Fyctia

Je souris intérieurement à l'idée de voir Emy en tête à tête avec son illuminé de copain d'enfance. Il irait bien ensemble je trouve. Pas la peine de lui dire, elle se fâcherait.

Je consulte mes messages et toujours pas de nouvelles de Mathias. Ça commence a faire long. On n'est pas vraiment ensemble, je sais qu'il n'a pas de compte à me rendre mais ça n'empêche que je ne me sens délaissé. Peut-être qu'il a d'autres femmes dans sa vie...

Je n'ai pas envie d'être au boulot. Une pluie d'orage vient assombrir l'institut, je trouve la clientèle peu souriante, et je ne suis tout simplement pas d'humeur à les supporter. "J'AI LA PEAU SÉQUE"... Une cliente assez âgée veut une crème pour son visage et voilà ce qu'elle m'annonce. Pas facile tous les jours de garder son sérieux et son professionnalisme.

Je termine la préparation des falafels avec les pois chiches et épices, et met en place les 2 assiettes. Le téléphone sonne, un simple geste jusqu'à mon oreille permet de décrocher la ligne fixe.

-Divin Relax bonjour, Ofée à votre service...

-Salut beauté, je savais que tu serais au boulot. Comment vas tu?

C'est enfin lui...

-Je vais bien et toi?

-Super, je suis encore en déplacement mais je pensais à toi, tu crois que je peux te rappeler dans la soirée pour qu'on se fasse un visio si tu vois ce que je veux dire?

Nan mais il se fout de ma gueule, pas de nouvelle de lui pendant plusieurs jours et voilà qu'il veut faire du sexe à distance... Mon amour propre me dit va te faire foute, mais mon amour du sexe prends le dessus, comme toujours c'est mon talon d'Achille.

-Oui avec plaisir, à ce soir...

-Parfait, Bye ma belle...

-C'était qui?

Je sursaute à l'arrivée de Laora qui a probablement surprit la fin de ma conversation.

-Ah c'était ma copine Juju, on fait une soirée chez elle.

-Cool, ça te fera du bien la journée est interminable.

-Ne m'en parle pas, je suis rincée.

Laora rit à mon expression favorite, puis repart en cabine.

Je fais une petite course avant de rentrée, j'ai besoin d'un verre de blanc pour me mettre en condition. J'entre dans le petit commerce de proximité et fonce au rayon alcool. J'aperçois le type sdf de la dernière fois. C'est fou comme je n'arrête pas de le croiser. Mon coeur émets quand même un sursaut mais il ne me fait plus peur comme au début, cela dit je me méfie. Il m'a vu.

-Bonjour, comment vas-tu?

Il me regarde avec attention et sincérité. Je ne peux que me montrer aimable avec lui mais je n'ose pas trop le regarder dans les yeux.

-Ça va et toi? Les choses s'arrangent?

Jean et tee-shirt pas nettes, je me doute que ça ne va pas mieux, mais j'essaie de montrer un peu de compassion.

-Ça peut aller, j'ai retrouvé du taf, c'est déjà un bon début.

Entre les bières et le vin, je choisi ma bouteille, tout en lui jetant des coups d'œil lorsqu'il me parle. Je lui réponds.

-Oh c'est super. Tu es dans quel domaine a la base?

-Dans la maçonnerie. Et toi tu fais quoi dans la vie?

Je m'éclate a rire.

-Tu m'as agressé verbalement la dernière fois, et tu crois vraiment que...

Il me coupe la parole.

-Mais tu m'as vu au plus mal, au plus bas de ma vie, et alcoolisé en plus, ça ne compte pas.

-Si si, j'ai eu des insomnies à cause de toi!

-Tu m'en vois navré, vraiment!

Il a l'air sincère.

-Tu accepterais mes excuses?

-On va dire que je ne t'en veux plus.

-Ok, je l'ai cherché, c'est mérité...

Je me dirige vers la caisse, il me suit.

-Du coup tu me suis encore? Lui dis-je amusé.

-Du tout, c'est toi qui te dirige vers le même endroit que moi.

-Très bien alors après toi...

Je le laisse passer devant moi et le suit à mon tour. Je prends au passage des biscuits apéritif aux fromages mes préférés, puis attends derrière mon serial Killer.

-Tu n'as que ça?

Il me pose la question au sujet de mes courses.

-Euh oui...

Je réponds bêtement ne sachant pas pourquoi il me pose la question.

-Vas-y pose sur le tapis, je te le l'offre.

-Ah non, non, laisse, c'est gentil mais...

-J'insiste... et puis tu penseras à moi en la buvant.

Je le regarde à la fois gênée, et confuse. Je ne peux pas accepter, étant donné sa situation. Je n'ose pas le contredire.

Il me prends les courses de mes mains et les ajoutes à ses courses. Lui a pris un plat tout préparé et une bière. Je profite de son règlement en carte bancaire pour lui piquer la place sur le boîtier et régle en sans contact nos courses.

-Non!

Il tente d'attraper ma main pour me stopper.

-C'était à moi de les régler! Me dit-il en se tenant face à moi d'un air désolé.

-Ce sera pour la prochaine fois!

Je prends mes courses et me sauve de la boutique.

-Ah... il y aura une prochaine fois. Me dit-il amusé.

Je m'éloigne et j'entends qu'il me crie gentiment cette fois-ci "Merci". Je lui fais un signe de la main sans me retourner.