Fyctia
5.2 Jonathan
Je m'impressionne (en toute modestie) ! Il y a encore quelques mois en arrière, j'aurais déjà succombé à ce genre de sourire ravageur. Et je me serais retrouvé pris au piège.
Là, je suis complètement étanche à ce flux d'émotions qu'elle tente de me transmettre. N'empêche, elle est coriace. Il faut du cran pour maintenir le regard ainsi. Remarque, je juge peut-être un peu vite, peut-être a-t-elle des problèmes d'ordre psychique. Oui, peut-être que si un homme lui plaît, elle le fixe de manière obsessionnelle. Peut-être que j'attire les névrosées, tout simplement. Va falloir que j'me remette en question.
Je ne sais pas trop comment réagir du coup. Je lui ai déjà rendu son sourire, pour être poli. Mais maintenant, dois-je rentrer dans son jeu ? Dois-je fuir et sauter par-dessus bord ? Ou bien dois-je simplement me contenter d'attendre ?
Sauvé par le gong ! Ou plutôt, sauvé par la brune au piercing. Elle a l'air de lui demander ce qui cloche dans son cerveau. Du genre "pourquoi tu le fixes autant, t'es folle ?". Je vois vomita s'approcher de son amie pour lui susurrer quelque chose. Sans vouloir me prendre pour le centre du monde, je suis sûr qu'elle parle de moi.
Oh merde ! La brune laisse tomber son mouchoir volontairement. Plus flag que ça, tu meurs ! Vite, je détourne le regard, pour faire comme si de rien n'était. Même si je ne la vois plus, je me sens observé. C'est désagréable, mais flatteur. Moi et mes contradictions ...
J'entends un "Aïe" bien prononcé. Vomita a l'air de s'être reçu un coup. Peut-être qu'avec la brune elles se battent pour moi. Ah, je divague, mais j'aime ça !
Soudain, mon esprit part ailleurs, et ce que je voulais absolument éviter se produit inévitablement ... Je pense à Johanna.
Je me demande où elle est en ce moment, ce qu'elle fait, si elle apprécie sa nouvelle vie loin de moi. Je m'interroge toujours autant sur les raisons qui l'ont poussée à disparaître. Noah semblait savoir quelque chose que j'ignorais, j'aimerais réaborder le sujet avec lui, mais après le coup que je lui ai fait, je le laisse déprimer en paix à l'avant du bateau. Je jette un coup d'œil furtif, il donne l'impression d'être bien, de se resourcer et de profiter de l'air pur, les cheveux au vent.
C'est assez étrange de penser que deux êtres sont capables de s'aimer, de partager leurs pensées et leur intimité, de vivre ensemble pendant un an, dix ans, trente ans, et qu'ils sont aussi capables de rompre ce lien avec une facilité déconcertante. La raison pour laquelle je ne veux plus rien ressentir. À quoi bon s'emmerder à éprouver des sentiments profonds pour une personne, si c'est pour aboutir au néant ? C'est comme si je regardais une bonne comédie romantique à la TV et qu'à la fin du film, mon esprit l'effaçait de ma mémoire. Allons dire à Bill Murray qu'il ne vivra jamais de deuxième jour avec Andy MacDowell, on gagnera tous un temps précieux.
Du coin de l'œil, j'aperçois vomita marcher dans ma direction. Ne me dites pas qu'elle va me brancher, je vais la rembarrer vite fait bien fait, ça va lui faire drôle.
La voilà qui remonte son pantalon moulant dans l'espoir de me faire admirer ses courbes. Pour ma part, je fixe toujours un point au loin, pour éviter de croiser son regard. Et maintenant, voilà qu'elle fait mine de refaire son lacet pour que je mate son uc. Pathétique. Ça me rappelle Voldemort, après de violentes disputes, qui jouait de ses charmes corporels pour me séduire. De mémoire, il n'y a pas une seule fois où ce stratagème a fonctionné sur moi.
Je me retiens d'exploser de rire lorsque son jean se déchire au niveau de la raie des fesses. Soit elle est teubé, soit c'est une gaffeuse hors pair. Dans les deux cas, rien de très affriolant.
Une espèce de grosse bourrasque fait osciller le bateau. Et vomita par la même occasion.
Et merde ! Je constate qu'elle est en déséquilibre total et je vois le truc arriver gros comme un navire. Elle va s'échouer sur moi, c'est certain. Espérons simplement qu'elle ne me vomisse pas dessus.
Ma prédiction se réalise, ses jambes lâchent, son buste se tord et elle bascule en arrière. Soudain, je me découvre des talents cachés, comme le super réflexe que j'ai pour lui éviter de se fracasser le crane contre le dossier du siège d'à côté, et encore un autre pour lui épargner l'humiliation de s'écraser sur la coque du bateau.
Me voilà donc avec une main sous sa nuque et l'autre sur sa hanche. Je l'observe quelques secondes et je dois admettre qu'elle est vraiment renversante de beauté. Des yeux verts en amande, des cheveux blond vénitien ondulés (en pagaille à cause de la rafale), et en plus elle rougit. On pourrait presque croire que je prends du plaisir à cette situation. Comme si je provoquais le destin, même quand je le fuis.
Bon, j'avoue que son numéro de la maladroite de compétition a eu son p'tit effet ... Allez Jo ! Se ressaisir, et vite ! Comment me dépatouiller de ce bourbier dans lequel je me suis enfoncé ? Je sens que mes yeux rient à l'avance et je n'ai rien d'autre qu'une phrase à la con qui me vienne à l'esprit ...
— Je vais devoir porter plainte pour harcèlement.
64 commentaires
Chris Vlam
-
Il y a 2 ans
Caroline-Noëlle
-
Il y a 2 ans
Maryline PIAUD
-
Il y a 2 ans
Rose Foxx
-
Il y a 2 ans
Jay H.
-
Il y a 2 ans
Agathe Karella
-
Il y a 2 ans
Eva Boh
-
Il y a 2 ans
Jay H.
-
Il y a 2 ans
clecle
-
Il y a 2 ans
Jay H.
-
Il y a 2 ans