Fyctia
11
Roxane
"Je suis dans le salon, en train de regarder Friends, quand on sonne à la porte. En pensant que c'est mes parents, je vais ouvrir - mais ce n'est que mon frère avec des officiers. Pourquoi il y a la police avec mon grand frère ? Il a fait une bêtise et c'est les officiers qui le ramène ?
_Oui ? dis-je en essayant de ne pas montrer mon inquiétude.
Ma mère m'a toujours dit de ne jamais montrer mes sentiments devant les plus grands, car on risque de le regretter. Je ne sais pas pourquoi elle m'a dit ça, alors que papa lui conseille toujours de ne pas parler de choses mâtures devant moi. Je risque, - sois disant - de ne pas comprendre, mais je sais que maman veuille toujours que je ressorte le meilleur de moi-même. Elle dit qu'elle a peur que je me fasse marcher dessus. Je sais que je suis petite, mais jamais je ne me laisserai marcher dessus.
Mon frère tourne la tête vers les officiers.
_Pas devant elle, s'il vous plaît, dit-il.
_Qu'est-ce qu'il se passe ? je demande.
Mon cœur bat vite, et la sensation est horrible. Je n'ai jamais eu peur comme ça. J'ai déjà eu énormément la frousse, mais c'était à cause d'une attraction. Alec m'a forcée à faire les montagnes russes. Quand j'étais dans le wagon, et qu'il montait de plus en plus haut, mon cœur battait très vite. En sortant de l'attraction, j'avais envie de vomir pendant deux heures. Mon frère ne voulait pas se faire pardonner - depuis que je suis née il passe tout son temps à me rabaisser -, c'est ma mère qui m'a payé une glace. Sauf que c'était une mauvais idée par ce que j'ai tout vomi le soir-même. La glace était trop sucrée.
Alec me regarde mal, mais je ne fais pas attention.
_On vous laisse ici, dit l'un des deux officiers avant qu'ils ne s'en aillent.
Mon frère entre dans notre maison, et ferme la porte derrière lui.
_Il se passe quoi Alec ? je demande.
_Rien. Les parents ne sont pas là ce soir.
_Pourquoi ?
_Merde Roxane, tu me fais chier avec tes questions ! Tu leurs demanderas quand... quand... (ses yeux ont prit soudainement un air beaucoup plus grave.) Laisses tomber, tu ne comprendras pas.
_Arrêtez tous de dire ça ! Je ne suis pas si petite !
_Bordel Roxane, ça fait que onze années que tu es sur Terre !
_Mais...
_Nan, fermes-là, il n'y a pas de "mais" ! Maintenant c'est moi qui vais m'occuper de toi. Les parents seront absents pendant un long moment. Je te réexpliquerai quand tu seras plus grande.
Mes yeux se voilent de larmes. Quand je pleure, maman vient me prendre dans ses bras. Papa s'en fout, il est comme Alec. Quand je déverse mon eau salée, mon frère se barre parce qu'il ne peut pas supporter mes reniflements et il me dit "la ferme.". Mon papa me dit juste que ça va aller, et il se rue sur la télé pour regarder le rugby. Il n'y a que maman qui m'aime réellement. Elle me porte dans ses bras et elle me berce doucement. Je niche toujours ma tête dans ses cheveux ; ils sentent la fraise. Elle caresse les miens de sa douce main, en me chuchotant sans cesse que ça va aller. Sauf que je sais que ce soir là, je ne pourrai pas sentir cette bonne odeur pour me calmer.
_Commences pas à pleurer, m'ordonne mon soit-disant frère.
_M'en fiche ! Tu n'as rien à me dire ! C'est les parents qui donnent des ordres ! je sanglote.
_Roxane, les parents ne rentreront pas ce soir, et pendant une longue durée. Alors maintenant c'est moi qui vais m'occuper de toi.
_Comment tu peux t'occuper de moi alors que tu ne m'aimes pas ?!
Même si je viens de dire ça sous une forme affirmative, je me pose quand même la question.
_Ne dis pas n'importe quoi !
_Très bien, alors dis-moi que tu m'aimes, je dis en stoppant mes sanglots et en croisant les bras.
_Pardon ? il paraît étonné que j'ai osé lui dire ça.
_Si tu dis que je dis n'importe quoi, prouves-moi le contraire. Dis-moi "je t'aime".
Il ouvre la bouche mais aucun sons ne sort.
_J'attends, dis-je.
_C'est n'importe quoi. C'est toi qui ne m'aimes même pas.
_Bien sûr que si que je t'aime ! Tu es mon grand frère ! Chaque sœur aime son grand-frère !
Il soupire et il se gratte la nuque. Il s'apprête à partir, mais je le retient.
_Je ne t'ai pas entendu !
_Quoi ? dit-il sidéré.
Il fait semblant qu'il a déjà oublié, mais je sais très bien que sa mémoire est performante.
_Est-ce que tu m'aimes ? je demande.
Je lâche son bras pour avoir plus de chances qu'il me dise la réponse que je veux entendre. Sauf que aucun sons ne sortent de sa bouche.
_Alec ? ma demande ressemblait plus à un couinement.
_Vas prendre ta douche, Roxane, me dit-il en me regardant bien dans les yeux.
Les miens se voilent de larmes pour la deuxième fois de la soirée, et avant de me voir pleurer, il sort pour aller préparer le dîner.
Je décide alors de faire la grève de la faim. Je ne vais pas manger et je ne lui adresserai plus la parole jusqu'à ce qu'il me dise qu'il m'aime. Je suis sa sœur tout de même !
Il toque à la porte, mais je ne veux pas le voir.
_On mange, Roxane !
_Pourquoi tu me nourris si tu ne m'aimes pas ?!
_Dis pas de conneries Roxane et viens bouffer, merde !
Je rigole amèrement.
_Dégage !
Je crie, maintenant.
Il tambourine la porte. Le bruit me fait peur alors je bouche mes oreilles.
_Putain si tu viens pas tout de suite, je te jure que je défonce la porte !
_Vas-y essaies ! Les parents seront contents quand ils vont revenir de leur voyage !
Il soupire derrière la porte, je peux l'entendre. Après quelques secondes, il daigne enfin à me laisser tranquille.
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