Fyctia
Chapitre 15
Deux heures plus tard, nous sommes toujours au bar en train de discuter. Les bières s’enchaînent, les éclats de rire également. Je ne me suis pas senti aussi bien depuis des semaines entières. Et je crois que je dois remercier Samuel pour ça. Mon cœur est plus léger, mes angoisses s’atténuent, ma peine reflue.
Nous finissons notre dernier verre et Sam me demande si j’ai envie de continuer la soirée au Purple. J’hésite. Il le voit bien, et tente de me convaincre.
— Allez. Ça te fera du bien de sortir un peu. On va s’amuser. Et franchement, m’est avis que tu as vraiment besoin d’une bonne baise pour relâcher la pression.
Il n’a pas tort. La dernière fois que je me suis rendu là bas, la veille de la rentrée, pour décompresser, je n’ai pas réussi à aller plus loin que de simples préliminaires. Pas chaud. Pas envie. Crevé. Mais je me dis que prendre mon pied pour de vrai ne pourra me faire que du bien. Peut-être qu’il m’aidera également à me sortir Noah de la tête. Parce que j’ai beau essayer de me le cacher, il trotte constamment dans un coin de mon esprit. Et il est hors de question que cette histoire vire à l’obsession.
— Ouais. Je crois que tu as raison.
— Bien sûr que j’ai raison ! s’écrie Samuel en se levant.
Sa main claque fermement sur mon épaule et j’esquisse une grimace. Il ne se rend vraiment pas compte de sa force parfois.
— Et puis, ça nous rappellera le bon vieux temps ! déclare-t-il en m’offrant un clin d’œil.
Je lève les yeux au ciel, faussement agacé par sa remarque, mais mon sourire un brin nostalgique ne trompe pas.
C’est au Purple que nous nous sommes rencontrés la première fois.
J’étais à Paris depuis très peu de temps, encore célibataire. J’avais envie de m’amuser, de découvrir les lieux de débauche que la capitale avait à m’offrir. Et surtout, j’étais en manque de sexe.
Suite à de nombreuses recherches sur internet, j’avais fini par dénicher ce bar. Les avis semblaient positifs, l’endroit pas trop glauque. Une ambiance sympa. De la bonne musique. Une tripoté de types canons.
Je me suis décidé à m’y rendre. Après quelques verres au comptoir, servis par des apollons torses nus et le cul moulé dans des pantalons de cuir noirs, et des discussions sans intérêt avec plusieurs types, j’étais sur le point de partir lorsque j’ai senti qu’on me retenait doucement, mais fermement par le bras. Je me suis retourné. Mes yeux ont croisé ceux de Samuel qui me souriait de toutes ses dents. J’ai tout de suite été impressionné par son imposante carrure, sa barbe fournie, ses cuisses épaisses. Je n’ai jamais été fan des Bears*, leur préfèrant les hommes plus frêles, plus minces. Mais il respirait la gentillesse, et l’érotisme brut.
Nous n’avons pas échangé un mot. Il a pris ma main. Je l’ai suivi dans la backroom. J’étais un peu apeuré. Énormément excité. Nous nous sommes laissé aller. Nous nous sommes perdus dans une étreinte brûlante et passionnée.
Une fois terminé, j’étais persuadé que nos chemins allaient se séparer. Mais, à ma plus grande surprise, il m’a proposé de m’offrir un verre. J’ai accepté. Et nous avons discuté pratiquement toute la nuit.
Notre amitié est née. Et nous n’avons jamais recouché ensemble. Par contre, nous sommes retournés plusieurs fois au Purple après cette nuit-là. Samuel aimait me mater en train de me faire prendre ou de baiser d’autres types. Ça ne me dérangeait pas. Au contraire, je trouvais ça grisant. Excitant. Ce petit jeu a duré jusqu’à ce que je rencontre Elias.
Depuis ce jour, il y a un peu plus de deux ans, notre duo s’est séparé, et c’est seul qu’il se rendait au Purple. Et il me racontait.
Parfois, j’avais l’impression que ne plus m’avoir avec lui lui manquait. Mais il ne m’en a jamais parlé. Pas la moindre réflexion. Au contraire. Il était heureux pour moi. Jaloux tout autant. De ne pas connaître la même chose. Cet amour inconditionnel — du moins le croyais-je à l’époque — qui pouvait lier deux personnes. J’ai rigolé en lui disant que ce n’était pas en se tapant tous les petits culs du club qu’il allait trouver chaussure à son pied. Il a haussé les épaules, et a continué à fréquenter le Purple.
Nous réglons l’adition et nous dirigeons bras dessus bras dessous quelques centaines de mètres plus loin. L’alcool que j’ai ingurgité a réellement commencé à faire effet lorsque je me suis relevé, et je crois que c’est une excellente chose. Je me sens plus détendu, plus gai. Et au fur et à mesure que nous déambulons à travers les rues du quartier, les remarques de Samuel sur les hommes qui croisent notre chemin, sa peau rugueuse et chaude contre la mienne, son grand corps qui me protège, j’arrête de cogiter, j’arrêter de réfléchir. Je laisse les images d’Elias, de Noah, qui me parasitent sans cesse, disparaître.
Je ne pense plus qu’à la suite de la soirée, espérant qu’elle soit bonne, que je puisse enfin m’éclater. Que je puisse enfin me libérer totalement.
Et c’est avec un immense sourire aux lèvres que je franchis les portes du Purple, Samuel toujours à mon bras, qui sautille presque d’impatience en anticipant la suite des évènements.
* La communauté bear (aussi dénommée communauté de l'ours) est une subdivision de la communauté gay. On entend par « Bears », les hommes homosexuels porteurs de pilosité faciale et corporelle plus ou moins fournie et visible. (Source: Wikipédia).
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Je profite de ce chapitre pour vous informer que j'ai crée un booktrailer pour Désirs Défendus.
Vous pourrez le retrouver sur ma page Facebook (f.v.estyer) ou sur youtube (ainsi que tous mes autres book trailers:)
https://www.youtube.com/watch?v=0NeOiBiW-ew&feature=youtu.be
41 commentaires
IsabellLamberetAdell
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Il y a 8 ans
WhiteAir
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Elynwe
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