons, va subir une réorganisation complète dans les prochains mois. Voyez-vous, l’archéologie ne fait plus rêver grand monde. Tenez, combien d’étudiants avez-vous en travaux dirigés ce semestre ?

— Cinq, répondis-je d’une petite voix, les yeux fixés sur le visage ridé et pâle du doyen.

— Vous voyez… Financièrement, nous ne pouvons plus faire face et…

— Attendez, le coupai-je tout en fronçant les sourcils, où voulez-vous en venir au juste ?

Le doyen baissa les yeux sur le pupitre de son bureau et soupira.

— Nous ne pouvons plus vous garder parmi nous, Mademoiselle Wallace.

Silence radio.

Avais-je bien entendu ?

— Mais…, bredouillai-je, la gorge serrée. Pourquoi m’avoir demandé des informations sur mon projet et ma demande de bourse dans ce cas ?

— Pour connaître votre point de vue et vos objectifs, me répondit le doyen. Voyez-vous, l’histoire des peuples nordiques sur nos côtes est certes très intéressante, mais nous avons d’autres projets pour l’Université, des projets qui n’incluent pas cette période historique. Et comme vous vous êtes spécialisée dedans…

— En somme, je suis renvoyée ? À quelques jours de Noël ?

— Je suis vraiment navré Mademoiselle Wallace, mais je ne peux pas faire autrement. Le semestre est presque fini. Les vacances approchent. Les cours d’archéologie du semestre prochain ne seront assurés que par des titulaires. Et en tant que professionnelle, je suis certain que…

Mon cerveau se déconnecta des paroles du doyen qui passèrent en arrière-plan de mes pensées, tel un bourdonnement inaudible.

Toute ma vie était tournée vers mon travail, ma passion.

Dix ans.

Réduits en miettes en quelques secondes.

Dix ans de sacrifices et de renoncements.

Je sentis mes yeux me piquer et s’embuer de larmes.

Qu’allais-je faire de ma vie maintenant ?


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11 commentaires

Maiwenn 🌍

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Il y a 4 mois

Merci pour le partage de ce chapitre ! :)

Audrey Pleidel

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Il y a 4 mois

Mais de rien merci d'avoir pris le temps de lire ✌🏼

JusteSam

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Il y a 4 mois

La pauvre, j'espère qu'elle pourra poursuivre son rêve !

Mady L.Emsie

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Il y a 5 mois

Une annonce hyper rude !

Audrey Pleidel

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Il y a 4 mois

Oui hein ! C'est pas cool comme Noël...
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