Fyctia
Chapitre 18.1 - Faye
Après ce moment d’émotion vraiment pas prévue, je me force à me calmer pendant qu’il essuie chacune de mes larmes les doigts tremblants.
— Je suis tellement désolé, me murmure-t-il la tête baissée.
Je sais qu’il fuit mon regard pour se laisser aller à sa propre douleur. La fragilité dont fait preuve mon père à cet instant me brise le cœur, bien que je devrais me réjouir de le voir aussi mal comme j’ai pu l’être un bon nombre de fois. Je ne le suis pas. Mon cœur est encore plus douloureux de le voir dans cet état sans pouvoir l’aider.
— Est-ce que je peux te poser une question ? Demandais-je prudemment.
Il renifle, avant de s’essuyer les yeux et le visage pour se redonner une certaine contenance. Pendant ce temps, je suis médusé complètement figé de voir cet homme que rien ne semblait ébranlé habituellement, être dans un tel état de faiblesse face à moi.
Il hoche simplement de la tête pour me répondre, et je ne réfléchis pas quand je lui pose la question qui me taraude l’esprit depuis tant d’années :
— Comment se fait-il que tu aies épousé maman ?
Je n’ai pas envie de paraître méchante, mais il s’agit d’une réelle question qui ne cesse de s’immiscer en moi plus je prends de l’âge et plus je comprends un peu mieux la vie…
— Vous êtes tellement si différent alors je…
— Tu ne comprends pas pourquoi j’ai choisi une femme comme ta mère plutôt qu’une femme plus discrète et introvertie comme moi ? Finit-il à ma place.
Je hoche de la tête en jouant maladroitement avec mes mains, demander à son père pourquoi il ne s’est pas tapé une autre femme que votre mère n’est sûrement pas une conversation banale entre un père et sa fille.
Un petit rire triste s’échappe de lui.
— À vrai dire, je crois que c’est précisément ça qui m’a tout de suite attiré chez elle.
Il a l’air plongé dans ses souvenirs, pendant que moi, je grimace.
— Quand j’ai quitté l’Angleterre pour les États-Unis, je ne savais pas vraiment où j’allais ni comment les choses allaient se dérouler. Je savais juste que je voulais prouver à mes parents qu’ils avaient tort. Déclare-t-il solennellement.
Mon père ainsi que toute sa famille sont Anglais, ils appartiennent à la haute société britannique. Et sont de brillants médecins où scientifiques depuis que le nom Clifford à vue le jour avec nos aïeux. Mon père aurait dû suivre, le chemin qui lui était prédestiné et finir médecin comme ses parents ou physicien comme sa sœur. Mais ça n’était pas ce qu’il voulait, il se voyait faire des études de droit et être avocat ou procureur. Une première claque et honte pour mes grands-parents, mais il a porté le coup de grâce quand il leur a fait part de son envie d’aller étudier aux États-Unis.
D’après ce que je sais, c’est ce qui a provoqué un véritable cataclysme dans la famille Clifford. Ses parents l’ont menacé de le déshériter s'il s’entêtait à vouloir faire une chose pareille, ils auraient peut-être pu consentir à le laisser faire du droit si tenté qu’il le fasse à Londres, mais qu’il choisisse ces Américains qu’ils ne portaient absolument pas dans leurs cœurs étaient inconcevables pour eux ! Pourtant, ça n’a pas arrêté mon père, il a quitté sa famille, ses amis et son pays pour venir étudier ici. Comme convenu ses parents lui ont couper les vivres pendant deux ans, il a écumé les petits boulots et s’est servie de l’argent qu’il avait déjà de côté avant de partir.
Encore une fois mon père n’en a fait qu’à sa tête quand il a décidé d’épouser ma mère alors que toute sa famille ou presque la détester et ne voyait en elle qu’une arriviste tout droit venue d’Amérique ! Chose qui n’est pas totalement fausse si je m’en tiens au discours de ma propre mère, qui nous a dit plus d’une fois à Madi et moi qu’elle avait choisi notre père pour son portefeuille et son patrimoine. Ce qui faisait de lui l’homme idéal pour subvenir à ses besoins. Et qu’il valait mieux pour nous d’agir de la même façon, si on voulait pouvoir bénéficier des mêmes avantages qu’elle plus tard.
— J’étais déjà à la fac et elle venait de terminer le lycée, je reparlais depuis peu à mes parents. Et je n’avais pas beaucoup d’amis ici, mon côté asociale a mis longtemps avant de s’estomper un peu.
Un petit sourire triste étira alors légèrement ses lèvres.
— À cette époque-là, déjà, ma seule priorité était mes cours, je voulais tellement prouver à mes parents qu’ils avaient eus tort et que j’étais capable de réussir là où ils me voyaient échouer, que je n’avais pas la vie d’un jeune étudiant. C’est Willow qui m’a sorti de ma zone de confort, elle m’a fait rencontrer du monde et fait vivre des choses de mon âge.
Ce qui ne m’étonne pas d’elle, à l’époque déjà ma mère avait plein de connaissances. Est-ce que vous seriez surpris de savoir qu’elle était la capitaine des pompom girl de son école ? Willow Brown était LA fille que tous les garçons auraient voulu avoir dans leurs lits, elle était le modèle de certaines et la hantise de toutes les autres. Blonde, élancée, athlétique avec un visage de poupée ma mère était le cliché parfait de la reine du lycée américaine. Et si j’en crois ma tante la mère de Kara la « parfaite connasse de la ville », c’est elle qui le dit pas moi !
Même si, je n’ai pas beaucoup de mal à l’imaginer, car depuis que je suis petite je suis moi-même confronté aux premières loges à la méchanceté et aux moqueries, dont elle capable de faire preuve sans le moindre remords.
— Pour ce que ça vaut, ta mère a toujours été honnête avec moi, Luciole, dit-il alors en me ramenant au moment présent.
J’essaye de sourire, mais ça doit sûrement ressembler à une grimace tout de suite.
— Quoi sur le fait qu’elle était principalement avec toi seulement pour la taille de ton portefeuille ? Crachais-je plus durement que ce que je ne voulais.
Mes yeux s’ouvrirent en gros et ma main se plaçait aussitôt sur ma bouche pour la couvrir.
— Je… Désolé… Ça n’est pas ce que je voulais dire ! Me rattrapais-je lamentablement.
— Si. C’est exactement ce que tu voulais dire. Répondit-il sans la moindre colère dans sa voix. Et je ne t’en veux pas pour ça Faye, tu as raison, c’est précisément ce qu’elle m’a fait savoir à notre rencontre.
Ma mâchoire s’en décrocherait presque si elle n’était pas fermement attachée à mon visage.
— Et… ça ne t’a pas dérangé de le savoir.
Mon père hausse les épaules, avant de détourner son attention et de me répondre :
— Pas vraiment. Ça n’était pas la première ni la dernière. En Angleterre, beaucoup savaient de quelle famille je venais et crois-moi ça attirer bon nombre de filles simplement par ce qu’elles étaient conscientes de ce que je pouvais leur apporter.
Il pose à nouveau son regard sur moi.
— Ta mère a eu au moins l’honnêteté de me le dire droit dans les yeux.
Je suppose que c’est toujours mieux que de présumer être là uniquement par amour, même si honnêtement, j’ai beaucoup de mal à concevoir qu’on soit avec quelqu’un en premier lieu pour ce qu’il peut nous apporter financièrement plutôt qu’humainement…
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isabellemartinez
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Il y a 2 ans
Nathyeywrites
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Djanie_ssah
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chronique.passionee
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Il y a 2 ans