Fyctia
23 - Des aveux !
Lorsque je tournai la clef dans la serrure et que j’ouvris la porte de mon domicile, je trouvai Sophie, toute étonnée de me voir arriver.
— Tiens, te voilà ! s’exclama-t-elle. Je suis très contente de te voir, mais tu n’es pas retourné dormir à l’hôtel ?
J’embrassai ma petite femme tendrement et, après avoir suspendu mon pardessus au porte-manteau et déposé ma valise, je me laissai tomber sur le canapé et l’invitai à s’asseoir, comme à chaque fois que j’avais quelque chose d’important à lui dire. Elle se lova à côté de moi et posa sa tête dans le creux de mon épaule pour m’écouter.
— Non, car il s’est passé quelque chose de fâcheux et je souhaite t’en parler avant que cela ne s’ébruite.
—Que t’est-il donc encore arrivé, Monsieur Catastrophe ?
Je lui racontai alors par le menu les épisodes de harcèlement dont j’ai été la victime à l’hôtel : la salle de bains, le lit qui s’était écroulé, le plafond qui m’était tombé dessus, les flics qui ont failli m’embarquer, etc.
Bien entendu, elle a ri pendant toute la durée de mon récit. Elle ne s'ennuyait jamais avec moi.
— Non, ce n’est pas vrai ! Ça n’arrive qu’à toi, des choses pareilles !
— Oui ! soupirai-je, et avec tout ce qui m’est déjà arrivé pendant cette enquête, je pourrais écrire une pièce comique qui serait intitulée « ça n’arrive qu’à moi ». Et tu connais ma malchance légendaire ! Le pire, c’est que j’ai l’impression que nous avons été pris en photo lorsque les filles me sont tombées dessus. J’ai cru voir un éclair de flash. Cela ne m’étonnerait pas que l’on parle de moi dans un journal. C’est pourquoi j’ai préféré t’avertir. Je ne sais pas encore quelles seront les retombées en ce qui me concerne, mais je crains le pire. Je risque d’être écarté de l’enquête.
— Mon pauvre chéri ! Tu as certes été piégé, mais je suis sûre que c’est ton charme naturel qui a opéré, à ton corps défendant !
— Ah oui ! A mon corps défendant. Ça, je l’ai bien défendu mon corps ! Et de toutes mes forces, grâce au rideau de douche. Mais avec toi, ma chérie, je rendrai les armes, je ne me défendrai pas du tout !
Et c’est ainsi que s’acheva ma soirée… Je ne vous en dirai pas plus ! Tirons un voile pudique, ou plutôt un rideau, mais pas de douche cette fois, sur la scène de nos retrouvailles conjugales.
Aujourd’hui, nous avions perdu la partie face aux Marini, et ceux-ci étaient sûrement derrière ce que je considérais comme un guet-apens. Alors, une conversation avec mes élèves harceleuses s’imposait, afin de tirer tout cela au clair.
19 avril 1966
Ce matin-là, nous fumes appelés Xavier et moi dans le bureau du commissaire. Sa colère vis-à-vis de nous était retombée. Il avait réfléchi et compris que nous n’y étions strictement pour rien. Il téléphona au directeur du pensionnat afin d’obtenir un rendez-vous et avoir avec lui une explication franche. Celui-ci étant disponible immédiatement, nous y allâmes tous les trois dare-dare afin de mettre les choses au point.
Nous entrâmes dans son bureau et celui-ci nous invita à nous asseoir en face de lui.
Et Bertier, tel que nous le connaissons, sourcils froncés et tête baissée, tel un taureau prêt à charger, n’y alla pas par quatre chemins :
— Je vous informe que l’inspecteur Lenormand a été agressé hier soir, dans sa chambre d’hôtel par cinq jeunes filles de Terminale. Elles se sont introduites dans sa chambre à son insu et l’ont agressé physiquement alors qu’il sortait de sa salle de bains. Je suppose que vous êtes au courant.
A cet énoncé, le directeur ouvrit des yeux grands comme des soucoupes. Apparemment, il ne savait rien.
— Mais, comment sont-elles sorties ? Pouvez-vous me dire de quelles élèves il s’agit ? bredouilla-t-il,
— Je ne connais pas leurs noms, intervins-je, mais je pourrais les désigner.
— Mais, de quel genre d’agression s’agit-il ?
— C’est délicat de vous l’expliquer comme cela, répondis-je, gêné. L’une d’entre elle s’était introduite dans ma salle de bains pendant que j’étais dans ma baignoire et m’a volé ma serviette. N’ayant pas de peignoir et ne pouvant sortir tel quel, je me suis enveloppé dans le rideau de la douche pour en sortir. Et c’est quand je suis allé dans ma chambre pour la récupérer que d’autres élèves me sont littéralement tombées dessus.
— Tombées dessus ? hoqueta-t-il.
Je voyais qu’il devenait de plus en plus cramoisi, quasiment au bord de l’apoplexie et j’hésitais à poursuivre. Mais le regard de Bertier m'encouragea à continuer.
— Elles ont alors sauté sur moi et m’ont fait chuter dans mon lit, qui s’est brisé sous notre poids.
— Elles étaient tombées sur vous, dans votre lit ?
J’ai bien cru qu’il allait s’étouffer. Heureusement que je n’avais pas dit qu’elles m’embrassaient tout en mettant leurs mains partout et cherchant à arracher mon rideau… il en aurait eu une attaque.
— J’ai été témoin de cette agression, intervint Xavier. Entendant des bruits, je suis entré dans la chambre et je les ai vues affalées sur l’inspecteur et tentant de l’embrasser de force. Mon collègue tentait de se défendre. J’ai fini par les faire déguerpir, avec bien du mal, d’ailleurs.
— Le problème, poursuivis-je, c’est que je crois que j’ai été photographié, car j’ai cru apercevoir un éclair de flash. Je pense que c’est une tentative pour me décrédibiliser dans mon enquête. Si ces photos sont diffusées, je risque gros, et mon enquête risque d'être entravée.
Le directeur après ces émotions, alla boire un verre d’eau, reprit alors sa couleur normale et aussi le dessus.
— On va voir immédiatement la classe de Terminale et vous allez désigner les coupables, puis on va les interroger ! dit-il d‘un ton énergique.
Nous nous rendîmes donc au pas de course dans la classe et je désignai les cinq coupables. N’étant pas une balance, je n’aime généralement pas dénoncer, mais c’était vraiment nécessaire. Elles furent sommées de nous accompagner dans le bureau du proviseur.
Alignées en rang d‘oignon, devant le bureau, se tenant droites et le menton levé, elles nous bravaient avec un air de défi.
Le directeur les passa en revue et les questionna d’un ton sévère.
— Alors ! Il paraît que vous avez agressé M. Lenormand en vous rendant dans sa chambre, dit-il en me désignant. Reconnaissez-vous les faits ?
Bien évidemment, elles nièrent.
— Savez-vous que vous avez agressé un inspecteur de police ? s’exclama Bertier, alors avouez ! Qu’étiez-vous donc venues faire dans sa chambre ?
— C’était pour faire une plaisanterie, lança du bout des lèvres, Isabelle, la blonde au chignon.
— Une plaisanterie ? Plutôt un guet-apens qui peut coûter cher à l’inspecteur Lenormand !
— Nous ne savions pas que c’était un policier, nous pensions qu’il était prof d’anglais, enchaîna Caroline, la rouquine à couettes. Et puis…
— Et puis quoi ? questionna le proviseur.
— Il est tellement mignon… dit-elle en rougissant.
On entendit un boum ! C’en était trop ! Le proviseur était tombé dans les pommes. Et moi, rouge comme un coq, je ne savais plus où me mettre…
(à suivre…)
20 commentaires
Gwenaële Le Moignic
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Catherine Domin
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nofaceuser
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Maria Karera
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Catherine Domin
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Jehan Calu de Autegaure
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Catherine Domin
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~ Coquelicot♡
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Catherine Domin
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Dixy
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Il y a 7 mois