Vana Aim Deux cœurs fracassés pour Noël Suite chapitre 3

Suite chapitre 3

Je respire profondément, m’efforçant de calmer ce torrent d’émotions. Inspirer, expirer. Des exercices appris en thérapie pour ne pas me laisser submerger. Les larmes coulent encore, mais je reprends peu à peu le contrôle. Je continue de ranger, même si chaque geste me rappelle leur absence.


Quand je finis par lever les yeux, je réalise que la pièce a besoin d’un coup de neuf. Ces murs, ternes et défraîchis, ne me ressemblent plus. Ils sont encore figés dans une époque révolue, dans un passé que je dois désormais apprivoiser, non fuir. Une nouvelle peinture, quelques décorations… Je commence une liste mentale des matériaux nécessaires.


Ce chalet doit devenir un cocon. Pas pour oublier, mais pour avancer. La douleur de la perte ne disparaîtra jamais, mais je peux apprendre à composer avec elle. À vivre pour eux, malgré tout.


Je m’accorde une pause et décide d’aller faire mes achats. Je me rafraîchis rapidement dans la salle de bain, réajuste mes cheveux pour être présentable, puis attrape mes affaires, ma liste, des cabas, deux cartons pour ranger mes trouvailles dans la voiture, mon sac à main, et mes clés.


L’air frais des montagnes me cueille lorsque je sors. Après avoir verrouillé la porte, je monte dans ma voiture et prends la route de la grande ville la plus proche. Une heure de trajet, guidée par le GPS, à travers des routes bordées d’arbres majestueux. Je serpente entre les virages, jusqu’à atteindre une grande départementale.


Encore vingt kilomètres, mais la circulation est dense. Une fois arrivée, je tourne un bon moment dans le petit parking, cherchant désespérément une place, puis je réussis enfin à me garer.


Et maintenant, à moi les rayons interminables des magasins…


Mon listing en main, je pénètre dans la première enseigne de bricolage. D’un rayon à l’autre, je remplis mon caddie de tout le matériel nécessaire pour mes projets. Peinture pour les murs, ruban de masquage, pinceaux… J’ajoute deux longues tringles à rideaux pour le salon et deux plus petites pour les chambres. Après être passée en caisse, je range mes achats dans la voiture et poursuis ma tournée des magasins, à la recherche de tout ce qui pourrait habiller mon nouveau chez-moi à mon image.


J’ai une idée précise de la décoration que je souhaite, mais je laisse place à un peu de spontanéité, par pur plaisir, je pousse la porte d’enseignes inconnues, curieuse de ce que je pourrais y dénicher.


À mesure que la journée avance, mon estomac proteste, car je n’ai rien mangé depuis ce matin. Je m’arrête dans une petite brasserie, où je commande une blanquette de veau. Tandis que je savoure ce plat réconfortant, je profite de ce moment pour vérifier mes achats. Je dois admettre que la cuisine n’a jamais été mon point fort, souvent, je saute des repas par simple manque d’appétit, et ces derniers mois n’ont rien arrangé. Pourtant, aujourd’hui, le grand air semble avoir réveillé ma faim.


Rassasiée, je reprends ma quête. En passant devant une immense vitrine, un abat-jour attire mon attention. Sa simplicité et son élégance s’accorderaient parfaitement avec les poutres et lambris du chalet. Rien d’imposant, car je veux que mon intérieur reflète qui je suis, avec des lignes épurées et des teintes naturelles. Pour moi, la pureté et l’ordre sont une source d’inspiration.


J’ai d’ailleurs déjà imaginé mon atelier dans le garage de mon grand-père. Cependant, avant de m’y installer, des travaux seront nécessaires, comme pour commencer, une bonne isolation et un revêtement de sol pour couvrir la dalle brute. Ces tâches dépassent mes compétences, et je vais devoir en discuter avec l’entrepreneur.


Une fois ma liste complètement cochée et mes emplettes terminées, bricolage, déco et courses alimentaires inclus, je retourne à ma voiture, le coffre chargé à ras bord. Sur le chemin du retour, je décide d’emprunter un nouvel itinéraire pour éviter quelques virages, et cette route me mène de l’autre côté du village, au bord du lac.


Déjà autrefois, j’aimais cet endroit. Aujourd’hui, il a conservé toute sa splendeur. Je me promets d’y revenir bientôt pour profiter d’une balade au bord de l’eau, bercée par la sérénité de ce cadre apaisant.


En traversant les rues, je découvre les décorations de Noël qui illuminent les espaces, et mon cœur se serre.


Will adorait cette période de l’année. Chaque mois de décembre, il transformait notre maison en un véritable chef-d’œuvre. Il y consacrait des heures, peaufinant chaque détail pour que tout soit parfait. Notre habitation devenait incontournable dans le quartier, et les familles venaient admirer le spectacle lumineux projeté sur notre façade.


À la naissance de notre fille, il avait investi tout le jardin pour rendre la féerie encore plus magique. Des ours polaires côtoyaient les rennes du Père Noël, et des bonshommes de neige accueillants bordaient l’allée. Stella était émerveillée, et j’entends encore son rire cristallin, lorsque Will mettait en route la musique et que les lumières dansaient au rythme des chansons de Noël.


Je la revois, emmitouflée dans sa combinaison beige d’ourson, avec sa petite écharpe blanche en laine, que j’avais tricotée de mes mains. Ses joues rouges de froid, ses yeux pétillants…


Mais ces souvenirs sont un poignard. Je ne reverrai plus jamais son sourire, ni n’entendrai son rire. Ces instants appartiennent à un passé que je ne peux plus toucher. Mon cœur se serre sous le poids de l’absence.


Lentement, je poursuis ma route sur l’avenue principale, le regard brouillé, jusqu’à atteindre enfin mon chalet.


Je me gare enfin dans la cour avant du chalet, le portail toujours ouvert depuis le passage du Grinch.


En admirant cette vieille bâtisse, je saisis mon téléphone et commence à chercher les coordonnées d’un entrepreneur, avant même de sortir de la voiture. Le premier sur la courte liste de Google est bien noté, alors je compose rapidement son numéro pour fixer un rendez-vous.


Par chance, l’homme, très agréable au téléphone, accepte de me rencontrer dès demain après-midi pour discuter des travaux à envisager, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et après lui avoir donné l’adresse, je raccroche et m’attelle à sortir tous mes achats.


Je déverrouille la porte, pose mes sacs à même le sol du salon et soupire à la perspective de tout le travail qui m’attend.

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2 commentaires

MarjorieM

-

Il y a 17 jours

Petits likes d'encouragement ! Bon concours 😊

Vana Aim

-

Il y a 17 jours

Merci
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