Fyctia
Chapitre 1 & 2.1
1. Le monde semble si familier et inconnu à la fois.
Me donne-t-on une seconde chance ? Une nouvelle vie ?
Le mériterais-je ?
2. Je suis cachée entre les arbres, penchée sur l’une des solides branches qui s’était retrouvée sur ma route. Mes mouvements se veulent discrets, tandis que mon ouïe tente de discerner un son quelconque. Cela fait un moment que j’attends au même endroit, sans avoir essayé de me déplacer au risque de me faire remarquer. De toute manière, rien ne presse, la patience est parfois vertu et surtout maintenant.
Des grincements progressifs m’éjectent de mes réflexions. Je me mets aux aguets, tournant lentement la tête en direction de ces pas qui s’éclaircissent de plus en plus dans mes tympans. Il s’approche de plus en plus jusqu’à en faire apparaître son ombre, puis sa tête et enfin, m’accorder une vue d’ensemble sur son grand corps entraîné et bien tracé. Il est évident qu’il a l’habitude de se battre et de gérer les situations dangereuses, surtout au vu des nombreuses cicatrices qui sont gravées sur sa peau.
Mes moindres gestes se feront entendre par ses oreilles à l’ouïe surdéveloppée, alors ils devront être directs et affirmés pour provoquer l’effet de surprise. Je reste immobile et l’observe attentivement. Lorsqu’il se présente quasiment en-dessous de moi et de manière parallèle, je déplie mes genoux et saute de branche en branche avec une souplesse.
Au moment où il lève le visage vers moi, j’étais déjà tombée sur mes deux pieds à ses côtés, une dague en main et prête à prendre son cou en otage. Seulement, l’espoir que j’avais en moi s’évanouit quand ma hanche subit une pression pointue. Je reporte mon attention sur lui, adoptant un air tout d’abord sévère sur le visage avant d’afficher un grand sourire amusé.
— Rapide, très rapide, dit-il, mais pas assez.
Je suis rapidement intimidée par ses griffes pointues et coupantes, mais ma vision change brusquement de direction. Mes jambes ne ressentent plus le contact du sol, menant ainsi mon corps à une glissade soudaine et douloureuse, mais cette fois-ci, sur les fesses. Je gémis de douleur et fais la moue en remarquant mes pieds entourés d’une queue longue et fine, qui lui confère de grandes facilités pour m’attraper.
— Ce n’était vraiment pas nécessaire, en plus d’être de la triche.
— Je sais, répond-il, c’était juste pour m’amuser.
Je lève les yeux au ciel alors qu’il rit de bon cœur face à ma chute brutale. Bien heureusement, ou pas, le fait de tomber est devenu une habitude à force d’entraînement, et particulièrement face à celui qui m’enseigne l’art du combat et le maniement des armes.
Thalion Oak, le chef du Diamant Faunique, mais surtout le seul qui a accepté de me guider et de me former pour devenir une gardienne cristalline. Ils ont été réticents à l’idée de m’accueillir dans leur rang, mais obtenir ce grade est l’un des moyens mis à ma disposition pour m’intégrer dans cette société et montrer mes valeurs. Je n’ai pas eu d’autres choix que d’insister.
Je m’étais réveillée des semaines auparavant dans un lit blanc, et dans une pièce très lumineuse à m’en faire mal aux yeux, et une vision plongée dans le chaos le plus profond. Aucune mémoire ne m’était parvenu, et encore aujourd’hui, il m’est difficile de me souvenir du passé. On m’a parlée de mon état lorsque l’on m’a retrouvée devant leur demeure, mais cette scène me semblait tout aussi vague que mon histoire.
Cette période a été bouleversante. Le seul indice que j’ai gardé de mon passé est un bijou avec une écriture de mon prénom : Ellyn. D’ailleurs, j’aurais probablement dû passer par cette étape.
Je suis Ellyn. Ellyn quelque chose, une femme perdue et totalement inconsciente de son passé et vidée de sa mémoire. La raison ? Je ne saurais vous répondre. Les infirmiers m’en ont évoqué les plus probables, et en même temps les plus rares. Cela peut être un très gros traumatisme, mais ils avaient aussi envisagé que j’étais une menteuse qui vient pour accomplir une mission risquée et dangereuse pour la sécurité de la Cité d’Aara. Même après avoir passé des tests de mensonge fatigants et redondants, les doutes de certaines personnes continuent à planer. Nous ne savons même pas exactement ce que je suis et d’où je viens. Tout ce que je sais, c’est que je suis livrée à moi-même et que je vais devoir m’habituer à cette vie et à ces méfiances.
Pour cela, il faut que je m’intègre.
Thalion est adorable de m’aider à m’en sortir. Il n’a pas hésité se proposer lorsqu’il a vu que personne ne voulait le faire. Je vois pourtant que son grade de meneur lui occupe une grande partie de son temps. De tous les meneurs, il est le plus accessible et le plus serviable, bien qu’assez intimidant lorsqu’on ne le connaît pas.
Que dis-je, tu ne vois probablement pas de quoi je veux parler. Nous ne sommes pas dans un royaume, ni dans un quelconque endroit où une seule personne règne. Ici, c’est un groupe que l’on nomme les Chefs Cristallins qui dirigent la Cité, et qui gèrent les diverses missions qui sont données ou créées par eux-mêmes. Ces meneurs sont répartis en sept catégories de couleur liées à leur pouvoir. Ils se basent sur leur source de magie : la force du Diamant Suprême. Ils ont les mêmes objectifs qui sont d’assurer la protection de leurs habitants tout en venant en aide aux victimes étrangères et aux régions alliées.
Le domaine d’expertise de Thalion est lié au Diamant Brun, qui représente les pouvoirs en rapport avec les animaux. C’est la raison pour laquelle il est si compliqué de le surprendre avec ses sens surdéveloppés lorsqu’il change un membre pour le remplacer en une partie animale. Cela me faisait peur au début, mais Thalion est quelqu’un de très doux et agréable, ce qui a rapidement contré mes réticences et mes peurs.
Nous marchons en direction du quartier général, où se trouvent généralement les Gardiens Cristallins, particulièrement en journée, et très peu de civils qui sont dans les villes plutôt commerciales. Je ne suis pas considérée comme l’une des leurs, que ce soit dans la citoyenneté ou dans la protection, mais une victime mystérieuse et suspecte qu’ils doivent gérer et surveiller le plus au détriment de la sécurité d’autres personnes.
— Tu ne dois jamais, absolument jamais, baisser ta garde face à un ennemi.
Il me l’a déjà dit hier, et même avant-hier ou la semaine dernière, mais il me le répète sans cesse. C’est la règle la plus basique et la plus importante, et il a tellement été dit que mon esprit a fini par se l’imprimer dans le crâne.
Je sais que c’est pour mon bien. De toutes les personnes que j’ai rencontrées, il fait partie de celles qui se soucient de mon sort et qui veulent me voir évoluer alors que j’ai moi-même un doute sur ma personne. Après tout, qui sait ce que je faisais à ma vie d’avant ?
4 commentaires
Lexa Reverse
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Il y a 3 ans
Mollusk20
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Il y a 3 ans
Margaux Lacroix
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Il y a 3 ans
Erion Erehtnap
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Il y a 3 ans