Fyctia
Chapitre 26 - 2
Plusieurs secondes s'écoulèrent dans un silence digne d'un mausolée. Le trio échangea des regards ahuris. Ce n'était généralement pas ainsi que commençaient les combats à mort, si ?
Sieg dévisagea l'impassible expression de l'armure, ne pouvant dire si la question était sérieuse, et se hasarda sur une réponse qui lui semblait appropriée.
-Heu... Non, navré...
L'armure baissa son bras ainsi que sa tête, et semblait dépitée.
-Échec De L'introduction. Soixante Trois Pour Cent Des Rencontres Décrites Dans Les Ouvrages Montrent Qu'offrir Du Thé Est La Procédure À Suivre Quand On Reçoit De la Visite.
-D'accord... Mais là, c'est plutôt nous, les visiteurs... précisa Farca.
-Affirmatif. Cependant, Je Ne Dispose Pas De Thé. Je Voulais Recourir À La Procédure Emprunter Pour Pallier Ce Manque.
... C'est la première fois de mon existence que j'assiste à une scène aussi bizarre... Et pourtant, j'en ai vu, des choses étranges...
Ne trouvant rien à redire à cette logique, le bretteur baissa son épée, se sentant stupide de menacer une entité qui n'avait pour seul désir que de se montrer accueillante. À sa gauche, Bélial se pencha pour lui poser une importante question qui avait toute son attention.
-Dis, c'est quoi, du thé ?
-Alors toi, c'est pas le moment... grinça Sieg entre ses dents.
Comme il était clair qu'ils n'allaient pas en venir aux mains, Farca interrogea le gardien sur sa présence dans cette bibliothèque.
-Ma Dénomination Est Arme Défensive Automatique Magique. Une Création Du Professeur Ferkinatnnes. Ma Création Remonte À Il Y A Trois Mille Six Cent Soixante Huit Ans.
La réponse de l'armure surpris l'écarlate, bien qu'elle expliquait certains détails.
-Une armure magique ? s'exclama Sieg. Mais c'est... TU es extrêmement rare ! Et de ce que j'en sais, ce genre de création ne peut exécuter que des ordres simples ! Alors que tu puisses dialoguer avec nous...
-Ton créateur était un vrai génie ! s'extasia Farcas en étudiant leur interlocuteur de plus près, fascinée. Presque quatre mille ans, et tu marches encore ?
-Il M'a Équipé D'une Source D'alimentation Qui Me Permet D'absorber La Mana Ambiante Pour Assurer Mon Fonctionnement. Elle Me Permet Aussi De Réparer Les Dégâts Que Je Subis.
-La vache ! Je suis bien contente que nous ne devons pas t'affronter ! avoua Farca. Tu serais un adversaire redoutable !
L'armure continua son explication. Elle s'était réveillée dans cette bibliothèque des millénaires plus tôt, ne sachant pas pour quelle raison elle avait été créée. Elle avait donc passé tout son temps à lire les ouvrages qui s'y trouvaient, les mémorisant tous à la virgule près.
Puis, un beau jour, des humains s'étaient introduits dans le complexe souterrain avant de débarquer dans la bibliothèque. D'abord effrayés, ils avaient fini par comprendre que l'armure n'avait aucune intention belliqueuse, et n'était même jamais sortie de cette salle. Ils lui proposèrent un marché en découvrant sa passion pour la lecture: elle les laisserait utiliser les autres salles pour leurs recherches, et ils lui apporteraient de nouveaux ouvrages pour étancher sa curiosité.
Farca en profita pour mentionner que, selon les rumeurs, les chercheurs avaient fait construire l'endroit, mais Sieg n'était pas étonné par la version de l'armure.
Connaissant la psychologie d'un griganarien standard, il pouvait concevoir que les chercheurs avaient menti en disant qu'ils avaient dû tout bâtir de zéro, récoltant les fonds consacrés à ce chantier qui devait rester secret pour les utiliser autrement.
L'armure expliqua qu'elle devait aussi veiller à ce que personne n'active l'interrupteur qu'ils avaient installé dans la bibliothèque sans les autorisations requises.
Leur marché dura plusieurs décennies, puis les ouvrages cessèrent de venir.
Après deux ans d'attente, elle avait enfin ouvert la porte pour voir ce qui se passait, apprenant ainsi que les chercheurs étaient partis sans s'acquitter de leurs obligations envers elle, rompant leur contrat. Cette simplification des faits laissa les êtres organiques de marbre.
-Une De Mes Autres Taches Est De Veiller À L'entretien Des Lieux. Analyse En Cours...
L'armure se pencha sur le côté, et Sieg comprit qu'elle avait relevé les traces qu'ils avaient laissé derrière eux. Il eut la désagréable impression d'être jaugée par l'armure, puis cette dernière fit quelques pas entre deux étagères, avant d'en revenir avec un balais et commencer à dépoussiérer la moquette.
Maniaque, le bidule !
L'épéiste et l'alchimiste nettoyèrent leurs chaussures respectives, convaincant la barbare de suivre leur exemple, bien qu'elle n'en voyait pas l'intérêt.
-Bon, on fait quoi maintenant ? Parce que cogner un truc qui veut même pas se battre... grommela la démone.
-Je suis de son avis, renchérit Farca. En plus,je suis un peu désolée pour lui. Même s'il se fout du passage du temps, il a passé presque toute sa vie seul.
Voyant que l'on attendait quelque chose de lui, Sieg leur rappela qu'ils étaient là pour ouvrir la porte menant à l'autel, pas réconforter une armure millénaire à la portée émotionnelle d'une pierre au fonds d'un trou.
-Vous voulez qu'on en fasse quoi? Qu'on l'adopte? suggéra sarcastiquement l'écarlate.
Les femmes échangèrent un regard entendu, et Bélial se dirigea vers le haut des escaliers.
-Hé, machin ! cria-t-elle.
Le gardien à l'étage en dessous s'arrêta de balayer et se tourna vers la démone.
-Ça te dirais pas de venir avec nous ? Tu t'emmerderas moins, fais moi confiance !
Je la sentais venir, celle là...
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