lolclaci Ethérys - Le chant du destin Chapitre 2

Chapitre 2

Son allure est un peu plus rapide que la mienne, mais là, il accélère carrément ! Le bois craque sous nos pas. Nous passons devant la première porte – celle de la chambre que j’occupe – puis devant celle de Jin, leur petite sœur, et Tener, le troisième frère et arrivons enfin devant la porte d’Itanian, jumelle à celle de Lycan. Il ouvre la porte ne m’invitant pas à entrer, sans surprise. Bien que ma chambre soit grande, la sienne l’est deux voire trois fois plus.

J’y suis déjà allée quelques fois en étant plus jeune, quand j’avais douze ou treize ans, et Itanian treize ou quatorze étant donné qu’il a seulement un an de plus.

Malgré tout, sa chambre est assez différente de celle dans mes souvenirs. Les murs sont gris ternes, néanmoins la pièce n’en est pas moins lumineuse pour autant.

– Arrête de tout reluquer comme ça, tu t’y es déjà introduite plusieurs fois pourtant.

– J’observe juste l’endroit dans lequel tu vas encore exprimer ta contrariété.

J’affiche un air blasé, je redoute les moments qui vont suivre, mais je suis surtout ennuyée par la situation.

Il détourne la tête, comme si quelque part ma réponse l’avait blessé. J’espère que c’est le cas.

– Bon, en quoi puis-je t’aider pour tes cours ?

– Le cours de chimie des individus.

Non, il blague, pas ce cours-là, c’est pas possible. Je ne pensais pas qu’Itanian aurait des difficultés dans ce cours, et encore moins qu’il me l’aurait avoué. Le cours de chimie des individus est un cours sur les relations humaines, qui n’existe pas dans les établissements classiques. Il s’agit, en gros, de comprendre les relations sentimentales, le phénomène de l’amour, les conséquences sur les phéromones, ce que cela procure au cerveau, le phénomène d’alchimie.

– On a du mal en amour ?

Je pouffe de rire en essayant de garder la bouche fermée, c’est tellement contraire à son caractère de garçon brute et supérieur, lui qui considère l’amour comme une faiblesse.

– Fous-toi encore une seule fois de moi et tu auras à faire à bien plus ! Tu as intérêt à la fermer et à m’aider.

Encore des menaces. J’ai remarqué qu’une personne nous menaçait, car en réalité, c’est souvent elle qui se sent menacée.

– Sur quoi porte la plaquette à rendre ?

– Sur les symptômes de l’amour chez un individu.

– Tu ne l’as pas vu en cours ça ?

– Non, je n’y suis pas allé ces derniers temps.

– Tu vois, si t’y serais allé, tu n’aurais pas eu besoin de me supporter en cet instant.

– Bon, tu m’aides ou pas ?

– Oui, deux secondes. Hum, quand quelqu’un tombe amoureux, on dit qu’en présence de cette personne, son rythme cardiaque s’accélère et ses pupilles se dilatent. Les pensées seront presque toujours orientées vers cette personne. On aurait aussi tendance à avoir une augmentation de la chaleur corporelle auprès de cette personne, c’est comme si notre centre de gravité était chez l’autre. On ne peut s’empêcher de la regarder, aussi brefs les regards soient-ils. Tu retrouveras en l’autre tes pires peurs, tes pires faiblesses parce que tomber amoureux t’aide à accepter qui tu es. « Si quelqu’un t’aime, pourquoi tu ne le pourrais pas », c’est ce qu’avait prononcé William Hyjo, un professeur d’université de Sumerys, à la conférence l’année dernière pour ce cours, tu sais lors de l’intervention. Prends l’exemple de Narcisse par exemple : on dit qu’il s’est noyé à vouloir contempler toujours de plus près son reflet dans la rivière. Si ce n’était pas son reflet qu’il observait, mais celui de son âme sœur. Une âme, séparée en deux, peut-être était-ce la retrouvaille entre ces deux parties ? Dans ce cas-là, être narcissique serait plutôt adulé l’autre, être son premier fan. On donnerait tout pour être la personne qui la sauve, la fait rire, la console et qu’elle soit la nôtre.

Il me regarde avec attention, la bouche à demi ouverte. Je vais partir. Il vaut mieux.

– Voilà, je t’ai aidé, je te laisse, travaille bien ! Je conclus en me précipitant vers la porte.

– Erys attend tu…

Trop tard, je suis partie. Je pousse un soupir de soulagement et m’adosse quelques secondes à la porte. Je n’ai pas très bien compris ce qui s’est passé, mais heureusement, c’est terminé.


Le jardin est agréable sous le soleil d’aujourd’hui, les reflets émis par la fontaine le font chatoyer. La petite Jin s’amuse avec je ne sais trop quoi non loin, un lapin sans doute. Tener ne doit pas être à la maison comme à son habitude ; il est tout le temps fourré avec ses amis.

Je marche jusqu'à l’arrêt de bus en sortant de la propriété. J’ai de la chance, il passe bientôt. Je ne rentrerai pas tard.

Arrivée en ville, je regarde autour de moi. Mon anniversaire est dans seulement quelques mois, il faut que je me trouve une tenue adéquate qui fait « fille de la haute société », ou plutôt femme étant donné que je fêterai mes dix-huit ans. Je pousse la porte d’une boutique à la devanture charmante qui semble confectionner des robes sur-mesure. Je sais, ça ne me ressemble pas. Mais il faut bien que je commence à m’intégrer enfin à la famille et à me comporter un minimum comme ils veulent que je sois. La vendeuse du Charme des éléments vient se présenter à moi.

– Bonjour mademoiselle ! Bienvenu au magasin, c’est la première fois que vous venez ?

Je suppose que c’est presque inscrit sur ma tête à la façon dont je scrute chaque robe présentée en hauteur et sur les mannequins.

– Bonjour, effectivement, je n’avais jamais remarqué ce magasin avant.

– Ce n’est pas très étonnant, nous avons ouvert il y a peu ! Je suis ravie de vous accueillir ici. Vous venez pour une robe, il me semble ?

– C’est exact, je fête dans quelques mois l’anniversaire de mes dix-huit ans et je voulais marquer le coup.

– Je vois très bien, c’est un grand changement dans la vie d’une jeune fille. Une robe douce et onctueuse ; non, une robe brûlante de passion, l’idéal serait les deux en même temps. Oh, j’ai trouvé ! Reviens me voir demain et ta robe sera prête ! Je peux te tutoyer ?

– Oui mais attendez, je n’ai pas le prix, donnez-moi vos tarifs s’il vous plaît.

Trop tard, elle est déjà partie dans l’arrière-boutique. Je n’ai plus qu’à sortir je suppose et me trouver des bottines ou des cuissardes qui iront avec ma robe dont je n’ai pas la moindre idée concernant son allure.


Le trajet du retour n’est pas bien pertinent, dans la main gauche, le sachet contenant mes nouvelles bottes en faux cuir noir et la main droite, la barre du bus à laquelle je dois me tenir sous peine de me ridiculiser à tomber devant plusieurs personnes. Le bus annonce le prochain arrêt, je me prépare pour bientôt descendre, j’enjambe la double marche et saute sur le trottoir. Mes pensées doivent me jouer des tours car j’ai l’impression d’entendre des feuilles craquer derrière moi, à moins que ce ne soit que le vent et dans ce cas-là, je suis une grande parano. C’est plus fort que moi, juste pour être sûr, je m’apprête à me retourner.

Je sens un gros coup derrière la tête puis, plus rien.


J’ai perdu connaissance.

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4 commentaires

SaorieBakugo

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Il y a 3 ans

Bravo, je suis à fond dedans, j'ai même laisser le livre que je lisais de coter pour lire ça

lolclaci

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Il y a 3 ans

Oh c'est génial ! Je suis super contente que ça te plaise !

kazoku

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Il y a 3 ans

Totalement fan !
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