Fyctia
Et... "Action" !
Se tournant vers moi, mon inconnu tend le bras vers mon visage et ceinture mon menton dans le creux de sa main. Je me raidis à son contact, mais c’est une contraction instinctive et involontaire de ma part, il m’a surprise, je ne m’attendais pas à ce qu’il me touche ainsi. D’ailleurs, mon corps se relâche rapidement, et il s’en rend très bien compte parce qu’un léger sourire apparaît sur ses lèvres.
Plongeant son regard dans le mien, il m’assure d’un ton ferme et soudainement empreint d’une certaine autorité :
- Rien ne m‘empêchera de revenir. Poussez le verrou derrière moi. Je frapperai une seule et unique fois à mon retour. N’ouvrez à personne d’autre que moi. Je me chargerai de faire partir les opportuns qui pourraient s’impatienter derrière la porte à mon retour.
- D’accord.
Il hoche une nouvelle fois la tête, et après une dernière caresse de son index sur ma joue, il retire sa main.
- À présent, décrivez-moi le gars qui vous fait si peur. Je regarderai en passant s’il est toujours là...
- Vous ne pourrez pas le manquer, il porte une casquette rouge assortie aux carreaux de sa chemise, et il n’a que des espadrilles au pied...
Une drôle de lueur passe alors dans son regard.
Et je vois ses mâchoires se crisper.
- Vous voyez de qui je parle ?
- Oui, il ne passe en effet pas inaperçu avec ce drôle d’accoutrement !
- Être discret n‘était apparemment pas sa priorité.
- Que ce soit ses fringues qui vous ont mis la puce à l'oreille démontre surtout qu'il est d'une incroyable arrogance ou d'une stupidité sans pareille ! Mais peu importe, c'est un bon point pour nous..
Et sur un dernier clin d’œil, il s’en va, après un “je reviens de suite”.
*****
Je profite de son départ pour utiliser ce lieu à bon escient, qui sait quand est-ce que je pourrais m‘arrêter une fois que je serai au volant de ma voiture. Et où surtout.
Je finis à peine de me laver les mains qu’il toque à la porte, en murmurant derrière le battant “C‘est moi”. J’ouvre et il me confirme que la voix est libre.
Il attrape ma main, que je lui laisse bien volontiers. Je me surprends moi-même à le laisser ainsi multiplier les contacts anodins sans que je ne réagisse plus que ça. C’est donc main dans la main que l’on remonte le couloir vers la sortie de secours. Il ouvre aisément le battant droit de la porte métallique et nous longeons d‘un pas rapide les murs extérieurs du bâtiment.
Parvenu sur le parking de l‘établissement, je lui indique ma voiture et nous nous y dirigeons hâtivement. Je viens tout juste d’activer l’ouverture centralisée à distance quand retentit la première détonation. Je ne comprends pas de suite ce qu’il se passe. Ce n'est que lorsque une des vitres arrière de ma voiture explose sous l’impact d’une balle que je comprends qu’on vient de nous tirer dessus.
Mon inconnu réagit plus prestement que moi. M’attirant devant lui, il m’ordonne de m’accroupir et me pousse aussitôt derrière mon véhicule qui reçoit dans le même temps une seconde balle, dans la portière conducteur cette fois-ci.
Tremblante et recroquevillée sur moi-même, je n’ose plus bouger.
Autour de nous, c’est la folie.
Les deux coups de feu ne sont pas passés inaperçus et un mouvement de foule se crée. Des gens courent se réfugier dans la boutique de souvenir et le café accolés l‘un à côté de l’autre.
Des cris retentissent, des hurlements de terreur et des pleurs aussi.
Parcourue d’un frisson, je sens soudain un corps recouvrir le mien. Un torse ferme et musclé se colle à mon dos et des mains m'enserre au niveau de la taille. Mon inconnu fait écran de son corps pour me mettre à l'abri d’éventuels autres tirs et me protéger.
- Vous n'avez rien ? me demande t-il, ses lèvres à quelques centimètres de mon oreille.
- Oui, ça va... je crois.
- Il faut que l’on bouge de là, on est à découvert ici: cela fait de nous des cibles bien trop faciles. Les coups de feu ne venait pas de la même direction: cela signifie qu'il y a au moins deux tireurs... À trois, j’ouvre la portière derrière vous, et vous vous glisserez dans la voiture; entre le siège et le tableau de bord, en gardant la tête baissée, surtout. Je vous interdis de vous redresser et de tenter de regarder ce qu'il se passe autour de vous, vous m’avez bien compris ?
- Oui.
Comme si j'allais offrir ma tête en pâture à mes attaquants pour qu'ils puissent s'entraîner à viser correctement ! Dans mon malheur, je suppose que je peux considérer que j'ai de la chance, ce ne sont manifestement pas les rois de la gâchette qui en ont après moi...
Mais comment fait-il, mon surprenant inconnu, pour garder son sang-froid dans une telle situation ? Il ne panique pas et réagit au quart de tour. Je suis bien incapable de rester aussi lucide pour ma part...
- Gardez vos clés, et si vous pouvez, mettez le contact et démarrer la voiture une fois installée comme je vous l’ai dit. Je fais le tour du véhicule et je vous rejoins côté conducteur...
- Mais ils vont vous tirer dessus...
- Ils ne m’atteindront pas, ne vous inquiétez pas. S'ils savaient viser, on serait déjà morts... Ces abrutis-là ont plus de chance de nous toucher par inadvertance qu'en nous visant... Vous êtes prêtes ? Allons-y : un, deux, trois …
Sans même me laisser protester sur la folie de son plan, il entrouvre la portière passagère et me propulse à l’intérieur de ma voiture avant de claquer la porte derrière moi. J’ai à peine le temps d’insérer, de mes mains tremblantes, la clé dans le démarreur qu’il est assis derrière le volant et tourne lui-même celle-ci.
- Restez baissée, me dit-il.
Il démarre sur les chapeaux de roue, sort du parking et prend l’unique route qui descend vers la vallée. Ses yeux voyagent rapidement entre le rétroviseur et le pare-brise, devant lui. La route n'est pas large et très escarpée. Les virages sont nombreux et traites. La nuit commence à tomber, et même si les premières neiges se font encore désirées, la chaussée n’en est pas moins dangereuse à pratiquer, surtout à cette vitesse.
- Merde, ils nous suivent … Relevez-vous et attachez votre ceinture mais veillez à ne surtout pas laisser cette jolie tête dépasser du siège.
À peine eut-il prononcé ses mots que la vitre arrière explose derrière nous.
Suivant ses instructions à la lettre, je m'installe plus confortablement et je suis donc aux premières loges pour le regarder attraper son téléphone et appuyer sur la touche de rappel du dernier numéro composé. Après qu'il eut activé le haut-parleur et avant que son interlocuteur ne décroche, il me jette un bref coup d’œil mais la lueur qui traverse son regard m'interpelle. Serait-ce du regret ?
- Je suis désolé, me dit-il brièvement, en détourant le regard.
Des excuses ? Pour quelle raison ?
Son correspondant finit par décrocher à la cinquième tonalité.
- Astier, j’écoute !
- C’est moi. J’ai le colis... Mais j’ai un problème, nous sommes pris en chasse !
Oh mon dieu !
28 commentaires
Hilena
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Il y a 4 ans
Scarlett Owens
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Il y a 4 ans
Sissy Batzy
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Scarlett Owens
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ArlyQuinn
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Gottesmann Pascal
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Idylyne.B
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Il y a 4 ans