Solveig Andersen Dioscures 8. Before present

8. Before present

Bourbaki, adepte de la méthode expérimentale, n’acceptait pas le résultat du carbone 14. Il voulut le conforter avec d’autres méthodes de datation. Aussi toutes les méthodes pour dater des objets « Before present » furent passées en revue : thermoluminescence, datation par l’uranium-thorium…


La juge Duboisier rechignait à payer des expériences coûteuses destinées à mettre à mal le discours d’une jeune meurtrière présumée et pas très équilibrée. Mais elle se fit violence et accepta de passer l’émeraude au test de la thermoluminescence. Le résultat fut sans appel : la pierre n’entrait même pas dans l’échelle de datation : l’émeraude avait été extraite il y a moins de cent ans, ce qui confortait l’expérience du carbone 14 sur le bois. La petite mytho s’était bien foutue de leurs gueules !


Pourtant, l’instinct de Bourbaki ne l’avait jamais trahi : il y avait forcément du vrai dans ce que disait cette gamine. C’est Sôteriatre qui se résolut à confronter le discours de Louise à la réalité scientifique.


- Mademoiselle, votre histoire a été suffisamment convaincante pour que nous éprouvions le besoin de la conforter scientifiquement. Malheureusement, vous avez coûté une petite fortune à la République, et tout ce qui a pu être prouvé, c’est que votre bracelet date probablement de la fin du XXème siècle. Il n’a rien d’une mystérieuse pièce à conviction romaine !


- Donc, vous ne me croyez pas ?


- Non, je ne vous crois pas. Vous vous attendiez à quoi ?


- Alors je vais rester enfermée là… jusqu’à la naissance de mon bébé… et après ?


- Mademoiselle, je vous ai laissé votre chance. Vous me dites que votre bracelet date de la période de l’éruption du Vésuve en 79 après J.C., et la science me confirme qu’il n’a pas cent ans. Soyez raisonnable, tenez un discours compatible avec la réalité. Avouez le meurtre de votre cousin et peut-être la justice sera-t-elle clémente. Avec l’excuse de minorité, votre état de grossesse et un bon avocat, vous fêterez votre 30ème anniversaire avec vos amis.


Un hurlement de bête sauvage emplit les couloirs de l’hôpital psychiatrique. Pire que tous les autres. Il y avait du désespoir et de la détermination dans ce cri. Louise devint cramoisie de rage et tambourina à la porte de sa cellule, elle se battit jusqu’à épuisement.


- Je ne l’ai pas tué. C’est pas moi. Comment faut-il que je vous le dise ? Vous êtes vraiment trop con. Je veux parler à l’autre, au flic, Bourbaki. Oui lui il me comprendra.


- Comme moi, le capitaine s’appuie sur les conclusions des analyses scientifiques. Il vous tiendra le même discours…


- Connard, l’interrompit-elle. Tes analyses de merde ne prouvent rien. Tu n’es qu’un pauvre type qui passe ses journées à Sainte-Anne depuis trente ans. Je suis sûre que ta femme t’a quitté. C’est toi qu’on devrait enfermer ! Tu ne l’as pas trouvé où je t’avais dit, ce putain de bracelet ? Il n’était pas comme je t’avais dit ?


- Si mais il n’a pas 2000 ans !


- Pauvre type, évidemment qu’il n’a pas 2000 ans. Avec Julien quand on est revenus de Pompéi, ça s’est fait en un instant. Le temps d’agripper ce truc, et paf on était revenus en 2015… Si tes amis étaient capables de dater ce bordel, c’est 6 ans qu’il faudrait trouver, pas le XXème siècle ou je sais pas quoi !


- Je vais devoir vous administrer des calmants plus puissants…


À son réveil, Louise aperçut le visage familier de Bourbaki et lui sourit. Tout lui revint en mémoire…


- Monsieur, aidez-moi ! Je ne veux pas finir en taule, je ne veux pas accoucher enchaînée à la table de travail.


- Bonjour Louise, alors aide-moi à t’aider !


- Vous me croyez ?


- Peut-être… Il va falloir tout me dire, à moi. Je vais tout faire vérifier, mais il ne faut pas me mentir.


- Je n’ai jamais menti. Vous avez bien trouvé le bracelet ?


- Oui


- Les deux photos de l’inscription en latin ?


- Non, on n’a rien trouvé de tel dans ton téléphone. Et pourtant on a mis les meilleurs informaticiens sur le coup.


- 2015-2021… Depuis six ans, vous avez gardé le même téléphone, vous ? Moi pas je vis avec mon temps ! Les photos on les a transférées sur l’ordinateur de Julien.


- Je vais les trouver alors ? Vous avez d’autres photos de vos voyages dans le temps ?


- Oui. Elles sont très bien classées dans l’année 2015. Il y a d’autres photos, mais je vous préviens tout de suite, la qualité est assez médiocre…


- Ben voyons.


- Je vous en supplie croyez-moi. Si vous êtes patient, je vous raconterai tous nos voyages dans le temps avec Julien.


- J’ai tout mon temps.




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8 commentaires

cedemro

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Il y a 3 ans

Elle aurait dû lui fournir ce détail avant pour les photos!

Oona Rose

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Il y a 3 ans

La pauvre n'est pas sortie de l'auberge, mais elle semble avoir de la ressource. J'aurais juste une remarque (qui n'engage que moi) : elle s'énerve un peu, devient vulgaire et bim, il la shoote. Cela me semble un peu invraisemblable. Généralement, on ne fait appel à la contention chimique que si le patient présente des danger pour lui ou pour les autres ; or là, tu ne nous donne rien qui justifie la nécessité de sédater Louise. Je te donne sans doute l'impression de chipoter sur des détails, mais si à mon sens, il faut que ton histoire reste crédible puisque tu l'as inscrite dans notre réalité (même si le récit est imaginaire, j'entends bien).

Solveig Andersen

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Il y a 3 ans

Tu as raison : les détails font le sel du récit. Je pense que la suite devrait te plaire un peu plus :)

Oona Rose

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Il y a 3 ans

Oh, mais le récit me plait déjà beaucoup ;)

Oona Rose

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Il y a 3 ans

(Ziout, j'ai validé >.<) je fais juste ma gourmande en matière de descriptions ^^

Merixel

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Il y a 3 ans

J'aime beaucoup ton histoire, j'ai hâte de connaître la suite😉

Merixel

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Il y a 3 ans

Coup de pouce en attendant de finir ma lecture :)
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