Fyctia

Jeremy se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. La pénombre de la chambre lui sembla étrangement familière, mais il mit quelques instants à se rappeler où il se trouvait. Le silence pesant qui régnait autour de lui contrastait avec les bruits habituels de sa maison, et un frisson glacé parcourut son échine.

Il repoussa les draps qui s’étaient enroulés autour de lui pendant la nuit agitée. La pièce était sombre, seulement éclairée par la faible lueur du matin qui filtrait à travers les rideaux épais. Jeremy se leva lentement, son corps encore engourdi par le sommeil. Chaque muscle semblait peser une tonne, comme s'il portait sur ses épaules un fardeau invisible.

Le dortoir était encore silencieux. Ses camarades de chambre, des ombres indistinctes dans leurs lits, respiraient lentement, plongés dans un sommeil paisible, contrairement à lui. Jeremy jeta un coup d'œil à son réveil posé sur la petite table de chevet. 6h30. Il n'était pas surpris de voir qu'il était le premier éveillé. Les rêves troublants de la nuit l'avaient laissé épuisé, mais incapable de dormir plus longtemps.

Il attrapa un pull gris jeté négligemment sur une chaise et l'enfila, cherchant à se réchauffer un peu. Ses pensées se tournèrent immédiatement vers Annabelle. La séparation forcée d'avec sa sœur jumelle était encore trop fraîche dans son esprit. Il se demandait comment elle s’en sortait, si elle aussi avait passé une nuit sans sommeil dans cet endroit étrange et oppressant.

— Pourquoi ai-je accepté de venir ici ? murmura-t-il pour lui-même, ses doigts tremblant légèrement alors qu'il se passait une main dans les cheveux.

Le souvenir de leur arrivée la veille lui revint en mémoire. Le directeur, un homme à l'allure austère, leur avait parlé d’un ton sévère, les informant que leur place ici n'était pas due au hasard. Il leur avait fait comprendre qu'ils avaient un rôle à jouer, un rôle crucial dans un plan plus vaste qu'ils ne pouvaient encore comprendre. Jeremy avait ressenti une réticence croissante, mais il n'avait rien dit. Pour Annabelle, il avait décidé de rester fort.

Le léger crissement d’un lit qui se redresse le tira de ses pensées. Leo se leva en s'étirant paresseusement.

— Déjà debout ? fit-il d’une voix encore embuée de sommeil.

— Ouais, répondit Jeremy en tentant de sourire. Je n'ai pas beaucoup dormi.

Leo hocha la tête en signe de compréhension, sans poser plus de questions. Il semblait trop fatigué pour une vraie conversation. Jeremy s'apprêta à se diriger vers la salle de bain commune, mais Leo l’interpella soudain.

— Hey, tu t'y habitueras, tu verras. Tout le monde est un peu paumé au début.

— J'espère, répondit Jeremy en haussant les épaules.

Dans la salle de bain, il laissa l'eau glacée couler sur son visage, espérant que cela dissiperait la brume qui obscurcissait ses pensées. Mais l'inquiétude restait ancrée en lui, une peur sourde qui ne voulait pas le quitter.

En se regardant dans le miroir, il aperçut son reflet, plus pâle que d’habitude, les cernes marquant déjà ses yeux. Il ressemblait à un étranger. La vie simple et tranquille qu’il menait autrefois semblait appartenir à une autre époque, une autre personne.

Après s'être habillé, Jeremy quitta la salle de bain pour retrouver les autres. Leo était déjà prêt, tout comme deux autres garçons dont Jeremy n'avait pas encore retenu les noms. Ils échangèrent des salutations rapides avant de se diriger ensemble vers le réfectoire.

Le réfectoire était presque vide lorsqu'ils arrivèrent. Seule une poignée d'élèves occupait quelques tables dispersées dans la grande salle. Jeremy choisit une table près d'une fenêtre, espérant que la vue sur l'extérieur l'aiderait à se sentir moins prisonnier de cet endroit.