Fyctia
Chapitre 3
La grande porte en bois s'ouvre sur une cour bordant la maison de briques rouges. Les volets bleus reflètent le ciel traversé par quelques petits nuages cotonneux. Suzy suit Romain qui n'a pas pris le temps d'enfiler des chaussures et rebondit sur les pavés pour éviter que le froid ne transperce ses chaussettes.
- Je te sers un café ?, demande-t-il en précédant Suzy dans la cuisine. Je viens d’allumer la cafetière.
- Avec plaisir !
- On peut se tutoyer ?
- Bien sûr.
- C’est trop tard, tu vas me dire…
- Oui, c’est le cas, mais ça me va très bien.
Romain libère une chaise de son usager ronronnant pour la journaliste et apporte deux tasses fumantes.
- Sucre ?
- J’essaie d’arrêter. Ça marche plutôt bien.
- Carré de chocolat ?
- Bien sûr.
La jeune femme profite du dos tourné de son hôte pour observer la pièce. Elle scrute les coins et les recoins à la recherche d’indices personnels. Direction le frigidaire, véritable mine d’informations. Sous ses aimants, quelques photos montrent un jeune couple souriant et amoureux sur les plages et les sommets du monde entier, quelques faire-part étalent des poupons et des alliances, quelques post-it rappellent d'indispensables messages. Passer chercher le drive. Rappeler ta mère. Acheter des croquettes pour Plume.
- Alors, raconte-moi, comment va se passer mon heure de gloire ?
- Aujourd’hui, on commence par discuter. Tu me racontes dans les grandes lignes ton parcours, ton changement de vie – si j’ai bien compris – et les moments clés des mois à venir. On programmera nos rendez-vous au fil des semaines selon les créneaux qui te conviennent. On part pour un podcast qui s’étalera sur plusieurs mois.
- Tu en réalises souvent ?
- Tu m’as démasquée. C’est mon premier, je suis plus habituée aux stylos qu’aux micros.
- Ce n’est pas moi qui te reprocherai de changer de voie après trente ans…
- La voix, justement, même si l'orthographe n'est pas la même ce n’est pas mon point fort, je suis plutôt à l’aise avec l’écriture.
- Laisse-toi une chance. Sans cela, je serai encore étranglé par ma cravate emprisonné dans une cage parisienne.
- A ce point ?
- Presque. Je n'ai jamais mis une cravate de ma vie. C'est un principe.
4 commentaires
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans