Fyctia
Chapitre 1 Partie 4
Nélia appuya à son tour sur le bouton à côté de son micro, sous son masque, pour indiquer qu’elle était également en position. De sa place, elle avait en visuel les deux portes d'ascenseurs qui occupaient les deux extrémités du couloir. Elle espérait que les cadres lumineux qui surplombaient les deux appareils, indiquant l’étage de l'ascenseur, fonctionnaient. À la distance où elle se trouvait de chacun d’eux, il lui serait difficile de le savoir en se fiant au bruit. La nuit était calme, mais étant à présent à l'intérieur de l'établissement, elle distinguait plus nettement la musique électronique qui résonnait en bas. La fête semblait battre son plein ; elle entendait les exclamations joyeuses des fêtards, sans en distinguer le sens. Ils avaient certainement le même âge, mais eux semblaient occuper leurs soirées d’une toute autre façon.
Au bout de cinq minutes d'attente fébrile, son oreillette grésilla à nouveau :
- Première chambre faite, j'ai pas trouvé grand-chose, j'espère que la seconde sera mieux.
- Bien reçu, fit Tempête, je pense que je vais la leur mettre, leur seconde dose, ils commencent déjà à s'agiter.
Nélia vit Nathan sortir de la première chambre et gagner discrètement la seconde. Les minutes s'écoulèrent. De là où elle était, elle ne pouvait apercevoir Luciole, qui était positionnée dans un angle, mais elle l'imaginait bien se rongeant les ongles, à l'affût, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement, exactement comme elle. Afin de garder son calme, elle s’obligea à réfléchir aux vertus des ronces, plantes étudiées le matin même avec sa mère, concernant les problèmes digestifs.
- Deuxième chambre faite, la pêche a été bonne, j'attaque la troisième.
Nathan referma soigneusement la porte derrière lui. Son sac à dos semblait s'être alourdi considérablement, ce qui était bon signe. Il entra précautionneusement dans la chambre qui était à sa droite, et l'attente reprit. Elle commençait à se dire qu'il eût mieux valu qu’elle participe à la fouille afin d’aller plus vite quand un mouvement attira son attention.
Au-dessus de l’ascenseur qui était au nord du couloir, le chiffre 1 avait été remplacé par un 2.
- Oh put***! Quelqu'un utilise l'ascenseur nord, celui à côté de toi Luciole, dit-elle.
Elle sentit une sueur froide dégouliner le long de son dos. Restait à savoir si la personne qui l'utilisait comptait monter jusqu'au dernier étage. Voyant que les chiffres continuaient de défiler, elle ajouta précipitamment :
- Je pense qu'il monte jusqu'à nous, qu'est-ce qu'on fait ?
- Pas de panique, restez calmes, fit la voix d'Olive. "Je viens de recevoir un message de mon contact, c'est un couple. Nélia sentit son cœur faire un bond : deux personnes. "Ils vont aller dans la même chambre et ils sont complètement ivres. Ils iront soit dans la chambre 1, la chambre type, soit dans la 5, celle de la fille. Nathan, tu es dans la 3, tu ne bouges pas. Luciole, tu vas dans l'escalier de service et tu ne bouges plus non plus. Nélia, es-tu suffisamment cachée là où tu te trouves ?"
Nélia s'enfonça dans l'embrasure de la porte. Elle n’était clairement pas suffisamment cachée pour qu’on ne la remarque pas. Si ses souvenirs étaient exacts, elle se trouvait devant la porte de la chambre 4, et la chambre 5 était en face d'elle, un peu sur sa gauche, à côté de l'ascenseur sud.
- Pas s'ils vont dans la chambre 5, ils passeraient devant moi et me verraient, murmura-t-elle, mais ils ont pris l'ascenseur nord, ils vont sûrement dans la première chambre, dit-elle en priant pour avoir raison.
- Crois-moi, le mec qui est dans la première chambre ne ramènera pas une fille là-dedans pour conclure, c'est un vrai dépotoir. Viens avec moi dans la chambre 3, vite !" entendit Nélia. Mais déjà, les portes de l'ascenseur s'ouvraient.
Ils étaient là, à quelques mètres d’elle.
- On va chez toi ? Je suis... curieux de voir ta chambre, fit la voix d’un homme qui semblait effectivement passablement éméché.
Nélia était incapable de réfléchir, son sang tambourinait dans ses oreilles. Des gloussements féminins lui parvinrent. Il n’y avait pas dix solutions. Tenter d’atteindre la porte de la troisième chambre sans se faire remarquer n’était plus envisageable. Elle allait devoir se battre. Avec Nathan, et contre deux personnes ivres, ils auraient peut-être le dessus, à condition que la sécurité ne rapplique pas trop vite. Bon dieu, s’il arrivait quoi que ce soit à Luciole, elle ne se le pardonnerait pas. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir immédiatement rejoint Nathan dès qu’elle avait compris que quelqu’un montait.
Dans une tentative désespérée pour trouver un échappatoire, elle tenta d’enclencher la poignée de la porte numéro quatre dont la clenche s’enfonçait douloureusement dans son dos. Miracle, elle sentit le mécanisme s’enclencher et un souffle d’air frais vint lui chatouiller la nuque. La porte n’était pas fermée à clé. Le souffle court, se mouvant précautionneusement, elle entreprit de reculer prudemment, ouvrant juste suffisamment la porte pour se glisser à l’intérieur.
- Nélia, tout va bien ?”
- Nélia ? Qu’est-ce que tu fous ?” appelaient Nathan et Luciole.
- Je descends, asséna Tempête. Nélia porta la main à son micro, après avoir rapidement refermé la porte avec toute la délicatesse dont elle était capable.
- Ne bougez pas, ils sont dans le couloir. La chambre 4 était ouverte, je suis à l’intérieur”, répondit-elle dans un filet de voix en s’effondrant sur la moquette.
- Quoi ?!”
- T’es sérieuse ?”
- Yes ! La vache ! Le coup de bol !”
- Vous n’êtes plus seuls, les enfants, plus un bruit.”
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Le Mas de Gaïa
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Il y a 6 mois