Ev_amaya.98 Everyone, but you 4.2

4.2

Le sport. Un bon moyen d'évasion, un véritable exutoire à toute ma frustration, mon stress de la veille et un véritable booster pour la journée à venir.


Tous les matins, alors que le soleil joue encore à cache-cache derrière la rangée de cerisiers qui bordent les limites de la ville, je longe l'allée piétonne et fonce droit au parc, fréquenté malgré l'heure matinale. Les écouteurs rivés sur les oreilles, ma playlist se déchaîne autant que mes muscles encore lourds de sommeil.


Le barbecue chez Jake a été un véritable fiasco. La bouffe laissait à désirer, j'avais beaucoup trop bu, une bagarre entre deux crétins avait éclaté. Et Lorinda ...


Lorinda a fait ressortir son côté détestable, hier soir. Elle s'est comportée comme une peste allumeuse, qualificatifs qui lui collent bien à la peau si l'on se réfère à sa réputation. Mais j'ai encore du mal à me dire qu'elle l'est réellement. Un simple entêtement de ma part, ou une intuition avérée ? Je ne sais pas encore comment qualifier ma récente volonté à creuser la carapace de l'étudiante.


Elle a constamment l'air de porter un masque rigide derrière lequel elle dissimule un cœur fragile. Si fragile que la moindre bousculade pourrait le fracasser en mille morceaux.


Maladroit comme je le suis, je ferai peut-être mieux de rester loin d'elle, ne pas trop l'approcher sous peine de l'émécher ou pire encore ... de la briser complètement. Parce que c'est l'impression qu'elle me donne. Que je pourrais la briser rien qu'en me rapprochant d'elle. Se braquer et m'allumer, c'est le moyen de se préserver de ma proximité.


C'est l'explication que ma nuit pauvre en sommeil m'a permis de fournir. Mais je suis un informaticien et pas psy.


Et rien que pour ça, je ne peux m'empêcher de retourner les événements dans tous les sens, torturant mon esprit déjà bien trop embrumé.


— Hey ! Diego ! Diego ?!


Ma main retire un de mes écouteurs pour laisser la voix de mon partenaire de footing matinal prendre le relais des couplets de rap. En tout bon étudiant de la filière sportive, Jayden commence toujours ses séances matinales une bonne vingtaine de minutes avant moi, son endurance surpassant la mienne de loin.


— Pardon bro' articulé-je entre deux respirations saccadées. Je t'avais pas vu.


— On se retrouve là tous les matins, pourtant ! me reproche-t-il entre deux étirements énergétiques. T'es pas super bien réveillé dis-donc !


Moqueur, Jayden me rappelle vicieusement mes déboires du week-end. Enfin, le terme « déboires » est sûrement un peu exagéré, étant donné que je me suis contenté de vider quelques boissons alcoolisées et de tirer quelques lattes.


— Arrête, t'as vu ta tête, me moqué-je en retour. Tu te serais baladé avec les vestiges de tes bouteilles enfilées la veille, ou encore te promener avec l'écriteau « gueule de bois » sur le front, ça n'aurait pas été plus explicite ! T'es carrément défoncé !


Et je n'exagére pas mes propos cette fois. Jayden a beau paraître sur le pied de guerre, sa capuche abaissée sur ses yeux pochés et son teint diaphane ne mentent que très peu.


— M'en parle pas, souffle-t-il. J'aurais dû écouter Lia et arrêter bien avant. Quand on dit que les petites-amies sont reloues, on oublie de préciser que la plupart du temps elles voient nos conneries arriver avant nous. Les femmes ont un espèce de sixième sens qui ...


Je m'en veux de ne plus écouter Jayden, lancé dans une analyse intéressante de la gent féminine. Mais je ne peux plus lui accorder mon attention. Elle vient de m'être dérobée par la blonde, dont la silhouette se dessine telle une nymphe près du lac.


Si belle dans sa paire de leggings moulant, elle éclipse toutes ses autres femmes à la plastique pourtant fort appréciable. Le tableau est d'une perfection inouïe : Lorinda, dos à moi et face à ce lac si peu prisé des habitants à cause de ses couleurs glauques. Les timides rayons du soleil qui en est encore au début de son périple quotidien ne font qu'ajouter à la splendeur des mouvements amples décrits par les bras de l'étudiante. Écouteurs rivés aux oreilles, elle est loin de se douter que mes pupilles se télescopent à chacune des gouttes de sueurs qui ruissellent contre sa fine taille dévoilée par sa brassière.


Ce n'est pas la première fois que je la vois ici. Au contraire, j'ai l'impression qu'elle est tout le temps là. Avant que je n'arrive et quand je quitte le parc, Lorinda est toujours en train de faire du sport. Pourtant, elle n'a pas besoin d'en faire autant. Elle est assez fine comme ça. D'ailleurs, maintenant que j'ai le loisir de la détailler à ma guise, elle a l'air d'avoir encore perdu du poids. La dernière fois, elle avait plus de fesses et -


— Hé Diego, si t'as plus envie de bouger, retourne dans ton lit. T'as l'air d'un vieux pervers qui mate les jeunes femmes, la bouche entrouverte !


— Le vieux pervers t'emmerde ! lâché-je machinalement, en représailles à la raillerie du sportif qui a fini par remobiliser mon attention.


— Tu veux qu'on se frite, c'est ça ? me menace-t-il en levant ses poings et en sautillant comme pour le début d'un combat peu sérieux.


— Mec, tu ne voudrais pas avoir une dent cassée avant ta prochaine compétition. Alors fais-moi plaisir et va confronter des sacs de sables. Eux au moins ne pourront pas faire de mal à ta petite bouille enfantine.


Jayden a horreur qu'on le traite comme un enfant. C'est donc tout naturellement que je me permets quelques réflexions de ce genre, rien que pour apercevoir sa moue boudeuse se dessiner. Pour le coup, il a réellement l'air d'un gamin.


— Au moins, je n'ai pas la rigidité d'un vieux de quarante balais accro à ses programmations débiles.


Une répartie de cour de récré. Voilà tout ce dont est capable mon ami un lendemain de cuite.


J'ai à peine le temps de réprimander mon coloc' pour cette comparaison insultante, que déjà, le voilà reparti à grandes enjambées pour finir le tour qu'on a l'habitude de faire.


— Attends ... J'ai vraiment l'air d'avoir quarante balais ? Ce sont les cernes, tu crois ?

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1 commentaire

Carl K. Lawson

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Il y a un an

Petit coup de pouce pour toi débloquer ton prochain chapitre, si tu as le temps, n'hésite pas à venir passer sur mon histoire ;)
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