Fyctia
Chapitre 3.1
Flashback
Ivy
Jeudi 5 juillet 2012
Silverstone, Grande-Bretagne
Assise à une table sous un parasol devant le motorhome, j’attends que ma mère sorte du bureau de mon père. Avec mes amies, nous avons réussi à convaincre nos parents de nous laisser partir tout le mois de juillet sur les circuits. Au mois d’août nous partons sur le bateau de mon père pendant ses vacances. Ça n’a pas été une mince affaire, nous n’avons que 16 ans. La mère de Victoria a été la plus difficile à convaincre, il a fallu que ma mère et celle d’Ella lui téléphone. Elles lui ont expliqué le planning. De toute façon dès qu’il s’agit de Victoria, sa mère refuse tout. Elle est pire que la marâtre de Cendrillon. Une vraie mégère, toujours en train de rabaisser sa fille. Je ne sais pas comment mon amie fait pour garder son calme et ne pas se rebeller. Mais nous avons fini par avoir gain de cause et elle sera bien avec nous. Ma mère sort enfin du bureau, elle prend une chaise et s’installe à côté de moi.
— Je vais y aller, je te laisse avec ton père, me dit-elle en français. Est-ce que ça va aller ?
Elle a l’air angoissée, elle ne m’a jamais laissé seule ici, j’étais toujours avec elle. Ça fait un an que mes parents sont divorcés. Est-ce que ma mère me traite comme une enfant qui a du mal à digérer leur séparation ? Tout à fait.
— Ne t’inquiète pas maman, Ella et Victoria ne devraient plus tarder.
— Très bien, sois sage et ne fait pas de bêtises. Ton père a beaucoup de travail.
— Comme d’habitude, je réplique.
Leur séparation était inévitable. Ma mère est une femme extraordinaire et même si j’aime mon père, il était un mari médiocre. Je ne suis pas sûre non plus qu’il soit un bon père, il n’a jamais vraiment été là, mais ça reste mon père. Ma mère m’a appris qu’il faut prendre les gens comme ils sont. Avec leurs qualités mais aussi leurs défauts. Le plus gros défaut de mon père c’est qu’il est marié à son travail. Mon plus gros défaut est d’espérer encore passer avant son travail. Je devrais peut-être faire quelque chose de répréhensible pour qu’il m’accorde un peu de son temps. Mais je suis sûre que ma mère finirait par gérer le problème. Elle finit par se lever, m’embrasse sur le front et me promet de m’appeler tous les jours. Je me retrouve à nouveau seule attendant mes amies.
— Est-ce que tu réfléchis en anglais ou en français ? me demande une voix dans mon dos.
Qui pose ce genre de question ? Je me retourne et tombe nez à nez avec le nouveau pilote de mon père.
— En allemand, je réponds imperturbable.
Il garde son sourire et s’installe à la place que ma mère vient de quitter.
— Tu parles aussi allemand ?
— Non.
— Alors tu n’as pas répondu à ma question ! continue-t-il de sourire.
Qui sourit sans cesse comme ça ? C’est agaçant.
— Ca dépend des moments, la plupart du temps en anglais, je finis tout de même par répondre. Je suis Ivy la fille de Richard, je me présente. Tu es Tom c’est ça ?
Je sais très bien qu’il ne s’appelle pas Tom. Je ne peux pas oublier, mon père n’a que son prénom à la bouche en ce moment. Il a commencé dans l’écurie au début de la saison et apparemment il serait prometteur.
— Est-ce censé me vexer ? demande-t-il en faisant la moue. Je suis Alexander.
— Oh oui bien sûr pardon. Tu es le nouveau prodige de mon père.
Je le fixe et ne me gêne pas pour le regarder en détails. J’ai déjà vu des photos de lui, mais il faut avouer que ça ne lui rendait pas justice. Son sourire ne disparaît pas malgré mon analyse détaillée de sa personne.
— Je peux rester à te fixer longtemps moi aussi. J’ai l’habitude de ce jeu avec mon frère et mes sœurs.
— Tes sœurs ?
— Nous sommes cinq, m’annonce-t-il fièrement sans me quitter du regard.
Apparemment ce jeu l’amuse, je ne comprends pas trop, mais il est hors de question que je détourne le regard en première.
— Il y a Andrew, Alicia, Ava et Alba. Le clan Anderson.
— Vous avez tous les mêmes initiales ? Vous êtes qui ? Les Kardashian ?
Il éclate de rire, mais ne me lâche toujours pas du regard. Il va bien finir par se lasser non ?
— Et toi Ivy ? As-tu des frères et sœurs ?
— Je suis fille unique.
— Ça doit avoir ses avantages, je suppose.
Il hausse les épaules, peu convaincu par les avantages d’être fille unique. Je ne réponds rien. Nous ne parlons plus et nous regardons dans le blanc des yeux. Apparemment personne n’est décidé à lâcher l’autre. Les passants doivent nous prendre pour deux fous.
— Ivy Dixon ! Où as-tu encore mis ton téléphone ? Ça fait dix minutes que nous te cherchons.
Je reconnais la voix d’Ella sans même me retourner. Alexander, curieux, regarde par-dessus mon épaule.
— Tu as perdu, je déclare en me levant de la chaise. J’espère que tu es plus concentré que ça en course.
Son sourire ne l’a toujours pas quitté lorsque je rejoins mes amies. Peut-on tomber amoureuse d’un sourire ? Je ne sais pas, mais le sien est incroyable. Je salue mes amies. Lorsque je me retourne il a disparu.
— Qui était ce beau gosse qui te fixait comme ça ? me demande Ella.
— Alexander, le nouveau pilote de mon père.
— Wahou, je suis contente de trainer sur les circuits. Venez ! On va faire un tour, il y en a peut-être d’autres qu’on ne connait pas.
Nous trainons tout l’après-midi dans le paddock, aujourd’hui c’est ce qu’on appelle le « media day », les pilotes participent à des challenge organisés par les sponsors, c’est assez cool. Ils ont aussi droit à la conférence de presse. Des séances d’autographes sont organisées et des interviews en public. Leur journée a l’air bien rempli. Le soir nous dinons tranquillement au restaurant de l’hôtel, mon père a diné avec nous, bien qu’il ait disparu avant le dessert.
3 commentaires
Gabrielle H. Davis
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Il y a 10 mois
Cassy M. PUICH
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Il y a un an
Miladie Delvreau
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Il y a un an