Fyctia

"Si nous voulons réussir, nous devrons faire preuve de tact, de respect et d’une bonne dose de charme. C’est pourquoi vous devrez me laisser parler, moi ! Le Hobbit : un voyage inattendu, 2012 "

-J’aurais aimé parler à Silver.

Son timbre chaud m’a manqué, rien à voir avec le pauvre substitut que représente le message de son répondeur.

Je me décale, afin de l’apercevoir, une belle marque commence déjà à se former sur sa joue et sa mâchoire.

Malgré tout notre passé, je ne peux m’empêcher de constater que je suis toujours sous son charme.

Il faudrait être difficile pour ne pas trouver cet homme à tomber.

Des yeux couleurs noisette rieurs avec de longs cils. Qui en un seul regard peut, vous glacer ou au contraire qui peut rendre l’air aussi aride que le désert du Sahara.

Ses cheveux châtain foncé paraissent plus longs qu’auparavant, il affiche un style coiffé décoiffé. Toujours aussi grand et bien bâti, Jack porte un jean, et un t-shirt Von Dutch et des baskets. Ca m’étonne qu’il arbore un t-shirt de marque, et aussi tendance. Avant, il ne se préoccupait pas de ce genre de détail, mais en deux ans, il a pu changer. Et puis finalement, je ne le connais pas si bien. Il y a un temps où je l’ai espéré, ou j’ai cru être importante, mais je me suis plantée. Et le réveil a été brutal.

Les deux hommes attendent que je prenne la parole, Jackson que j’accède à sa demande et Andy savoir si je désire parler à mon ex.

Je ne parviens ni à trancher ni à former un son intelligible. Hilary arrive à la rescousse, pour une fois que sa présence est utile à celle-ci.

-Vous devriez venir, Larry vous cherche ! nous nous observons tous les trois, incertains de savoir qui est concerné.

Hilary reprend son souffle, en se tenant les côtes, entre deux bouffées d’air inspiré, elle reprend.

-Qu’est-ce que vous attendez ? Vous trois chez Monsieur Wilson !

Comme nous ne bougons pas elle s’agace

-Maintenant !

Je lève les yeux au ciel et pars en direction de la caravane de mon supérieur.

J’vais être virée… Merde ! Il y ‘a vingt minutes j’ai dit que je m’en foutais mais une fois la pression un peu redescendue, je suis plus lucide. J’aime mon poste et je refuse de perdre à nouveau quoi que ce soit à cause de Jackson Novak !

Andy et Jack m’emboîtent le pas. Nous déambulons entre les entrepôts et les gens travaillants sur différents films ou séries. Notre procession silencieuse témoigne de notre gêne et notre stress.

Le bureau de mon chef apparait, je me trouve en tête de la file, derrière moi s’élève la voix de Jack et malgré moi, mon cœur effectue un soubresaut dans ma poitrine.

-Sil, on peut parler avant ?

Je me retourne et quand mes yeux rencontrent les siens, toutes mes émotions se mélangent.

Un cocktail de joie, de tristesse, de peur, de rancune, d’amour et de haine déferle et aucune émotion ne prend le dessus.

Andy, se rendant compte de mon souffle court, tranche.

-On ne fait pas attendre Larry Wilson. Sauf si on ne tient pas à la vie ! puis il me pousse gentiment m’enjoignant à avancer.

J’entends vaguement mon ancien chef maugréer. Mais Andy a raison, à plus d’un titre, je ne peux pas parler à Jack maintenant et Larry Wilson est beaucoup de chose mais certainement pas patient.

Devant la porte de ce dernier, je prends une profonde inspiration puis toque anxieuse.

Sa voix me parvint étouffée.

-Entrez !

Nous nous plantons tous les trois devant le bureau, les deux hommes m’encadrent.

Le chef de plateau nous fixe alternant son regard, notre trio garde le silence, Larry se tient mains, tout en pivotant sur son siège, puis lorsqu’il nous fait face à nouveau, il ouvre enfin la bouche.

-Je peux savoir ce que c’est que ce BORDEL ? hurle-t-il à la fin de sa phrase.

Je tente de répondre, mais c’est comme essayer d’arrêter un trente-trois tonnes lancé à vive allure avec les mains. Inutile et douloureux. Et surtout je sais d’avance que tenter de prendre la parole tant qu’il n’a pas déversé toute sa colère représente l’impossible. Il s’adresse à nous successivement en nous fusillant du regard.