Fyctia
Chapitre 4
Deux semaines se sont écoulées sans la moindre nouvelle de Camille. Ce silence pèse sur moi comme une chape de plomb. Au début, j'étais convaincue d'avoir tout gâché. Peut-être croyait-il que je m'étais jouée de lui. À mesure que le temps passait, une certaine rancune a commencé à germer en moi. Il ne pouvait pas tout balayer d'un revers de main sous prétexte que je lui avais fait faux bond malgré moi.
Et si je m'étais trompée ? Si j'avais mal interprété ses signaux, vu de la séduction là où il n'y en avait pas ? Je m'étais éprise de lui. Comment avais-je pu m'attacher à ce point à un parfait inconnu, rencontré sur un forum autour du sujet le plus insignifiant qui soit. Je maudissais ma naïveté. Comment peut-on tourner la page aussi vite ?
J'ai d'abord pensé que le travail serait une bouffée d'oxygène, une parenthèse qui me permettrait de me concentrer sur autre chose. De ne plus penser à lui. Quelle illusion. Je tapote mon stylo contre le bureau, les yeux rivés sur la pendule au-dessus de la porte. Les minutes semblent s'étirer à l'infini, comme si elles se jouaient de moi dans une étrange taquinerie. J'ai l'impression de perdre toute notion de temporalité.
Les jours passent et se ressemblent. Peu à peu, je me résigne à l'idée qu'il ne reviendra pas. Je retombe dans ma routine morne. J’ai recommencé à errer sur les forums le soir. Mais la saveur d'autrefois n'y est plus.
Jamais je n’aurais imaginé que cela puisse autant m'affecter. Les relations humaines n'avaient jamais été une priorité pour moi. Alors, pourquoi suis-je dans cet état ? Ces derniers temps, je me sens éperdument distraite, mes pensées vagabondent. Ma mémoire, habituellement fiable, devient traîtresse. Sans sa présence, je me sens incomplète. Comme si une partie de moi-même s’était égarée. Mécaniquement, je me connecte à ma boîte de réception, comme un rituel immuable. Le voilà. Ce message que je n’attendais plus.
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