Elle est considérée comme la meilleure dans son domaine. Une pointure. D’un savant coup d’œil, sa stratégie se met en place : elle annihile son ennemi, renversant la pièce couronnée d’un revers de la main. Elle écarte la concurrence de manière naturelle. Elle est la fierté de sa faculté de médecine. Cette discipline lui offre peu de repos, mais, cette fois, elle en a besoin. Un tournoi colossal se prépare et il faut qu’elle se change les idées, qu’elle voie du monde. Il y a ce garçon aux cheveux d’un noir de jais, accoudé au bar. Il n’est pas beau, mais elle a envie de lui. Sans explication. Le désir pur et simple. Elle se force pour ne pas y penser lors de son premier affrontement. Il ne doit pas occuper ses pensées. Il l’empêcherait de gagner, de soulever ce trophée qu’elle mérite tant. Pourtant, son estomac se noue et une sensation nauséeuse la rend blême. S’installant à une autre table de jeu, le même homme. Elle transpire, salue son adversaire d'une poignée de main peu assurée et observe l’échiquier. « Ce n’est pas le moment de flancher, Elsa, dans dix jours, tu seras en finale. Et tu lui mettras cette coupe convoitée sous le nez ».