Fyctia
11.2 - Lazlo
— Lay, tu aurais une…, commence Lia avant de se figer la bouche ouverte.
Elle respire un grand coup, et reprend.
— Désolée… de vous avoir dérangé.
Puis elle sort en trombe de ma loge.
Et merde, devant notre posture, il est impossible de penser que j’étais en train de repousser Gaëlle, tout laisse à croire que nous allions passer un bon moment. Je ne peux pas la laisser partir sur un quiproquo pareil. Ce que nous recréons n’y survivrait pas et c’est la dernière chose dont j’ai envie après ces mois de durs labeurs pour la reconquérir.
Je dégage Gaëlle si vivement qu’elle tombe sur ses fesses.
— Hé ! se plaint-elle alors que je passe déjà la porte pour rattraper Lia.
Je lui cours après, mais elle est déjà loin. Malgré cette certitude, je n’abandonne pas. Je bouscule plusieurs danseurs et fonce même dans Al.
— Où vas-tu comme ça ? me demande ce dernier.
— Il faut que je la rattrape, elle a vu quelque chose qui n’est pas du tout ce qu’elle croit. Laisse-moi passer, le sommé-je avant de l’écarter sur le côté pour continuer ma poursuite.
J’arrive dans le couloir principal du bâtiment et la vois, enfin. Elle passe la porte extérieure au moment où je m’élance vers elle. Je rejoins la sortie le plus vite possible et lorsque mon regard la trouve, les secondes paraissent s’allonger. La scène se déroule au ralenti alors que je hurle de toutes mes forces.
Non, ce n’est pas possible, pas elle.
Les pneus d’une berline crissent sur le bitume. Je serre les poings et contracte tous mes muscles dans l’espoir vain d’éviter le pire. Le véhicule arrive beaucoup trop vite et comme Lia a surgi sans crier gare sur le passage piéton, il n’a pas le temps de ralentir assez pour éviter l’impact. La vision est des plus violentes. Le corps d’Eliora est percuté de plein fouet et se retrouve sur le capot de la voiture avant d’être projeté à plusieurs mètres devant la voiture qui s’arrête enfin.
Devant l’horreur de la situation et la silhouette inerte de mon amie étendue sur le sol, je suis tétanisé.
Des cris se font entendre dans la rue. Mes oreilles bourdonnent. Je reprends un peu mes esprits lorsqu’on me bouscule et je me précipite vers elle. Je hurle à l’aide, le désespoir ayant envahi tout mon être à la vue de tout le sang qui s’échappe de son corps inconscient. Je lui appose deux doigts sur son poignet dans le minuscule espoir de capter son pouls. Un soupir de soulagement m’envahit lorsque je le sens, même s’il est faible, il est là.
Je dégaine mon téléphone sans tarder. Je ne fais pas attention à ce qui m’entoure. La seule personne qui compte, c’est elle.
— 112, j’écoute. Quelle est la raison de votre appel ? annonce une voix au bout du fil.
Mon cerveau est comme déconnecté de nouveau, je commence par bafouiller :
— C’est… je… elle…
— Monsieur, écoutez-moi! Respirez un grand coup et expliquez-moi déjà où vous êtes, tente de me calmer mon interlocutrice.
Je fais ce qu’elle me dit, j’inspire profondément une fois avant de reprendre :
— Je suis devant le théâtre, arrivé-je seulement à dire avant d’éclater en sanglots.
Je n’entends pas la suite, je sens quelqu’un qui me prend le téléphone des mains alors que j’ai toujours mes doigts sur le poignet de Lia, espérant que son cœur ne cesse pas de battre, qu’elle continue de vivre. Je ne veux pas la perdre.
— Reste avec moi bébé, la supplié-je. Tu n’as pas le droit de me laisser. Je te jure que ce n’est pas ce que tu crois. Je l’ai repoussée.
Mes larmes déferlent sur mes joues pendant que je lui dis combien je suis désolé. Je me sens incroyablement démuni face à cette situation. Tout ceci est entièrement de ma faute.
— PUTAIN !!! hurlé-je en direction du ciel.
L’agitation autour de moi me paraît irréelle, jusqu’à ce qu’une main se pose sur mon épaule.
— Les secours seront là d’une minute à l’autre, vieux, tente de me rassurer Al. Je reste avec toi.
D’un coup, comme si mon cerveau renouait enfin un tant soit peu avec la réalité, j’entends les sirènes se rapprocher et je sens la présence de mon ami à mes côtés.
Les pompiers arrivent après ce qui m’a paru être une éternité. Ils m’éloignent de Lia pour la prendre en charge. J’ai l’impression d’être une poupée de chiffon, je ne comprends pas ce qui se déroule devant mes yeux. Al se tient près de moi, et me soutient comme il peut, avec des paroles et des gestes réconfortants, mais rien n’y fait. J’ai froid à l’intérieur, je ne comprends pas encore comment cette voiture a pu percuter Lia, alors qu’elle s’élançait sur le passage piéton.
Les brancardiers l’examinent, lui placent une minerve et la recouvrent d’une couverture de survie. Ils déroulent un étrange matelas à côté d’elle. Je les vois s’affairer avec des couvertures, une pompe à vélo…
Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Merde ! Je m’impatiente de les voir prendre leur temps alors qu’ils devraient déjà être en route pour l’hôpital.
Je sais que mon comportement est irrationnel, mais je deviens dingue de ne pas pouvoir rester auprès d’elle pour la rassurer, lui dire que tout ira bien.
Elle est enfin installée dans un gros matelas gonflable et sur un brancard. Alors qu’ils montent à l’arrière du véhicule où elle se trouve, je me précipite vers eux.
— Laissez-moi venir avec vous ! les supplié-je.
— Vous êtes de la famille ? me demande un des pompiers.
— Son petit ami, annoncé-je sans y réfléchir.
— Désolé monsieur, seule la famille proche a le droit de nous accompagner, m’annonce-t-il d’un ton professionnel et détaché que je maudis.
— Dites-moi au moins où vous l’emmenez.
— À Sainte Espérance !
— Alors je vous suis.
Et me voilà parti, courant le plus vite possible pour rejoindre ma voiture et prendre la direction de l’hôpital. J’ai le cœur qui tape à mille à l’heure, je tremble et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve à cet instant précis.
Al me rejoint et me sort du véhicule.
— Tu es fou ? Tu veux finir à l’hôpital toi aussi ? me hurle-t-il dessus.
Il n’a pas tort, conduire dans cet été est irresponsable. Je contourne ma voiture sans répondre et monte côté passager. Mon meilleur ami prend place derrière le volant et me conduit jusqu’à ma douce.
Je pire reste à venir et une attente interminable commence.
C'est ici que se termine l'histoire d'Eliora et Lazlo sur Fyctia pour le moment. La suite est déjà bien avancée et sera le vrai centre de l'histoire.
Je l'ai voulue différente des autres, avec un vrai centrage sur l'acceptation de soi et le fait de surmonter chaque épreuve de la vie.
Cette histoire d'amour que je viens de vous raconter, était juste là pour vous amener au moment fatidique.
J'espère que vous avez pris plaisir à me lire autant que j'ai eu plaisir à partager cette histoire avec vous jusque là.
Et maintenant, advienne que pourra ;)
Charlie
9 commentaires
Roselyne Simone Paquier
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Il y a 3 ans
Roselyne Simone Paquier
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Il y a 3 ans
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Il y a 4 ans
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Il y a 5 ans