Fyctia
Onzième partie
Ermance émergea vers onze heure trente, elle s’étira et bailla paresseusement. Elle tomba presque du lit en voyant Baldr à côté d’elle, totalement endormi et paisible. Elle se leva doucement pour ne pas le réveiller, et s’habilla dans sa salle-de-bain après une douche revigorante brûlante. Tobias dormait dans son canapé, elle ignorait toujours ce qu’ils faisaient là. Elle bu un jus de fruit pressé, et trouva des viennoiseries qui avaient l’air divinement appétissantes, et elle ne s’en priva pas. Elle rassembla rapidement tous ses souvenirs, et surtout, elle voyait Elizabeth à quatorze heure précises. En attendant que les garçons se réveillent, elle prépara à manger – sa passion –, elle lu une centaine de page de son livre du moment, s’apprêta. Treize heure quarante, elle laissa quelques mots sur une feuille mise en évidence, et s’élança dans les rues pavées de la ville.
Elle était pile à l’heure, arrivant en même temps que sa nouvelle amie, qui arborait un adorable sourire. Elles se saluèrent chaleureusement, et s’engagèrent dans des rues animées, habitées, prisées. Elles marchèrent, déambulèrent tout en riant, souriant à en avoir mal aux joues et au ventre, faisant se retourner des passants curieux ou agacé par se tapage inhabituel. Les maîtres mots ici étaient rigueur et sérieux. Si Elizabeth ne se formalisa pas de ces œillades réprobatrices, ce n’était pas le cas d’Ermance qui se sentait jugée, presque injuriée. Elizabeth essayait de lui faire comprendre que ces gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, que cela ne définirait jamais qui elle était, mais cela ne rassura pas la jeune femme aux yeux d’or qui se renferma, elle qui venait seulement de briser sa coquille. Son amie ne s’en inquiétait pas, pensant que ça irait mieux le lendemain, que c’était un temps d’adaptation, elle qui venait d’un petit village inconnu ici.
Elles s’installèrent en terrasse, observant sans grande conviction les jeunes hommes qui passaient devant elles. Rapidement, le sujet de la faculté était arrivé, et Ermance n’avait pas du tout hâte d’y aller, elle aimait cette proximité qu’elle avait avec son précepteur et ses cours personnels, mais l’inconnu l’attirait, elle n’y pouvait rien. Elle prendrait sur elle si ça se passait mal, mais il n’y avait aucune raison que ce soit le cas, elle avait déjà une amie qui y serait. Elle se détendit à cette pensée, elle avait beau aimer à en mourir sa solitude, parfois, un peu de compagnie la rassurait, c’était toujours momentané parce qu’elle savait que les relations ne duraient jamais bien longtemps, elle avait de l’expérience là-dedans. Elle se demanda soudainement ce qu’il était devenu, s’il était toujours vivant ou s’il avait rendu l’âme, depuis le temps qu’il était parti.
— A quoi tu penses ? lui demanda Beth devant son air totalement perdu.
— A mes voisins, mentit-elle. Personne n’avait besoin d’être au courant de ce qui s’était passé.
— Pourquoi tu penses à eux ? sa voix était pleine de sous-entendus.
— Parce qu’ils sont chez moi, enfin, ils y étaient avant que je parte, ria Ermance.
— Je peux les rencontrer ?
— Evidemment, sourit la jeune femme.
— Maintenant ?
— Si tu veux, elle riait.
Et c’est comme ça qu’elles se sont toutes les deux mises en route pour l’appartement d’Ermance dans l’espoir de voir ses deux voisins mi-hommes mi-hiboux, mais ça, Beth ne le saurait jamais. Elle n’avait non plus besoin de le savoir, et la croirait-elle de toute façon ?
C’était beaucoup trop abstrait dans l’esprit embrumé de la jeune femme, elle était enivré par cet inconnu qui se profilait à l’horizon.
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