Fyctia
Chapitre 15 partie 1
POV Valentin.
Devant moi, elle était totalement irrationnelle, paniquée. J'étais incapable de distinguer le bleu de son iris, car sa pupille était tellement dilatée. L'autre œil complètement blanc, rien n'était perceptible avec celui-ci, elle n'y voyait rien non plus. Je me rappelais le jour où j'avais vu l'entaille que Jackson lui avait faite avec le même poignard qui avait servi à la marquer. Tout le sang qu'elle avait perdu, c'était sûr que son œil n'allait pas survivre à ça.
Alors qu'elle avait attrapé une lame de rasoir dans mon tiroir, je venais de la plaquer contre la douche, la collant de tout mon corps pour pouvoir l'immobiliser. Mais la force qu'elle exerçait contre moi était totalement absurde, je n'avais jamais lutté avec une femme. Pour m'être battue plusieurs fois avec Xena lors de nos entrainements, elle ne faisait pas le poids par rapport à Eli.
— Cesse de tout détruire de cette manière ! Je dois sortir de ce cauchemar !
En pleine colère, j'attrapais sa gorge avec force, la poussant avec toute ma force dans la douche, lui empêchant de sortir. Maintenant que la lame ne lui était plus accessible, j'étais convaincu qu'elle ne se ferait plus de mal. Cependant, à présent, il était nécessaire que je la retire de la trans dans laquelle elle était tombée pendant son sommeil.
Après avoir passé la soirée à boire, elle a encore dormi pendant 3 jours consécutifs. Je l'avais accompagné pendant la plupart de ses 3 jours. Quand je n'étais pas avec elle, j'avais réussi à passer chez elle pour récupérer quelque-une de ses affaires qui lui appartenaient, comme certains de ses bouquins. Dont un que j'avais commencé à lire récemment.
Elle me fixait avec un regard effrayé par le geste violent que j'avais récemment commis à son égard, tenant doucement une de ses mains à son cou. Toujours aussi effrayée, son visage s'effondrait en me fixant constamment. J'ai également gardé un regard sur elle, ayant placé mes mains de part et d'autre de la sortie de la douche afin d'éviter qu'elle ne s'échappe. Je tentais de reprendre mon souffle après avoir lutté avec elle avec acharnement.
— Ne refais plus jamais ça, Connard. Crachait-elle entre ses dents.
— Faire quoi ? J'interrogeais, le souffle court. Pour éviter que tu ne te scarifies une fois de plus, Eli ? Si je continuerai à le faire encore et encore !
Elle serrait tout d'un coup les poings, commençant à arborer un sourire. Un sourire qui me disait quelque chose. Elle l'avait eu pendant qu'elle essayait de tuer Evan. Je mentirai si je prétendais ne pas ressentir de panique au plus profond de moi, ne sachant pas comment la faire rentrer dans sa routine.
— Qu'est-ce que tu en as foutre de ma gueule de toute façon, Valentin ? Je suis ici juste parce que tu as pitié de moi, ou parce que tu veux tuer Jackson plus que moi et que pour ça tu as besoin de m'utiliser ?
Je restais estomaqué par la manière dont elle venait de me balancer ça, sans aucune hésitation dans sa voix, comme si celle-ci avait pris une audace de plus à ce qu'elle avait d'habitude.
— Ne parle pas sans savoir, tu racontes de la merde.
— Arrête un peu ! Elle riait, entièrement méconnaissable. Tu continuais à accomplir tes petites tâches pendant que je m'efforçais de calmer cet idiot qui ne voulait pas sortir, et toi, tu étais où, n'est-ce pas ? Nul part, alors ne fait plus jamais de promesse que tu ne tiendras pas !
— Je t'ai toujours porté secours quand il fallait, tu es une putain d'égoïste, Eli.
— Dans mon rêve, tu incarnais le Valentin que je souhaitais, tu étais présent, je me sentais en sécurité, je ne percevais pas ce démon qui souhaitait s'échapper complètement. Alors que désormais, tu n'es plus là. En fait, tu as peut-être raison, je regrette aussi que tu m'aies amené chez Jackson. Ou alors j'aurai préféré crever la base !
Même si je savais qu'elle n'était pas maîtresse d'elle-même, mais de son monstre intérieur, mon souffle se coupait immédiatement. Je me sentais mal. Bien que je garde mes sentiments et ma distance avec elle, à chaque fois qu'il se passait quelque chose, il fallait que je m'engage. Jamais je n'avais réussi à me tenir à distance, à rester éloigné d'elle.
— Laisse-moi passer maintenant, j'ai quelque chose à finir.
Elle essayait de me repousser afin que je puisse lui permettre de se déplacer, mais sans succès. J'étais déjà profondément enfouie dans le sol, mais ce qu'elle venait de me dire avait suscité en moi une grande haine. Je souhaitais qu'elle retire sans hésitation ce qu'elle venait de me lancer, sans aucun regret dans ses yeux. Je ne la reconnaissais pas, c'était beaucoup trop dur.
Je reposais ma main autour de son cou, la repoussant à l'intérieur. J'ouvrais simultanément la douche et l'eau froide lui tomba immédiatement sur le haut de la tête, la faisant sursauter. Quant à moi, j'ai réussi à ignorer l'eau froide qui commençait à s'écouler sur mes vêtements. Je souhaitais que l'eau froide lui inflige un choc qui puisse la ramener à la raison.
Je la rapprochai de moi en utilisant ma main toujours sur son cou, laissant quelques centimètres entre nous avant de lui faire part de mes paroles.
— La personne devant moi n'est pas celle que j'ai rencontrée. Si tu m'entends quelque part dans cette petite tête brune, tu vas te battre comme jamais tu le fais si tu veux pouvoir me garder à tes côtés, comme tu le demandes depuis que tu as raccroché à Facetime avec moi pour la première fois. Tu vas faire revenir l'Eli qui avait fait preuve de gêne en étant totalement nu devant moi. Tu vas me ramener l'Eli désorientée qui oublie d'éteindre les lumières derrière elle, qui ne rebouche jamais le dentifrice et qui saute des repas dès qu'elle se sent mal.
Elle me regardait fixement, écoutant attentivement mes paroles, essayant néanmoins de retirer ma main sur son cou, mais à chaque fois qu'elle tentait de l'enlever, je lui faisais une nouvelle pression pour lui faire comprendre que c'était à peine perdu.
— Ramène-la à moi !
Elle ajustait lentement la tête de gauche à droite pour donner une réponse négative, arborant un sourire léger, levant la tête vers moi afin d'essayer d'être à la même dimension.
— Elle hésite entre les rêves et la réalité. J'ai remporté la victoire. Elle chuchotait avec une expression de haine.
— Tu vas lui permettre de revenir, car j'ai autant besoin d'elle qu'elle n'a besoin de moi !
Ça y est… L'ouverture totale de la brèche venait de se produire, j'exprimais enfin ce que je retenais depuis le commencement. Le jour où je l'avais aperçue nue sur la table de la réunion de Jackson était la seule fois où elle avait failli se déchirer en mille morceaux. Mais je m'étais résonné rapidement, me disant qu'il le payera un jour et qu'il était idiot de lui donner la satisfaction de lui donner ce qu'il cherchait.
Les yeux avaient retrouvé une légère lueur de vie avant de se figer aussi rapidement, cherchant à retirer ma main avec plus de force que les premières tentatives.
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