Fyctia
Chapitre 2.1
Ivy
Mardi 20 avril 2022
Imola, Italie
Je suis en retard, tel le lapin blanc d’Alice, un coup d'oeil à mon téléphone m'apprend que je suis carrément en retard ! A ma décharge l’avion a eu du retard et le taxi ne voulait clairement pas accélérer ! J’étais à deux doigts de virer le chauffeur de son siège pour prendre les commandes de cette satanée voiture ! J’aperçois enfin l’entrée, je fouille dans mon sac, cherchant la carte d’accès pour rentrer dans les stands, je suis sûre de l’avoir prise et pourtant je ne la trouve pas, c’est bien ma veine ! Il n’y a qu’Ella et moi, Victoria n’a pas pu venir, son emploi du temps était trop chargé. Cette dernière me regarde patiemment son badge déjà en main. Je plonge la main au fond de mon sac et trouve enfin le badge que je brandis tel le Graal. Je passe les portiques de sécurité et me tourne vers Ella.
— Est-ce que tu crois qu’il est malade ? je lui demande.
— Qui ça ?
— Mon père, pourquoi est-ce qu’il veut me voir en personne ? Il est sûrement malade !
— Ivy il n’est pas malade, ne commence pas à te faire des films et à paniquer, tout va bien se passer, me rassure-t-elle.
Ella a raison, ce n’est clairement pas le moment pour moi de faire une crise de panique alors je prends une grande inspiration et expire calmement, tout va bien se passer.
Ça fait six ans que je n’ai pas mis les pieds dans un paddock de Formule 1. Un an que je refuse de voir mon père. Petite je l’admirais tellement, bien que je ne le voyais pas souvent. Et puis j’ai grandi et compris que son travail passerait toujours avant sa famille. L’envie de rentrer à Londres me démange mais ma curiosité prend le dessus. Je tourne la tête vers Ella toujours silencieuse, s’attendant très certainement à une crise de panique mais je n’en ferai pas, je reprends le contrôle sur mes émotions et m’élance d’un pas déterminé vers l’écurie que dirige mon père. Mon amie me sourit en m’emboitant le pas. La succession de garages et de motorhome me rappelle à quel point tout est vaste et immense. Les écuries sont placées en fonction de leur classement général à la fin de la saison passée. Nous n’avons pas à marcher longtemps, l’écurie a terminée deuxième du championnat constructeur. Les ingénieurs s’occupent des voitures pour les essais de demain. Les journalistes attendent tranquillement leur tour pour les interviews. Ça ne désempli jamais du jeudi au dimanche. J’abandonne Ella devant le motorhome et entre à l’intérieur. Personne ne fait attention à moi, ça s’active de tous les côtés et je suis bien contente de passer inaperçue. Le bureau se trouve à l’étage, à peine ai-je posé un pied sur la première marche que je suis arrêtée par une voix que je reconnaitrais entre mille.
— Hey vous cherchez quelque chose ? m’interpelle-t-il.
Je lève les yeux au ciel et laisse échapper un juron entre mes dents serrés, c’est bien ma veine, non seulement mon père va m’étriper pour le retard mais sur toutes les personnes présentes c’est évidemment lui qui me repère. Alexander Anderson LE pilote star de l’écurie de mon père. Je me retourne lentement vers lui et le regarde droit dans les yeux, son étonnement de me voir là laisse vite place à un large sourire.
— Ivy Jolie ! Quelle surprise !
Même après six ans il n’a pas perdu son habitude de m’appeler comme ça.
— Salut Alexander, je souris poliment. Désolée je n’ai pas le temps de boire le thé, je suis très en retard et tu connais mon père.
— Hey attends… J’ai appris ce qui t’étais arrivé je suis désolé.
Je souris en signe de remerciement mais coupe court à cette entrevue improvisée, je n’ai pas envie de m’éterniser, arrivée à l’étage la porte du bureau de mon père est ouverte j’y distingue mon père et Andrew, le frère d’Alexander, dès qu’ils m’aperçoivent leur discussion s’arrête. J’observe Andrew ce géant blond, aux yeux bleus et au tempérament taciturne. Il lève un sourcil lorsqu’il remarque mon regard insistant alors j’arrête de le fixer comme une tarée et m’avance dans la pièce, j’y découvre ma mère assise sur un fauteuil dans un coin du bureau, je suis carrément tombée dans une embuscade !
— Il fallait me prévenir que c’était une réunion de famille, je déclare sèchement.
— Bonjour à toi aussi Ivy chérie, me salue ma mère en se levant pour me prendre dans ses bras.
— Tu es en retard, sermonne mon père.
— Tu iras te plaindre auprès de la compagnie aérienne, tu n’as qu’à leur intenté un procès pour 30 minutes de retard.
— Ce n’est pas drôle Ivy.
— Je ne plaisantais pas. Wahou quel accueil après un an de silence !
— Ravi de te revoir Ivy, intervient Andrew un petit sourire en coin.
— Bonjour Andrew, désolée je manque un peu de politesse.
— Andrew pourrais-tu nous laisser ?
— Bien sûr, c’était un plaisir Ivy, Louise, Richard à bientôt, déclare-t-il en fermant la porte derrière lui.
Une fois la porte refermée je fixe mes parents sans rien dire, ils sont divorcés depuis que j’ai quinze ans mais s’entendent toujours aussi bien. Il n’y a jamais eu de tromperie entre eux, ma mère s’est lassée de passer au second plan dans la vie de mon père. Ma mère est professeure de français dans un lycée à Londres, elle a rencontré mon père lors d’une soirée dans une boite de nuit, elle ne savait pas du tout qui il était et ne s’intéressait pas à la Formule 1, d’après ses dires elle est tombée folle de lui au premier regard, un vrai coup de foudre. Deux ans plus tard je pointais le bout de mon nez. Louise Dubois est franco-italienne, grâce à elle je parle et j’écris le français et l’italien couramment. Mon père me fixe toujours et me sort de mes pensées.
— Ivy assieds-toi s’il te plait.
— Ecoutes ma chérie, il faut qu’on parle, commence ma mère.
— Ok et vous aviez besoin de faire un conseil de guerre dans un autre pays ? Les appels vidéo existent de nos jours.
— Ivy s’il te plait, soupire mon père.
— Vous vous êtes remis ensemble ? je demande horrifiée.
— Pas du tout, s’écrient-ils en chœur me regardant comme si j’étais devenue folle.
— Ecoute, nous savons tous les deux que Logan te manque, enchaine mon père.
— Ne parle pas de Logan, tu ne sais rien du tout, je le coupe.
— Ivy ! me rappelle à l’ordre ma mère. Ton père et moi aimerions que tu passes la saison avec lui, depuis ce qui est arrivé tu ne sors pratiquement plus et nous nous inquiétons pour toi.
C’était peut-être avant qu’il aurait fallu qu’il s’inquiète.
— Je ne peux pas tout quitter, je vous rappelle que j’ai un travail !
—Nous savons que tu as un travail, soupire à nouveau mon père que la situation dépasse visiblement. Mais tu peux le faire de n’importe où non ?
— Pourrais-tu au moins y réfléchir ? propose ma mère.
— Ok, je concède. Je me laisse le temps de la réflexion jusqu’à demain mais m’éloigner de tout ce qui m’est familier n’est sûrement pas la bonne décision. Avons-nous fini ? Ella m’attend dehors.
— Tu peux y aller, j’attends ta réponse demain, répond mon père.
Je quitte le bureau sans rien ajouter de plus et dévale les escaliers comme si j’avais la mort aux trousses.
11 commentaires
Miladie Delvreau
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Il y a un an
Gwenaële Le Moignic
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Il y a un an
Moonyfal
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Il y a un an