Fyctia

D’instinct je recule et me heurte à un arbre.

– Pourquoi tu m’as menti ? il chuchote.

Je pense que je ne pourrai jamais lui mentir.

– Menti ?

– Sacha...

Je le regarde avec étonnement.

– Tu dis qu’il ne se passe rien et tu repars main dans la main avec lui ?

Je ne sais pas ce qui me passe par la tête :

– Et toi ? Ta nuit a été à la hauteur de tes espérances ?

Il sourit soudainement.

Mais quel culot !

– ça t’amuse ? Je lui dis énervé.

Il m'attire soudainement à lui et fait glisser délicatement ses lèvres sur les miennes. Une sensation de chaleur me traverse, je frissonne, je sens son souffle chaud à la commissure de ma bouche. Ma respiration s'intensifie au fur à mesure qu'il joue avec mon désir. Je mets fin à mon supplice en passant mes mains autour de son visage resserrant notre étreinte.je presse mes lèvres contre les siennes. Je l'embrasse avec toute l'intensité de l'interdit, un sourire complice se dessine sur ses lèvres humides. Je sens les battements de son cœur contre ma poitrine. Au fond j’espérais, j'attendais ce moment, mon corps entier le désirait.

Il pose son front contre le mien pour reprendre son souffle.

– Non Mia ça ne m’amuse pas… il me murmure.

J’ai l’impression que le temps s’est arrêté.

– Suis moi …

Liam part fouiller dans son coffre et y sort un gigantesque plaid. Il m'entraine plus haut sur la colline. Il semble bien connaître les lieux. Après avoir escaladé plusieurs rochers et nous êtes frayés un chemin dans les ronces, on arrive dans une petite crique face aux montagnes North Shore. La nature est à perte de vue, j'imagine les collines enneigées l’hiver et le silence qu'entraine toute cette poudreuse. Je reste quelques secondes à observer la magie de ce lieu. Liam vient passer son bras autour de mes épaules :

– Ça te plait ?

– C'est incroyable Liam... Merci

Un rire lui échappe...

– Quoi ? Je me demande ce qui peut le faire rire...

– Tu es si … différente …

Je ne sais pas pourquoi mais un sentiment de honte m'envahit, j'ai l'impression d'être une gamine face à cet homme si sûr de lui. Je dois être ridicule par rapport aux filles qu'ils côtoient.

– Hey …son ton est doux.

Il m'entoure plus fermement de ses bras et rapproche son visage, si près que je ressens sa peau sans la toucher. Ses yeux descendent sur ma bouche pendant qu'il humidifie ses lèvres avant de plonger son regard intense dans le mien.

– C'est ce que j'aime chez toi... Tu ne fais pas semblant avec moi … Tu es toi …

Je suis rassurée par ses paroles, l'idée de lui déplaire me terrifie tout comme le fait d'avoir cette pensée. Je suis sans cesse tirailler entre le sentiment qu'il faut que je fuis le plus loin possible de lui tant qu'il est encore temps et désir de lui plaire.

Il nous emmitoufle dans sa couverture, elle a l'odeur fraiche de la lessive. J'imagine toutes les filles qu'il a recouvert avec. Cette pensée me rend nerveuse.

– Tu vois la maison grise avec les baies vitrées ?

Je regarde au bout de son doigt, je la repère facilement, elle dénote avec les autres qui sont toutes semblables, blanches ornées de longues allées fleuries. Elle est plus discrète, de grands arbres la protègent, certainement des regards indiscrets.

J'acquiesce de la tête.

– C'est la maison où j'ai grandi avec Lily et mes parents …

Je me redresse pour poser timidement ma tête sur son épaule. Il m'enveloppe fermement. Ses doigts caressent mon bras posé sur son torse. Je peux sentir la chaleur de son corps qui se diffuse dans le mien. Cette sensation m’électrise, j’ai l'impression que rien ne peut m'arriver.

– Tu dois avoir de jolis souvenirs là-bas...

– Oui … Beaucoup …

Sa voix remplie de souffrance contraste avec sa confession.

– Raconte-m ’en un … je lui demande avec mon sourire angélique.

Il prend une grande inspiration tout en fixant sa maison d'enfance. Un large sourire se dessine sur ses lèvres rosées par le froid.

– Tu vois l'érable rouge derrière la piscine …

L'arbre qu'il me montre est majestueux, d'ici il semble déjà tellement immense, ses branches sont presque aussi épaisses que son tronc.

– Pour mes 10 ans, mon oncle m'avait construit une gigantesque cabane ! Il avait pensé au moindre détail, de l'échelle en corde, à l'électricité jusqu'au télescope pour observer les étoiles

J'aime voir cette lueur dans ses yeux, je découvre un Liam sensible et spontané. J'aime cette' innocence qu'il me dévoile.

– Elle y est encore tu crois ?

– Oui ….

– Peut-être que je te la montrerai un jour

Sa phrase sonne comme une promesse...

– J'aime cette idée …

Il frôle mes lèvres et s'aventure dans le creux de mon cou. Ma peau frémie à son contact.

– Vraiment ?

Je lui souris avec toute l'innocence qui m'habite. Il m'embrasse avec une douceur surprenante. Ce Liam dominant, imbu de lui-même cache une tendresse qui m'envoute littéralement.

Son téléphone vibre et à sa lecture il se crispe.

– On doit rentrer … Ton frère ne va plus tarder...

Liam se relève soudainement. Quelqu'un l'a prévenu du départ de mon frère ce qui me surprend. Qui sait qu'il est avec moi ?

Il est tendu, il fait bouger sa mâchoire comme lorsqu'il est nerveux. Il secoue frénétiquement la couverture pour la débarrasser de la terre. Ses muscles se dessinent sous son sweat. Qu'est-ce qu’un mec comme lui fait avec une fille comme moi. Je suis le stéréotype de la fille de bonne famille, coincée et vouée à de longues études. Une vraie source d'ennui ...

L’atmosphère du retour est pesante. J'hésite et me lance :

– Quelque chose ne va pas ?

Il pose sa main sur ma jambe.

– Non ne t'inquiète pas...

Il reste silencieux malgré tout et ma timidité ne me permet pas de briser ce silence.

En arrivant, je remarque que mon frère n'est pas encore rentré, les volets de sa chambre sont ouverts et ses rideaux tirés.

Liam frôle ma nuque de ses doigts, je frissonne. Il dépose un baiser sur mes lèvres.

– Bonne nuit ma douce …

Avant de démarrer, il attend que je referme la porte d’entrée de chez moi.

Il faut croire que ce soir, j'ai rencontré le Liam gentleman ou tout simplement le vrai Liam EVANS.