Fyctia
J'ai osé (de Guy Laroche) 1
Wendy
Je m’étire les bras, puis les jambes et ouvre les yeux. J’ai parfaitement conscience de où je suis. Dans le lit de Raphaël. Quelle nuit ! Épique ! Grandiose ! Spectaculaire ! Nous avons fait l’amour trois fois. Quand je vais raconter ça à Sam, elle va s’en faire pipi dessus de joie. J’ai passé la nuit entière, ici, chez lui. Une grande première ! En même temps, je n’aurais jamais eu le courage de repartir. Il m’a épuisée. Et je sens déjà les contractures musculaires de ces parties de jambes en l’air. Mon vagin semble en bouilli. Mon dos a comme été percuté par un camion. Mes lèvres me donnent l’impression d’être gonflées comme des pastèques à force d’avoir été embrassées. Mais je me sens bien, tellement bien, épanouie me semble être le terme adéquate. Ouais, une nana qui a été bien honorée par un dieu du sexe vivant !
Je me lève, cherche mon jean et mon chemisier partout dans la chambre. Mais notre arrivée hier soir à peine la porte ouverte me revient à l’esprit. Raphaël m’a collée contre le mur de l’entrée, s’est emparé de ma bouche et mes fringues ont volé comme les siennes. Donc, tout est dans le couloir. Un rapide coup d’œil et une ses chemises m’attend sagement sur une chaise. Je la récupère, instinctivement la porte à mon nez pour m’enivrer de son odeur, hmmm… si je ferme les yeux, je le revois la tête entre mes cuisses, mes mains tirant ses cheveux pour qu’il approfondisse ses délicieuses caresses. Je l’enfile vite fait, sans la boutonner. Je pensais qu’elle m’arriverait plus bas mais ça fera l’affaire. Après tout, il m’a vue nue.
Je ne suis pas chez moi, certes, mais j’aime connaitre le temps qu’il fait avant toute journée. J’ouvre donc la fenêtre, puis les volets à battants et me prends une bouffée d’air chaud et mes rétines sont aveuglées par le soleil brillant. Une belle journée ensoleillée. Je sors de la chambre, prends à gauche et m’annonce avant de pénétrer dans le salon, où j’avoue n’avoir pas vraiment eu le temps de me poser.
— Raphaël ? l’appelé-je en sortant du couloir.
Je le découvre face à moi, simplement vêtu d’un caleçon que je rêve d’arracher avec les dents et lui monter que moi aussi, je peux prendre les devants. Mais un homme de dos lui fait face et se retourne brusquement.
— Evan ?
— Wendy ?
— Vous vous connaissez ?
Nous nous fixons durant ce qu’il me semble être une éternité, sans répondre à la question de l’homme avec qui j’ai couché cette nuit. Qui connait mon boss. Même en jogging et teeshirt à l’effigie de Superman, il est sublime. Son regard dévie sur ma tenue minimaliste, je tire sur les pans de la chemise comme si elle pouvait atteindre mes genoux par miracle. Je lis dans ses yeux de la surprise de me trouver là (et moi donc !) mais également une étincelle de colère dans ses pupilles dilatées au maximum.
Se connait-on ? Et comment ! Je regrette amèrement de ne pas avoir confié hier soir à mon rencard que je travaille pour « Pourquoi pas ? ». Mais lui ? Sait-il que Evan en est le fondateur ? M’aurait-il pas amené chez lui s’il était au courant de notre lien professionnel ? Aurais-je connu une nuit débridée ? Ne me retrouverais-je pas à moitié à poil devant mon patron ? Je réalise que le galbe de ma poitrine est largement visible. Je suis mortifiée et sens mes joues s’empourprer alors que je prends les deux côtés et les replie sur moi-même. Mon visage entier prend feu quand je remarque qu’il tient mon soutien-gorge entre ses doigts et qu’il caresse la dentelle tout en me matant. Raphaël s’approche de nous, pose son bras autour de mes épaules et m’embrasse sur la tempe en souriant. Je le remercie intérieurement de ne pas l’avoir fait sur mes lèvres, de une j’ai la bouche pâteuse de mon réveil, et de deux, j’aurais encore été plus mal à l’aise devant mon patron.
— Bien dormi ?
J’acquiesce d’un simple hochement de tête.
— Viens, me dit-il en prenant ma main, le café est prêt.
Puis, s’adressant à Evan.
— Tu viens aussi, je t’en offre un, et vous allez me raconter comment vous vous connaissez tous les deux !
Evan passe le premier, en déposant mon soutif sur un fauteuil. J’ai tellement honte… Je note qu’il connait parfaitement l’appartement et qu’il me lance un regard interrogateur en se dirigeant vers ce qui doit être la cuisine. Je fais un pas pour le suivre mais Raphaël me retient dans ses bras et colle son corps au mien.
— Quelle que soit votre histoire à tous les deux, ça m’est égal et j’aimerais beaucoup te revoir, me souffle-t-il à l’oreille.
Puis il m’entraine dans la pièce attenante. Où je fais un bon dans le passé en y pénétrant. Il se marre devant ma tête ahurie.
— Comme je te l’ai dit, j’ai hérité cet appartement de mes grands-parents. La cuisine est la seule pièce que je n’ai pas encore remise au goût du jour, se défend-il alors que j’ai les yeux rivés sur les meubles en formica marron hideux. Je te rassure, je ne chauffe pas de l’eau dans une casserole sur un poêle à bois ni ne mouds les grains dans un moulin ! s’amuse-t-il me montrant une machine à dosettes moderne.
— Je mouds mon café moi, proteste Evan.
— Pas à la main non plus, n’abuse pas ! le taquine Raphaël. Figure-toi, m’interpelle-t-il à nouveau, que ce mec s’est offert le must de la machine à expresso, la Rolls Royce comme il dit ! Je pourrais partir deux semaines au Cambodge en tout inclus pour la même somme, ajoute-t-il en se marrant.
Ils se connaissent vraiment bien. Aucun doute là-dessus. Sont-ils amis ? Ou juste des connaissances ? Non, bien sûr que non, je sens bien entre eux un lien plus fort qu’une « simple connaissance ». La machine se met en route, faisant un bruit assourdissant, je m’assieds sur une chaise de la même matière que les meubles, pas confortable du tout.
— Sucre ? me demande Raphaël.
— Oui merci.
Il en prépare deux autres, dont un avec un demi-sucre et le tend directement à Evan. Pas de doute, leur relation amicale est solide s’il connait ce détail. Même moi qui viens de passer une semaine entière, à raison de plus de huit heures par jour au bureau, n’ai pas remarqué cette habitude. Je prends la tasse entre mes mains, au moins je trouve un truc à faire car je suis plus que mal à l’aise, entre l’homme avec qui j’ai pris un pied d’enfer cette nuit et mon boss qui n’en mène pas large non plus vu qu’il fait la même chose que moi. Nous ressemblons à des diseuses de bonne aventure, cherchant la solution dans le marc de café.
— Alors ? s’enquiert mon plan cul. Comment connais-tu mon voisin, Wendy ?
3 commentaires
natha_lit
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Il y a 9 mois
François Lamour
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Il y a 9 mois
Emeline Guezel
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Il y a 9 mois