Fyctia

En fin d'après-midi, Annabelle et Lisa quittent l'enceinte de l'académie, profitant de la fin de la semaine pour s'éloigner un peu du cadre strict de leurs cours. La lumière dorée du crépuscule effleure les bâtiments de pierre, tandis qu'elles prennent un chemin bordé de chênes centenaires menant à un petit parc en périphérie de l'université.

Elles marchent en silence pendant quelques minutes, savourant la fraîcheur du vent et le chant lointain des oiseaux.

— C'est étrange, souffle Annabelle en s'asseyant sur un banc en bois.

Lisa s'installe à côté d'elle, croisant les jambes.

— Qu'est-ce qui est étrange ?

— Cette sensation de ne pas être à ma place.

Lisa tourne la tête vers elle, haussant un sourcil interrogateur.

— Dans la classe des méchants ?

Annabelle hoche la tête, le regard perdu sur l'herbe rase du parc.

— Au début, j'étais persuadé qu'il y avait une erreur. Je ne suis pas… comme eux.

Lisa esquisse un sourire amusé.

— C'est quoi, être comme eux, Annabelle ?

Un soupir lui échappe.

— Je ne sais pas. Ils ont cette aura… sombre. Ce truc est intimidant. Moi, je ne pense pas ça.

Lisa prend un instant avant de répondre, observant les derniers rayons du soleil filtrés à travers les branches.

— Peut-être que tu cherches à voir les choses trop en noir et blanc. On nous met dans des cases, mais ça ne veut pas dire qu'on doit s'y enfermer.

Annabelle fronce légèrement les sourcils.

— Tu crois qu'on peut être autre chose que ce que l'académie décide pour nous ?

— Bien sûr. Ce n'est pas une phrase, c'est une ligne directrice. À toi de voir comment tu la suis… ou comment tu la détournes.

Un silence s'installe. Annabelle laisse glisser ses doigts sur le bois rugueux du banc, pensive.

— J'aimerais pouvoir croire que j'ai encore le choix.

Lisa se penche légèrement vers elle.

— Tout le monde a le choix, Annabelle. Même les pires d'entre nous.

Le vent fait bruisser les feuilles, et Annabelle lève la tête vers le ciel qui commence à s'assombrir. Un frisson la parcourt, mais ce n'est pas dû au froid.

— Tu veux rentrer ? demande Lisa.

Annabelle secoue doucement la tête.

— Non. Pas encore.

Elles restent là, assises dans le calme du parc, observant le monde autour d'elles avec un sentiment mêlé d'incertitude et d'espoir.