Fyctia
Chapitre 18. Max (Partie 4)
Mes bras s’agitent dans tous les sens dans l’espoir de trouver ce qui coince. En vain. Je ne parviens même pas à remettre le pull. Ma tête demeure bloquée au col. Je grogne tout en appelant ma tante à travers le rideau de la cabine. Cependant, elle ne vient pas. Je vais rester pour l’éternité ici parce que mon collier s’est emmêlé dans les fils en coton de mon pull.
J’entends enfin le rideau s’ouvrir puis se refermer. Au moins, Tabitha a pensé à mon intimité.
Une première !
— Attends, ne bouge-pas, je vais t’aider…
Ce n’est pas la voix de ma tante qui vient de s’élever mais celle de mon grincheux faux petit ami.
Je ne réponds et m’attèle à écouter ses recommandations. De toute façon, je n’ai pas bien le choix. Les doigts de Nathaniel frôlent à peine mon cou que je sens ma peau se couvrir de chair de poule.
— Ton collier s’est coincé dans le col du pull…
Son souffle vers mon oreille me paralyse. Mon corps ne le rejette pas malgré tout ce qu’il a pu dire. Au contraire, si je l’écoutais, je me collerais un peu plus à lui pour apprécier la chaleur de son corps. Seulement, je n’en fais rien. Je reste immobile.
Nathaniel réussit à me libérer de ma prison en coton qu’il dépose sur le tabouret à gauche. Je me retourne afin de lui faire face et regrette sur le champ mon idée. Nous sommes près. Trop près. Je lutte pour ne dévier mon regard sur ses lèvres qui m’attirent encore.
— Tu devrais mettre quelque chose ou tu vas attraper froid, dit-il en se raclant la gorge.
Je plisse le front face à sa détermination à garder ses yeux dans les miens. Qu’est-ce qu’il ne veut pas…
Oh.
Mon regard baisse sur ma poitrine uniquement recouverte par mon soutien-gorge. Avec la précipitation, j’ai dû embarquer mon débardeur avec le pull. Je m’empare de mon haut que j’enfile à la va-vite avant de mourir de honte. Je me suis assez ridiculisée devant cet homme pour au moins les dix prochaines années.
— Merci, vous pouvez partir, Mr Hathaway, lancé-je froidement.
— Je…
— Epargnez-moi vos mensonges, je n’ai pas envie de vous écouter.
Ma dureté me surprend. Je ne suis pas aussi radicale. Cependant, j’ai été blessée par ses mots au point que j’ai réussi à lui balancer ses quatre vérités. Paradoxalement, grâce à lui j’ai appris que je pouvais tenir tête à quelqu’un. Reste à savoir si je m’en sens capable avec ma famille…
Nathaniel soupire puis passe une main dans ses cheveux. La peine sur son visage réussit presque à m’attendrir.
— Je suis désolé, Maxine, lance-t-il en s’asseyant sur le petit tabouret dans le coin à droite.
Hein, quoi ?
Je soulève un sourcil, médusée. Je ne pensais pas entendre ces mots de sa part un jour. Je note qu’il ne m’appelle pas Miss McFayden. Il passe à nouveau une main dans ses cheveux noirs avant de planter ses iris noisette dans les miennes. L’intensité de son regard est si forte que je suis obligée de prendre appuie contre le mur derrière moi, là où trône un des trois miroir de la cabine.
— Je suis sincèrement désolé pour ce que j’ai dit sur ta famille… Je… Tu as raison, je ne suis pas doué pour exprimer mes émotions, encore moins pour les partager… Voir d’autres personnes le faire sans aucune gêne m’a… effrayé, je suppose.
Dans mon souvenir, j’ai été un peu plus virulente que ça dans mes paroles…
— Ce week-end a été… surréaliste pour moi. Je n’ai jamais vécu cela… Ces cris, ces décorations à outrance, ces démonstrations de joie et de bons sentiments ont eu raison de moi. La famille est un concept inconnu pour moi… Je ne connais pas les codes qui unissent une famille et je ne pense pas les connaître vraiment un jour… Mais je peux essayer. J’ai envie d’essayer. Les mots ont dépassé ma pensée et je regrette que tu les aies entendus. Je ne voulais pas te blesser…
La sincérité dans sa voix me coupe le souffle. Mon cœur se serre parce que je sens au plus profond de moi qu’il n’a pas eu une belle enfance. Qu’est-ce qu’il veut dire par « la famille est un concept inconnu » ? Ma tête fourmille de questions que je brûle de lui poser.
— Ne crois pas que je vais commencer à déballer ma vie, il est trop tôt pour ça, Max…
Max.
Pourquoi ce surnom n’a pas la même saveur dans sa bouche que dans celle de mes proches ?
Ma peau se couvre d’un voile de frissons que je ne peux ignorer. Mes lèvres s’étirent faiblement heureuse qu’il puisse un minimum se confier. J’ai conscience que rien n’effacera les mots durs qu’il a employé pour décrire ma famille mais je sais aussi combien ça lui coûte de présenter ses excuses en se dévoilant un peu.
— Peut-être que je changerai d’opinion ce week-end si tu me laisses t’accompagner, balance-t-il les yeux remplis d’espoir.
La perche qu’il tend me provoque un vrai sourire. Il est insupportable la plupart du temps, voire détestable, mais je reconnais qu’il possède un côté attachant. Puis, je ne serai pas obligée d’ajouter un autre mensonge sur ma liste s’il m’accompagne à nouveau. En réalité, j’espère au fond de moi qu’il change d’avis sur ma famille parce qu’aussi étrange que ça l’est, c’est important à mes yeux qu’il les apprécie.
— Uniquement si tu portes le pull que tu détestes le plus...
6 commentaires
Ewylyn
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Il y a 7 mois
Emma_JamesS8
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Il y a 7 mois
nat59495
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Il y a 7 mois
Emma_JamesS8
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Il y a 7 mois
Supermissy
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Il y a 7 mois
Emma_JamesS8
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Il y a 7 mois