Fyctia

Les flocons de Décembre continuaient à s'amonceller sur les routes de la petite bourgade de Beluga. Rien de cosmique en soit ou d'ectoplasmique que cette appellation, qui reprend juste l'activité économique prédominante et florissante de la baleine blanche locale.

Martin Ricky vivait lui aussi de cette mane financière qui consistait à accompagner des hordes de touristes l'été, en quête de photos-souvenirs Facebook, Instagramm ou autres inventions modernes consistant à parasiter le cerveau des gens en vacances.

Vers 8h le matin, il astiquait la Flibuste, un raffiot plutot frêle comme une Felouque mais capable d'abriter néanmoins une douzaine de voyageurs qu'on repérait de loin, affublés dans leurs gilets orange fluo aux sifflets hors d'usage. Les deux autres bateaux du petit port de plaisance qui proposaient ce type d'excursion étaient des engins à moteur, qui certes allaient plus vite sur les sites pour repérer les cétacés, mais le charme n'était pas comparable pensait Martin.

Le petit port de Belluga au final, n'était pas encore trop dénaturé par l'empreinte nocive de l'Homme et il y régnait une bonne ambiance les jours de marché. En Back-Office des étales, quelques Goélands se repaissaient oisivement et goulumment des restes des arraignées-crabes géants.

Pour l'heure, ce qui embrumait l'esprit de Martin, c'était de remplir son agenda de trecks hivernaux mais c'était une autre paire de manches. Il avait été baigné par le côté maritime par son armateur de père. Il s'était adapté à la demande au fil des années et proposait un large éventail d'activités à présent.

Sur la pancarte de sa cabane à crèpes au sirop d'érable, s'étalaient fièrement des photos de touristes exibant fièrement leurs canines. Il y avait la pêche sur les lacs gelés de la région, le tour de motoneige, la randonnée en raquettes et l'excursion en chiens de traineau, avec refuge à la clé...