Fyctia
Chapitre 51
Nous nous détachons l’un de l’autre et nous regardons, un sourire stupide plaqué sur le visage. Le silence flotte autour de nous quelques instants, comme si nous ne savions pas très bien de quelle manière réagir suite à cet interlude sensuel.
Je suis encore un peu étourdi par notre étreinte, et je crois que lui aussi. J’ai encore du mal à appréhender ce qui vient de se produire. Que Noah se soit montré si spontané. Je sais que je me prends bien trop la tête, et je crois que c’est une bonne chose qu’il ne soit pas comme moi, mais je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire ce pas envers moi. Non pas que je regrette. Carrément pas. Bon sang, c’était si bon. Tellement que je n’ai qu’une envie : redécouvrir cette sensation, et plus encore. Explorer chaque recoin de son corps, lécher sa parcelle de sa peau. Je tente de calmer mes ardeurs. Je crois qu’il est encore un peu tôt pour aller plus loin. Sans compter que je suis déjà repu, et que je souhaite profiter à fond. L’attente va être d’autant plus difficile à présent, mais alors cela n’en deviendra que meilleur.
Je me racle la gorge, et déclare :
— Je crois que nous nous sommes un peu laissé emporter.
Il hausse les épaules.
— Il fallait bien que l’un de nous prenne les choses en main.
Je grimace devant son jeu de mot douteux, ce qui le fait ricaner. Il se penche vers moi et effleure mes lèvres des siennes.
— On devrait peut-être penser à bouger si on veut arriver à temps pour le petit déjeuner.
J’acquiesce faiblement, mais reste immobile. Noah finit par me tendre une serviette, et quinze minutes plus tard, nous quittons notre chambre pour démarrer la journée, de très - très – bonne humeur.
***
Après un petit déjeuner rapide mais copieux dans la salle à manger cosy de l’hôtel, Noah déclare qu’il souhaite visiter Hyde Park. Il ne fait pas très beau ce matin, et une fine bruine à fait son apparition. Cela ne semble pas le décourager, bien au contraire, et c’est toujours aussi enthousiaste qu’il me suit à travers les dédales du métro pour arriver à bon port.
Comme je l’avais prédit, l’endroit est noir de monde, et pour cause. Tous les hivers, se tient « Winter In Wonder land », une sorte de fête foraine sur le thème de Noël. Ce qu’apparemment, Noah n’avait pas prévu, au vue de son expression de franche surprise.
— Alors, il n’en parlait pas dans ton guide ? je demande sur le ton de la plaisanterie.
Pour toute réponse, il m’offre un regard noir qui me fait éclater de rire.
— J’ai dû louper l’info, marmonne-t-il en se frayant un chemin entre la hordes de gamins courant dans tous les sens et de parents s’époumonant pour obtenir – en vain – leur attention.
— Tu sais, on n’est pas obligé de s’offrir un bain de foule. Il suffit de s’éloigner un peu et on pourra aller se balader tranquillement jusqu’à la Serpentine. Il y a pas mal de sculptures de ce côté-ci, je lui indique en pointant du doigt devant moi. Et ça sera certainement plus calme et reposant.
— Tu parles comme un vieillard, dit-il d’un ton moqueur.
Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre, à ce que je vois.
En avisant ma tête contrite, son sourire s’étend et il lève la tête pour m’embrasser brièvement.
— J’ai très envie d’aller y faire un tour, ça te dit ?
— Comme tu veux.
Ni une ni deux, il m’attrape par la manche et me tire pour que je suive la cadence vive de ses pas.
Nous déambulons paresseusement entre les cabanes en bois du marché de Noël. Il y a énormément de monde, à tel point qu’il devient difficile d’approcher certains chalets, le froid est mordant, nos joues rosis par le vent, nos mains glacés. Mais peu importe. L’ambiance chaleureuse, les rires qui fusent de toute part, les délicieuses senteurs de cannelle, de sucre, et de chocolat, les doigts de Noah noués au miens, suffisent à me réchauffer. Nous parlons peu, comme toujours, mais je commence à m’y habituer. Noah n’est pas quelqu’un de très loquace, mais sa présence me suffit. Il me remplit de ses sourires, de ses yeux grands ouverts qui pétillent d’allégresse. Marcher côte à côte, son corps tout contre le mien, me suffit amplement. Bien sûr que j’aimerais qu’il se dévoile un peu plus, mais je sais aussi que rien ne sert de le bousculer. J’en ai fait l’amère expérience, et je ne compte pas la réitérer.
Un peu plus tard, nous nous arrêtons près d’un stand de churros. J’ai beau répéter que nous venons à peine de petit déjeuner, cela ne dérange pas le moins du monde Noah. Au contraire, il ne se prive pas pour acheter deux chocolats chauds et un cornet remplis de beignets recouverts de sucre.
— Tu ne vas plus avoir faim ce soir, et ça va vexer ma mère !
— Ne t’inquiète pas, quand il s’agit de manger, je suis toujours partant, retoque-t-il en m’offrant un clin d’œil.
C’est vrai. Maintenant que j’y pense, je réalise que Noah mange toujours avec appétit et ne laisse jamais rien dans son assiette. S’il agit de même ce soir, il va devenir le nouveau chouchou de ma famille.
Nous réussissons non sans mal à dénicher un banc qui vient à peine de se libérer. Noah se précipite dessus et nous commençons à déguster nos gourmandises sans nous faire prier. Il ne faut que peu de temps avant que l’intégralité des churros soit avalée. Je fais passer ma dose de sucre avec mon chocolat chaud et me tourne pour regarder Noah. Un sourire attendrissant nait sur mon visage en avisant sa bouche couverte de cristaux blancs. Trop tentant. Impossible d’y résister. Et je n’en ai pas la moindre envie. Tout prétexte est bon à prendre pour le goûter. Je me penche vers lui et l’embrasse doucement, laissant ma langue courir sur ses lèvres pour chasser les reliquats de sucre. Il se tend lorsqu’il comprend que je compte faire durer ce baiser, mais je fais en sorte de le détendre rapidement.
Je réalise qu’il doit craindre le regard des autres, mais de mon côté, je m’en fous complètement. Nous ne faisons rien de mal, au contraire et je ne compte pas me réfréner pour plaire à des inconnus.
Son corps se relâche et bien vite, il se laisse envahir par mon souffle. Gémit contre ma bouche. Je frissonne en sentant ses doigts gelés emprisonner mon visage pour approfondir notre étreinte. Lorsque nous nous séparons, le rouge de nos joues n’est plus seulement la conséquence du froid.
— Bon, maintenant qu’on a avalé toute cette graisse, il est temps de l’éliminer.
Il fronce les sourcils.
— Hein ? Tu comptes m’obliger à aller faire un footing ?
Il semble tellement horrifié par cette idée que je ne peux m’empêcher d’éclater de rire.
— Non. Mieux que ça…
Je fais une pause, histoire de ménager mon effet, mais surtout parce que sa tête toute renfrognée est vraiment trop mignonne.
— Crache le morceau, James.
Je tends le bras et pointe l’immense place dégagée à quelques mètres de nous.
— Chausse tes patins, Noah, il est temps de me montrer ce que tu vaux sur la glace !
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IsabellLamberetAdell
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Sara Devan
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