Fyctia

SOFIA

Je maudits les filles... Pourquoi ont-elles choisi le pot de cire plutôt que les rolls-on? Pour une fois que j'étais en adéquation avec la modernité, elles me font retourner à l'âge de pierres... Pas que j'ai connu cette période mais que j'ai l'impression d'être à nouveau débutante lorsque j'utilise cette fameuse cire à bandes. J'en fou partout... des fils par ci, des coulantes par là... jessaie de limiter les dégâts en mettant de l'essuie-tout où je peux...

-Ça va ils partent bien? Me dit la cliente entre deux coups d'oeil par dessus son téléphone.

-Dans l'ensemble oui mais il faudra faire des gommages à la maison. Est-ce que vous en faites de temps en temps?

-Euh non, c'est quoi?

Je lui explique les bien-faits du gommage et tout l'intérêt de le faire 2 fois par semaines, mais comme je m'aperçois qu'elle m'écoute a peine, je décide de ne pas trop m'attarder dans des détails. Un "ok" de politesse sort de sa bouche et elle retourne aussitot à son portable. Ce n'est pas très agréable d'avoir ce type de client en cabine. Elle donne l'impression de mépriser notre travail, que l'on ne travail pas assez vite et aussi d'être son larbin...

-Voilà s'il vous plaît, cela vous convient? Lui demandais-je.

-Oui merci. Me répondit-elle.

-Parfait, je vous laisse vous rhabiller, on se retrouve à l'accueil, à tout de suite...

Je quitte la cabine et souffle de lassitude, me dirige vers l'entrée et Ofée m'interpelle.

-Sofia? Tu as reçu un appel. Me dit-elle toute contente.

-Ah bon c'est qui? Ma mère?

-C'est pas ta mère... me taquine t'elle.

-Une cliente?

-Non...

-Un homme?

-Tu chauffe!

-Un pompier?

-Tu brules!

-LE pompier?

Un hochement de tête à la verticale valide ma question...

-Il a laissé un message?

-Juste que tu dois le rappeler... me répondit-elle.

Je souris, intérieurement j'ai mon moi fofolle qui danse le "Carlton", et mon moi séductrice qui fait "Tchin" avec mon moi diablotin.

-Tiens, son numéro. Ne tarde pas trop vas-y je vais finir avec ta cliente...

Je ne me fait pas prier, prends mon téléphone dans mon casier et sort à l'arrière de l'institut là où on ne peux pas m'entendre. Je compose le numéro...

-Euh salut Antonio, c'est Sofia, tu as essayé de me joindre?

-Oui comment vas-tu ma belle?

-Ça va, au boulot mais ça va.

Tellement surprise de cette conversation que je réponds par une banalité... ma belle... j'aime !

-Parfait, tu serais disponible ce soir pour aller boire un verre? Vers 20h?

-Euh oui, oui je vais pouvoir me libérer, enfin je suis libre mais je devrais finir avant 20h...

-J'en suis ravi... nous n'avons pas fini notre conversation le dernier soir...

-Quelle conversation?

Je fais la bébête volontairement pour le faire galèrer un peu. Il rit...

-Eh bien justement... on en parlera ce soir. Je peux passer te chercher?

-Oui c'est gentil à toi... je t'envoie mon adresse...

-Pas la peine, je sais où tu habite.

-Mais comment...

-On en parle tout à l'heure, je pars en intervention. A ce soir, je t'embrasse...

Je t'embrasse... petit pincement au cœur... je n'ai pas eu le temps de lui répondre qu'il avait déjà raccroché.