Fyctia
2.4| Ameradiel
— Ce n'est pas une erreur, nous ne savons pas encore dans quelle chambre vous mettre.
— Et pourquoi moi ?
— Élément de l'eau. Nous ne pouvons pas vous mettre dans un couloir avec les autres éléments.
— Comment ça ? Et où sont les autres éléments d'eau ?
— Il n'y en a pas dans cette section, le dernier en a fini avec l'académie et a trouvé un emploi.
— Oh.
Je ne savais pas que c'était si rare. En fait, mes pouvoirs ont été découverts bien plus tard que la moyenne, il n'y a que deux ans, pour les autres c'était deux ans plus tôt voir trois pour les plus précoces.
Stan ou Brett – j’aurais dû écouter quand il s’est présenté à l’appel des noms – cale son doigt sur son oreillette, comme s'il écoutait un ordre. J'ai déjà vu ça dans un film d'agent secret, c'est une sorte de téléphone en plus discret.
J'essaie d'empêcher ma bouche de s'ouvrir. Savent-ils à quel point cela nous paraît grandiose toutes ces choses ?
— Venez avec moi.
Je le suis, et nous redescendons les marches.
— Vous êtes Stan ou Brett ?
Je devine un sourire se dessiner sur ses lèvres.
— Brett ! Et vous, vous êtes trop bavarde.
— Il n'y a pas de mal à faire la discussion. Je suis stressée.
— Je vous comprends, quand je suis arrivé ici, j'étais dans un état similaire.
— Vous avez étudié ici ?
Bien sûr qu'il a étudié ici idiote. C'est la seule académie sur nos terres.
Nous arrivons au rez-de-chaussée et il m'indique un couloir par lequel nous ne sommes pas encore passés.
— Nous avons tous étudié ici.
Brett reste silencieux tout au long du chemin, nous avons traversé un couloir, puis un deuxième, avant d'arriver dans des pièces moins bien vétustes que les autres chambres.
Les plafonds sont directement plus hauts, il y a des lustres en cristal au-dessus, des dorures sur les moulures et le parquet ne craque plus sous mes pieds. Finalement, quand j'ai espoir qu'il va m'installer dans une des suites devant lesquelles on passe, nous sommes dehors, à marcher dans les graviers.
Mon moral devient aussitôt morose, je suis fatiguée, j'ai horriblement envie de faire pipi, et j'ai tellement faim que je vais finir par manger ce pauvre Brett. Heureusement, le froid de la nuit ne me fait plus rien.
Nous arrivons dans un autre bâtiment, semblable aux dortoirs. Brett m'amène au rez-de-chaussée, et s'arrête – enfin –devant une porte en bois qui m'a déjà l'air d'être le paradis malgré le fait que j’ignore ce qu’elle contient. Si elle enferme juste des habits propres et de l’avoine, je l'aime déjà.
— Vous allez dormir ici pour le moment.
— Le moment ? Donc je dois m'installer et repartir dans combien de temps ?
Je n'aime pas cette idée. Je n'ai pas envie de faire de cette chambre mon cocon et que juste après, je sois obligée de bouger comme la personne qui ne trouve pas sa place. Je l'ai été toute mon existence. J'en ai fini avec ça.
— Normalement, cette aile du château est privatisée pour les professeurs qui viennent nous voir de manière provisoire ou des membres importants dans l’armée, qui viennent voir le campement.
— Donc personne n'y est en ce moment ?
— Si. Le premier étage est privatisé, ainsi que le dernier. Mais ils n'appartiennent qu'à une personne. Vous possédez votre salle de bain, votre cuisine, et même votre salon.
— Vous voulez dire que j'ai vraiment tout ça ?
Je regarde la porte une seconde fois en écarquillant les yeux, ça fait beaucoup, et ça fait trop privilégié, je n'ai pas envie de l'être.
Va falloir faire un choix de ce que tu veux, ma petite.
— Si ça vous va, je fermerai l'espace cuisine et salon, et au moins, vous aurez votre salle de bain. Bon, il se gratte le dos en regardant un point invisible derrière moi, je vais vous chercher une tenue et le dîner. Si on toque dans dix minutes, c'est moi.
— Compris !
Je saisis immédiatement la poignée et la tourne avant de découvrir ma chambre. Je la claque presque au nez de Brett, et même si j'aimerais beaucoup visiter, je trouve directement la porte attenante et pars faire pipi.
Une fois l'affaire faite, je me lève et prends le temps de découvrir mon nouveau chez moi. Il y a une douche à l'italienne, un wc et une vasque, tout est en marbre beige. Je prends le temps de tourner la tuyauterie et de vérifier que l'eau fonctionne. Elle fonctionne, elle est chaude et claire comme de l'eau de roche. Je n'ai jamais vu une salle de bain pareille. À l'orphelinat, nous partagions une douche commune que nous entretenions, mais dont les effets du temps se faisaient ressentir. Et jamais, au grand jamais, il n'y avait de l'eau chaude. La plupart du temps, je me baignais dans la rivière. J'étais seule et me sentais mieux.
Quand je pénétre dans la chambre, mes pieds caressent la moquette rouge rubis, et je fais directement le rapprochement avec les rideaux assortis autour de la grande fenêtre. Les volets sont fermés et il y a un grand lit à baldaquin en bois foncé à côté. Je n'ai jamais vu un lit aussi immense. J'avais une couchette une place à l'orphelinat, et le mal de dos était devenu une normalité, je peinais toujours à sortir mes ailes le lendemain. Je commence à ouvrir les tiroirs du bureau, à fouiller ma penderie, tout est vide, mais propre. Il n'y a aucune poussière dans cette chambre.
Brett toque dix minutes après comme convenu, il me tend un habit noir plié et un plateau-repas.
— Demain, vous avez carte blanche, ne parlez pas trop vite de votre élément aux autres. Vous pourrez vous rendre au théâtre, choisir votre tenue pour le bal. Et rendez-vous à midi à la cafétéria pour le repas. Le petit déjeuner est servi à 8 heures 30, mais je vous ai mis du pain et du beurre pour demain matin au cas où vous ne le sentiez pas.
Il s'apprête à partir
— Merci ! le rattrapé-je en dansant d'un pied sur l'autre.
Il hoche la tête froidement avant de tourner les talons et de disparaître à l'extérieur. J'aventure mon regard sur l'escalier au fond du couloir, me demandant qui vit au-dessus, qui a cet avantage, puis referme et verrouille la porte. Je pose mon plateau sur le bureau et me mets debout sur le lit avant de me laisser tomber en arrière. Par les Seigneurs des quatre royaumes, je veux dormir là-dedans toute ma vie et ne jamais en sortir.
Après de nombreuses minutes à rêvasser sur ce matelas moelleux, mon ventre se met à gargouiller et je suis obligée d'aller chercher mon plateau et de m'installer en éventail sur le lit. Je découvre le menu de ce soir, pomme de terre et ... On dirait un ragoût de bœuf aux champignons, je ne perds pas de temps à goûter et je suis submergée par toutes ses saveurs. Comment ça peut être aussi bon ? J'estime que je cuisinais bien, mais le goût des aliments n'est tellement pas le même, là, c'est comme si tout était décuplé et incroyable.
C'est le meilleur repas de ma vie. Et ce sera sûrement la meilleure nuit de ma vie.
4 commentaires
Marion_B
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Il y a un an
mila5739
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Il y a un an
Dystopia_Girl
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Il y a un an
maohjade
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Il y a un an