Fyctia

_Mec ! Ça fait un bail ! D'habitude tu ne viens que trois fois par semaine ! m'accueille l'un des entraîneurs.

_Ouais désolé, avec mon nouveau job que je dois gérer et tout...

Il pose ensuite son regard sur Roxane, et je vois qu'il sourit malicieusement.

_Tu gères autre chose, à ce que je vois, dit-il en rigolant.

J'entends Roxane rigoler, mais ça n'a rien à voir avec son vrai rire. On dirait qu'elle agit comme ça pour le séduire.

_Ouais, bref, je dis. J'aimerais bien passer sur le ring. Y'a un gars qui veut venir me combattre ?

_Ouais. Y'a un gars qui est arrivé y'a pas longtemps. Il faisait du combat de rue, mais il s'est inscrit ici pour tu sais... devenir clean. Ça a marché, et il est plutôt bon. En même temps, c'est moi qui l'est entraîné, dit Gabin.

Je rigole. Ce gars-là a toujours été narcissique, mais il n'est pas désagréable. Il est juste en paix avec lui-même et qu'il s'aime. Si tout le monde était narcissique, il y auraient beaucoup moins de problèmes dans notre société et dans le monde en général.

_Très bien. Je veux bien le rencontrer, je dis.

_Génial. Tu peux inviter ta meuf à t'asseoir devant le ring. Tu viens avec moi, je vais te préparer.

_C'est pas ma meuf, Gab'.

Je tourne ma tête vers la concernée, et elle m'adresse un sourire.

_Tu veux venir ? je lui demande.

_Ouais, me répond-t-elle avec un second sourire.

J'acquiesce, et je lui fais signe de venir avec nous. Elle s'assied sur le banc qui se trouve devant le ring.

_Attends ici, je vais me changer.

C'est à son tour d'acquiescer. Je prends les affaires que me tend mon coach, et je file dans les vestiaires me changer. Je reviens quelques secondes après en short de boxe et torse nu. Quand je croise le regard de Roxane, je vois qu'elle tient un rictus, et je pense savoir pourquoi. Je lui envoie un clin d'œil en retour. Elle rigole en levant les yeux au ciel. Je détache ensuite mes yeux bleus des siens, et je monte sur le ring.

_T'es toujours en forme ? me demande mon coach.

_Pourquoi je ne le serais pas ?

_Bonne réponse. on va s'échauffer avant. Frappe, dit-il.

Je donne quelques gauches et droites sur les pattes d'ourse que tiens Gabin. J'esquive ensuite quelques frappes.

_C'est bien ! dit-il quand l'entraînement est fini. Tu n'as rien perdu. Peut-être un peu de rapidité et de reflex, mais ça se récupère vite ça. Fais une petite pause, je reviens te chercher pour combattre, dit-il en me donnant une tape amicale sur l'épaule.

Je descends du ring rejoindre Roxane. Je remarque que cette dernière est en train de parler à un jeune homme.

_J'en ai jamais fait ! s'exclame-t-elle en rigolant.

_Pourtant tu pourrais en faire tranquille ! T'as vu comment t'es gaulée ?

Elle rigole une seconde fois.

_Qu'est-ce qui se passe ici ? je demande en m'incrustant dans leur conversation.

_Ton coéquipier pense que je devrais faire de la boxe. Il dit aussi que j'ai la carrure pour.

_C'est pas mon coéquipier. Je ne le connais pas.

_Si. C'est moi que tu vas affronter maintenant, me répond-t-il.

_Ah ! Je vois. Ça fait combien de temps que tu boxes ?

_Trois ans en combat de rue. Cette année sera ma première légalement. Et toi ?

_Je boxe depuis mes douze ans, je dis en serrant les dents.

_Oulà ! J'ai affaire à un pro !

_Tu verras ça sur le ring, je réponds en haussant les épaules.

Il rigole. Il se tourne ensuite vers Roxane.

_Tu voudras que je t'entraîne après ? Si tu veux tu viens ici le soir, et on s'entraîne.

"Si tu veux tu viens ici le soir." Il est culotté lui.

_J'ai déjà des plans le soir, désolée, mais c'est gentil.

_Pas de soucis princesse. On y va ? demande-t-il en m'adressant un regard.

_Yep.

_Salut Roxane, dit-il.

_Salut Enzo, lui répond-t-elle.

Mon énervement ne fait qu'augmenter, mais je préfère me concentrer sur le combat. Nous montons sur le ring, où mon coach nous attend déjà.

_Ce n'est pas un vrai combat. C'est un entraînement. Vous savez très bien que les mauvais perdants ne sont pas acceptés.

Nous acquiesçons.

_Très bien. Vous êtes prêts ?

_Ouais, je réponds en même temps que mon adversaire.

Gabin fait le décompte, et siffle d'un coup sec dans son sifflet. Ce prénommé Enzo et moi nous nous tournons autour pour nous déchiffrer. Son regard est froid, et il sait pourquoi il est là. Je suis un tout petit plus grand que lui, mais en aucun cas cela me donne l'avantage sur le combat - il peut très bien me mettre à terre. Ses abdominaux sont mieux tracés que les miens, mais ça ne m'étonne pas non plus. On dirait que cet homme a traversé la guerre, et que cette salle de sport est le seul moyen de se remettre de tout ce désastre.

Il s'approche de moi et tente de me mettre une droite, mais je l'esquive. Les minutes passent, et il ne se passe rien d'intéressant. Je tourne mon regard vers Roxane et elle me sourit. Je la revois alors en train de rigoler avec Enzo, et ma colère refait surface. Je me tourne vers ce dernier, et j'arrive à lui donner des coups bien visés. Quelques secondes après le commencement de mon acharnement, Gabin siffle ce qui signifie la fin de ce combat.

_Bien joué ! me lance Enzo en me tendant sa main, je tape mon poing contre sien, et il sort du ring.

Je l'imite. Roxane se lève du banc et viens me voir.

_Bravo champion, dit-elle en ébouriffant mes cheveux.

_Merci Roxy. (face à ce surnom, elle lèves les yeux au ciel.) Je vais me changer, je te laisse.

Elle acquiesce, et je pars dans les douches.

Je me rince sans gel douche vite fait, et je noue une serviette autour de ma taille. Je pars ensuite dans les vestiaires. Je cherche ma brosse dans mon sac, mais une main manucurée se pose sur la mienne. Je relève mes yeux, et je croise ceux de Roxane.

_Pose pas de question.

Je fronce les sourcils. Je ne comprends vraiment rien. Pour éclairer mes idées, Roxane pose ses mains de part et d'autre sur mes joues et elle approche son visage du mien. Elle pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je lui rend son baiser avec plaisir, et elle demande l'accès à ma langue que je ne refuse pas. Étant donné qu'elle est plus petite que moi, Je l'attrape par la taille et je plaque contre l'un des murs. Je sens que mon intimité durci, mais je n'y peux rien.