F.V. Estyer Désirs défendus Chapitre 48

Chapitre 48

Je me sens vraiment con. Merde, je savais pourtant que je n’aurais pas dû insister. J’agis comme le dernier des abrutis. Et je m’en mords les doigts.

J’ai envie de le prendre dans mes bras, de le serrer fort contre moi et de lui demander de me pardonner pour ma maladresse. Mais j’ai l’impression que ça ne ferait qu’empirer les choses. Parce qu’à la manière qu’il a de tourner la tête pour sécher ses larmes, je comprends qu’il préfère que je fasse comme si je n’avais rien remarqué. J’avale ma bière d’une traite et la pose un peu trop brutalement sur la table en bois.

— Est-ce que tu veux rester un peu ici ? je demande, pour essayer de rompre le malaise qui plane entre nous.

Noah secoue doucement la tête.

— Je crois que je préférerais rentrer, si ça ne te dérange pas.

— D’accord.

J’ai à peine donné mon assentiment qu’il est déjà debout en train de se diriger vers la sortie. Je passe une main dans mes cheveux, un peu désemparé et, les épaules basses, le suit en me morigénant.

Le chemin jusqu’à l’hôtel se déroule en silence, seulement perturbé par le bruit de nos pas et les éclats de voix des personnes que nous croisons. Noah marche à vive allure, une cigarette aux lèvres. De mon côté, je remonte le col de mon manteau et enfouis le nez dans mon écharpe pour me protéger du vent.

Une fois dans la chambre, nous nous déshabillons en silence. Noah s’enferme dans la salle de bain le temps de se brosser les dents et de se changer puis me laisse la place. Il ne porte rien d’autre qu’un pantalon de survêtement à présent et, une fois encore, je ne peux m’empêcher d’admirer son corps fin et tonique, sa peau caramel, son tatouage qui ondule au gré de ses pas. Je détourne tant bien que mal le regard pour éviter de le dévorer des yeux plus longuement et ferme la porte derrière moi.

De retour dans la chambre, je découvre immédiatement que Noah est déjà enfoui sous les couvertures et me tourne le dos. Mon ventre se tord en constatant qu’il semble plus mal qu’il n’a voulu le laisser paraître. Je sais qu’il n’est pas en colère contre moi. Qu’il est simplement triste. Que cette conversation a rouvert certaines plaies. J’ai envie de me taper la tête contre les murs pour me punir de ma stupidité. Franchement, essayer de le faire parler de son frère en taule, pas le meilleur moyen pour passer un moment joyeux.

Je soupire, éteins les lumières et me faufile sous la couette à mon tour. Je reste un long instant allongé, les bras le long de mon corps, sans bouger, ne sachant pas trop comment me comporter. Comment me positionner. Alors Noah décide pour moi.

Je sens sa main glisser dans la mienne et me tirer délicatement vers lui. Je ne me fais pas prier et quelques secondes plus tard, mon torse est collé à son dos, mon bras passé au-dessus de sa taille, mes doigts enroulés autour des siens.

Mon visage se niche au creux de son cou. Je respire son odeur. Ferme les yeux. Me laisse bercer par son souffle régulier. Écoute les bruits étouffés en provenance de l’extérieur. Je reste si longtemps ainsi que je suis pratiquement certain que Noah s’est enfin endormi. Je dépose un baiser sur son épaule nue.

— I’m so sorry for ruining everything, je souffle, bien conscient qu’il ne m’entend pas.

J’appose mon front contre son dos. Je me sens coupable. Terriblement. De lui imposer ça. De ne pas pouvoir être assez patient. De vouloir le pousser à se confier. De vouloir à tout prix qu’il se raconte à moi. De l’obliger à penser à tout ça. Et dire que j’espérais qu’en venant ici, il oublierait son quotidien. Et voilà que je suis celui qui le lui balance en pleine gueule. Putain, je suis un vrai connard.

Je me rallonge à ma place, la gorge serrée. Pendant un temps infini, je garde les yeux rivés au plafond noyé dans les ténèbres. Impossible de fermer l’œil. Pas alors que Noah se tient juste à côté de moi. Si proche que je n’arrive à penser à rien d’autre qu’à son corps à demi nu. À sa peau chaude. À la crainte d’avoir encore tout foutu en l’air avant même d’avoir eu le temps d’aller plus loin. Je suis bien trop énervé contre moi-même pour espérer parvenir à trouver le sommeil.

Je finis par me redresser et m’asseoir sur le bord du lit. Je me frotte le visage du plat de la main, me demandant ce que je pourrais bien faire. Je crois que je devrais prendre l’air quelques minutes. Ça me permettra peut-être de me remettre mes idées en place. D’apaiser toutes ces pensées qui s’entrechoquent. De me calmer. D’arrêter de m’en vouloir.

Je viens à peine de chausser mes baskets qu’une lumière jaillit du côté droit du lit. Noah se frotte les paupières de ses poings et m’observe.

— Où tu vas ? demande-t-il d’une voix rauque.

— Aux toilettes. Rendors-toi.

Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité ? Franchement, aucune idée. Je crois que j’ai peur qu’il pense que je le fuis. Ou une connerie du genre. Je ne suis plus trop en état de réfléchir correctement. Mon cerveau est déjà plein de tout un tas de trucs qui le parasite.

Il fronce les sourcils et me détaille de la tête aux pieds.

— Et tu as besoin de tes chaussures et de ton manteau pour ça ?

Merde. Merde, merde, merde.

— Heu… non, je réponds, penaud.

— Tu allais sortir alors ?

— Ouais. Je voulais juste prendre l’air.

Il me fixe de son regard émeraude, avec tant d’intensité que j’ai l’impression qu’il essaye de pénétrer mon esprit pour découvrir ce que je lui cache.

— Est-ce que tout va bien ? s’enquiert-il d’un ton inquiet.

Je déglutis. Dois-je lui mentir ? J’hésite. Je crois que ça ne servirait pas à grand-chose.

— Pas vraiment, non.

Son visage se ferme. Ses traits se crispent.

— Est-ce que c’est à cause de ma réaction ? souffle-t-il, d’un air coupable.

Je me précipite vers lui, m’assoie sur le lit et emprisonne son visage entre mes paumes.

— Non. Non. Pas du tout. C’est plutôt à cause de la mienne.

Il esquisse un petit sourire.

— Je suis désolé, Noah.

— Je crois que nous passons bien trop de temps à nous excuser, déclare-t-il tout d’un coup, et je me surprends à éclater de rire.

— Je crois que tu as raison.

Son sourire s’élargit. Illumine la pièce. Je me penche vers lui. Pose mes lèvres sur les siennes. Je les caresse de ma langue. Sa bouche s’ouvre pour me permettre d’approfondir mon baiser. Je gémis contre lui lorsque ses dents mordillent ma lèvre inférieure. Nous nous embrassons jusqu’à ce que nos souffles deviennent erratiques. Nous finissons par nous séparer, hors d’haleine, les yeux brillants. Ses doigts caressent ma bouche gonflée de nos baisers. Descendent sur mon menton légèrement irrité par sa barbe. Effleurent ma mâchoire. Remontent le long de ma joue.

— Tu veux bien venir te recoucher maintenant ?

J’acquiesce avec entrain. Pourquoi braver le froid alors que j’ai un corps brûlant juste là ?

Trois minutes plus tard, je suis de retour sous la couette, Noah blotti contre moi, sa tête posée sur mon torse. Mes doigts se perdent dans ses cheveux avec lesquels je joue distraitement jusqu'à glisser dans les bras de Morphée.

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49 commentaires

IsabellLamberetAdell

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Il y a 8 ans

J c'est super bien

Sara Devan

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Il y a 8 ans

Ah noooon Morphée c'est pas le moment là t'as rien compris mon gars, laisse les en compagnie d'Aphrodite !!!

Forever_Books

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Il y a 8 ans

Très belle évolution qui se poursuit j aime beaucoup continue !!

Hanae-Lilandiel

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Il y a 8 ans

Noah est vraiment chouette !

F.V. Estyer

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Il y a 8 ans

Merci à toi!!

Melissa Sabourin

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Il y a 8 ans

J'adore la façon que tu les fait évoluer.tu leurs en fait vivre des émotions et s'est excellent. Un grand merci

F.V. Estyer

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Il y a 8 ans

Haa, je suis contente que tu aies pris le temps de tout rattraper et que ça te plaise toujours!! Déja, merci pour tes commentaires sur le POV de Noah, je suis contente qu'on sente bien la différence, parce que c'était vraiment ce que je voulais.. Haha ouias, le bonheur risque d'être éphémère c'est sur..! Mais tout finira bien, normalement... Tu n'a pas envie d'en prendre un pour taper sur l'autre cette fois! :D Des bisous, à bientôt!

Elynwe

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Il y a 8 ans

J'espace pour en avoir plus après XD Tu ne t'imagine pas à quel point c'est frustrant de ne lire qu'un ou deux chapitres ! Et non, cette fois-ci je n'ai pas envie de les frapper, plutôt de les prendre dans mes bras et de les serrer fort XD Et c'est quoi ce "normalement..." ???! xD

Elynwe

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Il y a 8 ans

Ahhh Noah est tellement craquant, beaucoup trop pour mon petit coeur ! Je viens de m'enfiler 12 chapitres je crois bien, mais c'est pas assez, j'en veux plus XD C'est absolument adorable comment ils avancent doucement, tranquillement, mais sûrement. Depuis quelques chapitres, c'est vraiment une bulle de bonheur, et je commence vraiment à angoisser de la suite des évènements, je sens bien que leur retour à Paris va être la douche froide et que là ce n'est que le calme avant la tempête... Mais comme c'est toi qui a le clavier et que je ne peux rien y faire, j'ai savouré chaque phrase ^^ J'adore tellement ce couple ! Bisous, et bonne continuation !!!

F.V. Estyer

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Il y a 8 ans

Ohhh, merci beaucoup!!!
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