Fyctia
Chapitre 11 (2/2)
À moitié allongée sur la table, je n'arrive pourtant pas à me plaindre de la situation. J'ai beau leur demander des comptes, le fait est que dans la seconde, j'aurais pu réfuter toute cette histoire de couple. J'ai moi-même choisi de ne pas le faire et visiblement dans le même but que les garçons.
- D'accord, et maintenant on fait quoi ? À peu près, tout le bahut doit penser qu'on est ensemble, dis-je en faisant un signe de main entre Kaenan et moi.
- Laissez les le penser ! C'est vrai quoi, ça vous est utile à tous les deux. Kaenan ne sera plus embêté par ses groupies, et toi ça fait chier les deux zigotos. C'est que du bénef.
Je jette un regard vers le quarterback afin qu'il explique précisément à son ami en quoi ça pourrait devenir gênant puisqu'il ne semble vraiment pas voir de problème. Il ne le fait pas, hausse les épaules l'air de dire "Je te laisse gérer"
- Il a raison, finit-il tout de même par signer. Moi ça ne me dérange pas.
Je l'ai suffisamment observé pour comprendre qu'il disait vrai. Alors je n'ai rien rétorqué, et je me suis tu le reste du cours. J'allais certainement recevoir un appel de Maya complètement excitée dans la journée qui demanderait absolument des explications. C'est d'ailleurs flippant se voir à quel point elle est au courant de tout ce qui se passe ici alors qu'elle n'est plus étudiante.
Pourtant, quand mon téléphone sonne, ce n'est pas ma sœur qui appelle, c'est mon avocate. Ses mots sont doux, lents comme pour me laisser le temps de les assimiler correctement. Mais un frisson glacé remonte le long de mon dos et de mes bras, mon cœur cesse de battre un instant avant de partir à vive allure.
- La procédure suit son cours, si vous avez le moindre souci, contactez moi.
- D'accord, merci, maître, répondis-je mécaniquement.
Les deux garçons qui m'avaient alors laissé un peu d'espace s'approchent. Mon teint probablement devenu cireux ainsi que mon manque totale de réaction face aux vannes de Tiger doivent les interpeller puisqu'ils me regardent étrangement.
- Il y a un problème Raven ? Me demande
- Absolument aucun.
Je me force à sourire sans grand enthousiasme. Je n'ai jamais été une excellente menteuse, et s'il s'en rend compte, il a au moins l'esprit de ne pas insister.
- Je suis désolée, il faut que j'y aille maintenant. On se voit demain ?
Ma proposition sort de nulle part, mais paraît rendre ravi Tiger qui lève les deux pouces en l'air en coincent entre ses dents sur barre protéinée.
- Pas de problème. Hésite pas à venir nous voir à l'entraînement, je vaux le détour, s'exclame-t-il en m'envoyant un clin d'œil enjôleur.
J'adoucis un peu mes traits crispés. Mine de rien, ce type est plutôt sympa. Je hoche la tête avant de tourner les talons. Ma journée est loin d'être finie. Mais après le coup de téléphone que je viens de recevoir, je crois que je suis totalement incapable de m'installer à une chaise à faire semblant d'écouter un prof.
Je dois voir ma sœur, absolument.
****
- Elle t'a appelée ? Demandais-je immédiatement en posant le premier pied dans l'appartement.
J'entends ma sœur se précipiter sur moi. Ses pas sont lourds dans les escaliers, et quand je l'aperçois, son visage est aussi blanc que le mien, striée de ligne humides.
- Juste avant toi, m'avoue-t-elle en se mordant nerveusement la lèvre inferieur.
- C'est pas possible, soufflais-je en sentant l'air me manquer. C'est un mauvais rêve, n'est-ce pas ? Il-
- Non Raven, j'aimerais bien.
- Comment ? Il devait prendre quinze ans ! M'exclamais-je en fronçant profondément les sourcils.
- Il a bénéficié d'une réduction de peine, souffle-t-elle avec amertume. Pour bon comportement.
Je suis estomaqué et choquée. Il n'a prit que sept ans sur quinze. Sept ans. Ce n'est certainement pas à hauteur de ce qu'il a fait. C'est tellement injuste et tellement énervant.
- Je sais Raven, je sais.
Sauf qu'elle ne comprend pas réellement ce que ça veut dire. Elle ne l'a pas vu au procès, elle n'a pas témoigné. Il me l'a promis. Il m'a promis qu'il me retrouverait...
- Est-ce que tu penses qu'on doit en parler à Frank ?
- Non, s'exclame-t-elle aussitôt. Ça ne le concerne pas.
Elle soupire longuement, comme pour se calmer avant de recouvrir les yeux. Je la comprends, nous ne sommes pas en très bon terme avec notre père, et lui parler de ça ne servirait sans doute à rien.
- Viens, je pense qu'on a toutes les deux besoin d'un petit remontant. Un chocolat chantilly avec des guimauves pour commencer. Et pourquoi pas quelques saisons de The vampire Diaries.
C'est un bon début, mais il en faudra certainement plus pour me faire oublier les deux semaines les plus désastreuses de ma vie. Ou presque.
Lorsque mon réveil sonne, je l'éteins comme d'habitude au bout de la troisième sonnerie et tout de suite, je regrette d'avoir veillé aussi tard avec ma sœur. Je ne suis pas franchement du matin, mais je suis bien obligée de me lever pour me rendre en cours. Surtout lorsque mon quatrième réveil sonne et que Maya me jette un oreiller à la figure.
- Bon sang Raven. Je te promets que s'il sonne de nouveaux, je te balance par la fenêtre.
Je me lève sous la menace, la préviens que je vais chercher dans son dressing quelques vêtements que j'ai laissés ici un jour dans ma vie, et file à la douche histoire de ne pas m'écrouler sur la fatigue. De l'eau froide dès le matin, rien de mieux pour te réveiller efficacement.
Je ne prends même pas la peine de cacher mes cernes en partant. Je suis déjà quasiment en retard.
À bout de souffle, j'entre dans l'amphithéâtre alors que les portes sont sur le point de se refermer. Le professeur me lance un regard irrité que j'ignore à la perfection loin d'être suffisamment présente mentalement pour m'en soucier. Mes yeux fouillent précipitamment les rangées d'étudiants à la recherche d'une place vacante. C'est pour ça que j'aime arriver avec un peu d'avance. Tout est toujours bondé.
Finalement, j'en aperçois une, quelques rangées plus haut. Plusieurs rires fusent quand je manque de m'étaler sur le sol en manquant une marche. Bordel, ça commence bien. Je crois entendre le professeur faire une remarque dans mon dos. Et voilà qui promet d'être une journée fort agréable. Je ne fais même plus attention au regard quand je me vautre sur la chaise, d'une humeur massacrante.
4 commentaires
Elisa Antoine
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Il y a 9 mois
chiara.frmt
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Il y a 9 mois
Lulucide
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Il y a 9 mois
Emeline Guezel
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Il y a 9 mois