Fyctia
42 - Partie deux
_De toute façon je vous aime pas.
Mon père fronce les sourcils, et je sais grâce à son regard qu'il est blessé, mais sa fierté l'empêche de montrer la vérité.
_Tu n'es qu'une gamine Roxane. Tu ne comprends rien. Tu comprendras ma réaction quand tu auras des enfants.
_Mais justement, je ne veux pas d'enfants. Je ne veux pas mettre au monde quelqu'un qui ne l'a pas demandé. Avoir des enfants c'est égoïste. On fait découvrir la vie sous notre point de vue sans chercher à comprendre le leur. Et pour insulter ma future fille de prostituée, désolée mais je ne veux pas de ça, je dis.
Mon père hausse les yeux au ciel, mais il sait très bien que j'ai raison.
_Je me souviens une fois on parlait du moment où j'étais née. On était à table et tu disais à quel point les naissances de Alexander et moi t'ont rendu plus heureux et à quel point tu étais ravi.
_Et alors ? s'impatiente mon père.
_C'est fou parce que tu ne me l'as jamais montré. Je sais me pas si tu m'as déjà dit "je t'aime". A chaque fois que je suis triste c'est en rapport avec vous.
Les yeux de mon père commencent légèrement à se remplir de larmes, mais je m'en fiche. Il mérite d'entendre ce que j'ai à lui dire.
_Ecoute Roxane...
_Non stop ! Je t'ai écouter pendant quatorze ans, maintenant c'est à toi de m'écouter d'accord ? Tu dis toujours aux autres adultes que tu seras derrière Alec et moi quoi qu'il arrive, mais à chaque fois qu'on te met au courant d'un projet ou d'une merde du genre, tu ne fais que critiquer. Tu dis aussi que tu prends soin de moi, mais t'es le premier sur ma liste de garçons à me faire pleurer. Tu dis, tu fais des remarques qui ne font rire que toi, et ça blesse tout le monde sauf ta petite personne évidemment.
_Tu dis n'importe quoi, j'ai fait des choses pour toi, des sacrifices que uniquement des parents peuvent comprendre !
_Mais c'est normal, c'est ça que tu ne comprends pas ! Tu n'es pas un père extraordinaire ! Si tu désires d'avoir un enfant, c'est normal d'en prendre soin ! Je sais que tu fais des erreurs mais de là à me faire pleurer, voir que je suis mal, ne pas essayer de comprendre en disant que c'est une crise d'ado, pour encore m'engueuler après, je pense juste que c'est de l'irresponsabilité totale.
Les yeux de mon père sont à présent humides, et je sais qu'il reconnaît ses torts, mais ça m'étonnerait qu'il le montre.
_Je suis désolé, Roxane.
_Arrête de mentir. Tu savais très bien que ça n'allait pas et pourtant, tu continues. J'en suis arrivée à un stade où j'en peux plus. Alors au lieu d'essayer de me faire comprendre des putains de problèmes de maths, essaie de comprendre les miens.
Je sors du salon, et je monte les escaliers en pleurs.
0 commentaire