-Nightsouls- Et je ne t'ai plus jamais quittée Chapitre 8. ( Partie 2 )

Chapitre 8. ( Partie 2 )

Solitude

Fatih



  • TW : Noyade


Les enfants, inconscients de ma détresse, riaient à en avoir mal aux joues. Si d'habitude j'aurais ri avec eux, ce jour ci, cela m’était impossible. J’avais l’impression qu’un étau se refermait petit à petit sur ma gorge et que l'oxygène commençait à me manquer.


Si je réagissais comme cela sans même avoir vu à quoi ressemblait la mer, comment réagirais-je une fois dedans ? Moi qui avais espéré pouvoir rester sur la plage, à surveiller les petits, je me retrouvais à devoir simuler une incapacité à nager. La directrice avait eu l’air affolée quand elle avait appris que je n’allais pas pouvoir aider les enfants. Elle avait donc ordonné à Sarah de m’apprendre comment faire avant qu’elle n’organise nos autres sorties plages.


Alors si je devais combattre ma peur, faire semblant de ne pas savoir nager et essayer de devenir maître-nageuse, je n’allais pas m’en sortir !


Nous nous approchions dangereusement de la plage et je sentis un vent salé couvrir mon visage. Mon cœur rata un battement. Je respirais très rapidement mais jamais complètement, de sorte à éviter de sentir l’odeur de ce que je considérais être ma pire ennemie. Certains diraient que je suis dramatique. Moi ? Je leur répondrais simplement que je ne n’avais pas d’autre solution pour survivre.


La voilà. Enfin.


Mon regard se voila.


Les enfants se mirent à courir le long de la plage et commençaient déjà à se déshabiller. Et moi je tentais encore de ne pas tomber.


Les jambes tremblantes, j’avançais le plus rapidement que je le pouvais. Les autres enfants et animateurs étaient déjà prêts. Alors qu’importe ma peur, j’enlevais mes chaussures et plongeais mes pieds gelés dans le sable brûlant par le soleil. Je courais sans même regarder où j'allais avec pour seul but d'échapper à ma peur.


Sans jamais plus me tourner vers la cause de mes tourments, je donnais à mes petits nageurs leurs T-shirts et leur rappelais les consignes de sécurité d’une voix tremblante. J’essayais du mieux que je le pouvais de cacher mes larmes, déjà sur le point de couler. J’ignorais les regards inquiets de Léon et Olivier et les encourageais un à un à partir s’amuser. Sans plus attendre, ils se jetèrent à la mer et je combattit mon envie délirante d’aller les chercher pour les ramener en sécurité. Ne pas les entendre crier ou pleurer aurait dû me rassurer quant à la sûreté de ce vaste océan mais rien n’y faisait. L'étau qui semblait me serrer la gorge ne diminuait pas. Il m’écrasait.


Enlevant à mon tour mes vêtements, je les déposais sur la serviette que j’avais, dans ma précipitation, mise dans tous les sens sur le sable.


Sarah s’avançait maintenant vers moi d’un pas décidé et si en temps normal, j’aurais pu être gênée de la découvrir aussi dévêtue, je n’avais pas la tête à cela. Elle m’entraîna sans plus attendre dans l’eau et les premières vagues qui déferlèrent sur mes jambes me firent sursauter. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas osé même m’approcher d’un quelconque point d’eau… Et ces grains de sable glacés qui se déplaçaient librement sur mes pieds…


“ Hazel, tu m’écoutes ?”


Trop occupée à observer ces vagues et cette eau bleue, je n’avais pas réalisé que Sarah avait commencé à parler.


“ Bien, premièrement, je veux que tu t'imprègnes de l’odeur de l’océan, cela va te paraître étrange mais avant d’apprendre quelque chose, il faut être à l'aise - et je dirais même “en phase”- avec son environnement !”


Je ris jaune.


Ah ça, si j’étais à l’aise, j’étais plutôt en train de mourir de stress, oui !


Malgré tout, je fis ce qu’elle venait de m’indiquer. Les premières bouffées de cet air salé furent de la pure torture. Je luttais difficilement pour faire entrer l'oxygène dans mes poumons, l’anxiété me comprimant le ventre et m’écrasant la gorge.


Mes respirations se firent tremblantes et je chancelais. Je me rattrapais de justesse et parvins à faire comme si de rien n’était.


Sarah ne me regardait plus, elle observait d’un œil attentif les enfants.


C’est seulement quand son attention revint vers moi que nous entendîmes un cri strident. Des pleurs incessants. Et un signal assourdissant.


Je réfrénais mon envie de me cacher les yeux et mon besoin presque incontrôlable de me boucher les oreilles. Mais une seconde alarme me fit revenir à la réalité.


Putain, Violette !


Tout se passa si vite. Sarah, affolée, plongea d’un seul coup et se mit à nager du plus vite qu’elle le pu dans sa direction. Nous étions les plus éloignés d’elle et pourtant Sarah n’avait pas hésité. Elle n’avait pas hésité et je ne devais, moi non plus, pas tergiverser. Une vie était en jeu.


Un poids s’abattit sur ma poitrine, me faisant presque m'effondrer.


Et si c’était déjà trop tard ?


Je suivis ses mouvements des yeux et forçais mes pieds à avancer. Mes jambes à courir. Mon corps à plonger.


Je tentais de coordonner mes membres afin d’avancer mais la panique m'empêchait de réfléchir correctement. Des larmes dévalèrent sur mes joues mais je continuais à nager. J’avançais de plus en plus profondément dans cet océan interminable quand je me rendis compte que j’étais loin de pouvoir en toucher le fond. L’eau salée emplit ma bouche et me brûla la gorge. Je toussais à ne plus pouvoir respirer. Je toussais à en cracher mes poumons vides d’air.


Il fallait que je la sauve, je n’avais pas le choix.


Il le fallait… Je n’avais pas… Le choix…


Je le… Devais...


Et je m’enfonçais profondément dans la noirceur et l’obscurité terrifiante de la mer.


Je m’étais trompée pendant toutes ces années. La grande méchante dans l’histoire ce n’était pas l’eau, c’était moi. J’étais ma propre ennemie et l’ennemie de tout le monde. Partout où j’allais, les gens finissaient blessés.


J’étais une malédiction.


Totalement immergée par l’océan, je me laissais porter. Je tentais une dernière fois de crier mais tout ce que je réussis à faire fut de remplir mes poumons, non plus d’air, mais d’eau.


Mes yeux se fermèrent et je réalisais alors que je ne respirais plus.


J’étais arrivée trop tard, Violette était morte. Et moi ? J’allais mourir.


N’étais-je même pas déjà morte ?


J’étais étrangement en paix avec cette idée.


Je n’avais plus peur. Après tout, je le méritais, c’était un mal pour un bien.


Je n’avais plus rien à perdre, seulement ma culpabilité. Et j’avais tout à y gagner. La liberté.

Alors oui, c’était lâche de se laisser mourir, mais je ne voyais plus d’issue, plus de porte de sortie, plus de sens à cette vie régie par les remords et la perte.


Je ne sentais presque plus mon corps, ballotté dans tous les sens par les flots. J’étais totalement plongée dans le noir, incapable d’ouvrir les yeux.


Le froid atteignit enfin tous mes membres, signifiant la libération.


C’était la fin. Et je souris une dernière fois avant de perdre totalement connaissance.




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7 commentaires

Marrah2921

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Il y a 3 mois

Voilà enfin à jour par ici. Je mets du temps parfois, désolée. N’hésite pas à venir passer par chez moi. Merci 🤩

bilbo

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Il y a 3 mois

Et voilà, j’ai semé des petits cœurs sur tous les chapitres :). Ce serait adorable de m’aider à débloquer le dernier de mon histoire <3. Bon concours !

-Nightsouls-

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Il y a 3 mois

Merci beaucoup ! Je passe. 🌺

Hécate Lomëwen

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Il y a 3 mois

⛩️🌸

-Nightsouls-

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Il y a 3 mois

Hey, j'espère que cette partie vous a plu. 💚 Malheureusement, vous aurez remarqué le manque d'alinéas... Les 7000 caractères n'étaient pas assez pour cette partie haha. Mais promis, la prochaine partie en sera remplie ! 🌺

DIANA BOHRHAUER

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Il y a 3 mois

Fidèle, je like 💕☺️

-Nightsouls-

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Il y a 3 mois

Merci. 💚
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