Furtive FATA Chapitre 2 Partie 5

Chapitre 2 Partie 5

Elle retrouva sa mère dans le petit laboratoire attenant au cabanon. Il était dissimulé aux yeux de la patientèle par un assortiment de voilages aux tons pastels.


Sur d’innombrables étagères de formes et de tailles variées, des centaines de bocaux aux contenus tous plus intrigants les uns que les autres renfermaient d’inestimables ingrédients amassés aux quatre coins de Néo.


On pouvait y trouver d’étranges racines fluorescentes dont l’odeur nauséabonde aurait pu réveiller un mort, ou bien d’épais liquides fumants qui crépitaient.

Divers bouquets de fleurs séchées, de lavande, de sauge ou de camomille, étaient suspendus au plafond. Un rouge-gorge était perché sur ce qui était initialement un porte-manteau, dont les branches regorgeaient d’amulettes et de médaillons. Leurs pendentifs creux étaient pensés pour recueillir les charmes élaborés par Rose.

Plusieurs pots de terre cuite multicolores étaient rassemblés contre les murs. De surprenantes plantes s’y épanouissaient, leurs branches s’étendaient sur les murs du laboratoire, s’enroulaient autour des mortiers de pierre polie et des placards dans lesquels se trouvaient quantité de fioles vides.

Un large vasistas au plafond était entrouvert avec, au centre, un vitrail aux couleurs vibrantes qui représentait trois fées prenant leur envol. Il diffusait dans la pièce une lumière orangée qui donnait le ton à cette atmosphère chaleureuse que Nélia aimait tant.


Sa mère était penchée sur son énorme chaudron en cuivre au centre de la pièce. Elle versait le contenu d’un petit sachet d’herbes séchées dans l’infusion qu’elle préparait.


- Je pense que la petite Élise s’est foulée la cheville, tu pourras regarder ?

- Je n’ai même pas eu le temps d’y jeter un œil. La jambe de Monsieur Simon se remet mal, tu l’as vu en partant… Il a refusé de s’arrêter de travailler quelques jours, et ça a empiré les choses.

- Il n’avait probablement pas le choix…

- Non, il ne pouvait pas se le permettre. Il avait peur qu’on ne le reprenne pas sur le chantier. Ma fleur, tu peux faire patienter la petite quelques instants, je dois absolument terminer ça.


Nélia acquiesça et retourna auprès de sa jeune patiente, armée d’une énorme sucette et d’une poche de glace. La sucette, parfumée à la violette, arracha un sourire à la petite Élise qui laissa la fée installer la poche de glace sur sa jambe sans rechigner.


Rose les rejoignit quelques instants plus tard. Fascinée comme à chaque fois qu’elle la voyait faire, Nélia observa sa mère poser ses mains sur la blessure de la fillette. Rose ferma les yeux, intensément concentrée. De là où elle se trouvait, elle vit le dos de sa mère onduler à l’endroit où se trouvaient ses ailes, comme chaque fois qu’elle utilisait son don. Elle rassura immédiatement mère et fille : ce n’était effectivement pas une fracture.


Le don de guérison que possédait la mère de Nélia, lui permettait de diagnostiquer plus facilement les maux de ses patients, de calmer la douleur et même d’ aider à la cicatrisation d’une plaie. Utiliser ses facultés lui demandait toutefois beaucoup d'énergie, et il était essentiel qu'elle prenne garde à ménager ses forces. La plupart du temps, heureusement, sa grande expérience lui évitait de recourir à la magie.


Depuis le décès de son époux, il lui était arrivé à plusieurs reprises de s’épuiser à la tâche, au point de perdre connaissance. Sa fille, profondément inquiète, lui avait adressé de telles remontrances qu’elle aimait plaisanter en disant qu’elle ne pouvait plus utiliser son don sans lui demander son aval.


- Tu as eu de la chance ! Nélia va te fabriquer un cataplasme à mettre sur ta cheville, ce sera plus pratique pour marcher la journée, mais tu vas devoir faire attention à ne pas trop remuer pendant quelque temps. Quelques semaines, pas plus, expliqua Rose en s’adressant cette fois-ci à la mère de la petite qui affichait une moue affligée.


Tandis qu’elle l'emmenait à l’écart pour convenir d’une nouvelle visite lui permettant de surveiller l’évolution de la blessure, Nélia s’assit en face de l'enfant, à même le sol. Elle s’était munie d’un petit pot en verre contenant une mixture à base de calendula, concoctée par sa mère, pour désinfecter les petites écorchures qu'elle avait sur les genoux.


- C’est bien, Élise, tu as été très courageuse. Je vais mettre cette pommade sur tes bobos, ça va peut-être piquer un tout petit peu, mais vraiment pas beaucoup. Elle est bonne, ta sucette ?

- Oui, très, dit Élise en concédant à sortir le bonbon de sa bouche pour lui répondre.

- Ce sont les meilleures, celles à la violette.

- Elles sont à quoi, les autres ?

- J’en ai à la fraise, à la framboise, à la rose… Je te laisserai en choisir une autre si tu me promets d’être sage et d’écouter ta maman.

- Je t’ai déjà dit, je serai très sage, répliqua la petite fille, un brin agacée.

- Ah bon ? demanda Nélia, amusée, en finissant d’étaler la crème.

- Tout à l’heure, quand tu m’as sauvée.


Nélia, qui s'apprêtait à se lever et pensait déjà aux ingrédients dont elle aurait besoin pour fabriquer le cataplasme, s'immobilisa, étonnée.


- Comment ça ?

- Tu m’as déjà dit d’être très sage et de faire ce que maman me dirait tout à l’heure quand tu es venue me sauver en volant.


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2 commentaires

CASSATA J-MICHEL

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Il y a 5 mois

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