Fyctia
4
Roxane
Je me réveille à cause de ce satané bip qui ne veut pas s'arrêter. Je retourne en cours aujourd'hui. On est mardi, et j'en ai déjà marre. Ça ne m'intéresse pas, et je gagne déjà mon argent. Mon frère casse bien les ovaires, quand même.
Je prends une tenue déjà préparée la vieille dans ma penderie ; un jean bien moulant et un crop-top à manches longues gris - j'opte pour un chapeau aussi, je n'en mets pas souvent mais je trouve que ça me donne un côté plus sage, et ça fait un certain petit style. En plus de cela, il ne fait pas trop froid dehors, donc je décide de ne pas prendre de veste. Je vais ensuite dans la cuisine pour déjeuner. Ça de fait, je pars me maquiller. Je mets de la poudre, du mascara et du rouge à lèvres. J'applique un peu de blush. Je prends la décision de me boucler les cheveux. Je les préfère comme ça. J'ai terminé ma toilette. Merde, je vais être en retard! Oh et puis merde, est-ce que j'en ai réellement quelque chose à foutre? Non.
Je sors de chez moi et je monte dans ma voiture. En route pour l'enfer!
Je descends de mon véhicule, je le verrouille et je remarque que tout le monde est déjà rentré dans le bâtiment. Je soupire, et je rentre dans le lycée. Quand faut y'aller, faut y'aller!
Je vais à l'accueil pour demander un mot de retard.
_Un mot de retard, dis-je.
Le surveillant qui regardait son écran lève ses yeux vers moi. Tiens, c'est lui qui m'a accompagnée en français, la dernière fois.
_Tu peux répéter?
_Je t'ai demandé un mot de retard, dis-je déjà saoulée.
_Et "s'il te plaît" c'est pour les chiens?
Je souris.
_Pourquoi t'en est un?
Il me regarde de travers.
_Répètes.
_Reposes ta question, dis-je en souriant.
Il doit se questionner, je le vois à travers ses yeux . Il est énervé mais intrigué. Il doit se demander si je suis vraiment sérieuse ou non.
_Parles-moi autrement, je suis pas ton pote, dit-il.
Je soupire. Une blonde rentre dans la pièce. C'est Aurélie, l'autre surveillante qui m'a accompagnée... Ou Amélie, je sais plus. Je crois bien que son prénom est Aurélie. Bref, ils servent à rien de toute façon.
_Ouais, parles autrement Roxane, dit-elle.
Je lève les yeux en l'air. Elle sort d'où, elle?
_Je voulais un billet de retard. Après ça ne me dérange pas de louper ma première heure de cours, dis-je.
Je sais que je lui parle comme un chien, mais je m'en fous. Réellement. Je suis majeure, je ne suis pas comme tous ces lycéens, c'est eux les pions. Pas moi.
_Dis "s'il te plaît", sinon tu passeras deux heures de colle avec nous à la fin de ta journée, dit le surveillant.
Aurélie me regarde victorieuse. Si seulement ils croient que ça m'atteint! Ils se fourrent le doigt dans le cul!
_Okay. Je loupe ma première heure pour rester avec vous, et je reviens ce soir pour deux heures de colle.
_Mais on t'as pas éduquée? dit le surveillant en se levant de sa chaise.
_Ayden, calmes-toi, dit Aurélie.
Oula, mon gars, il ne fallait pas parler de ça. Je sens la colère monter en moi, mais je ne fais rien. Je le fusille du regard, et je dis juste;
_Vas bien te faire foutre, dis-je en tournant les talons.
_Ton langage, Roxane! cri Aurélie dans mon dos.
Elle était offusquée, je l'aie entendu dans sa voix, mais ça ne m'atteint pas. Rien ne m'atteint.
Je rentre au foyer, c'est une pièce qui se situe à côté de l'accueil pour les heures de colle. Les surveillants l'ouvrent l'hiver aussi, car cette salle est très bien chauffée quand il fait froid. Il y a trois personnes qui se trouvent dans la pièce, déjà. Ils me dévisagent, mais je m'en fous. Je m'assieds sur une des chaises, et ce certain Ayden se pose devant moi.
_Je crois qu'on va aller voir le principal, nous deux. C'est pas par ce que je suis nouveau que je ne dois pas gagner ton respect. Tu ne m'insultes pas.
Il pose ses mains sur la table, et je relève les yeux.
_Est-ce que c'est clair? demande-t-il durement.
Ses boucles brunes bougent à chaque fois qu'il ouvre sa bouche.
_Clair comme de l'eau de roche, dis-je pour le provoquer.
_On ira voir le principal, tout à l'heure, nous deux.
Je vois que ma pique l'a dérangé.
_D'acc, dis-je indifférente.
Si il croit que aller dans le bureau du principal m'effraie, il se fourré le doigt dans l'œil! Ses menaces ne me font ni chaud, ni froid.
_Tu dis pas "d'acc"! cri-t-il.
_Et toi, tu cris pas! cris-je.
Il soupire et me fusille du regard à son tour. Je ne peux réprimer un sourire. Il soupire une seconde fois et sort du foyer. Les trois personnes me regardent comme si j'était une extra-terrestre.
_Quoi? Continuer de faire vos trucs, je vous ai rien demandé! dis-je.
Je sors mon carnet, et je gribouille dessus. Ayden a beau croire ce qu'il veut, il ne m'a pas énervé pour le moins du monde. C'est peut-être allé trop loin niveau insultes, mais je m'en fous. Si je risque de me faire virer, tant mieux.
Je me rends plus tard à l'acceuil pour mes deux heures de colle. Ça m'embête, je l'avoue, mais je ne voulais pas me rabaisser à Ayden - sous aucuns prétextes.
_C'est là que tu t'assieds, me dit ce dernier en me désignant une chaise dans le foyer.
_Je préfère la chaise au fond.
En vérité la chaise qu'il m'a montrée me va très bien, mais j'adore le taquiner. Beaucoup même.
En voyant le regard meurtrier qu'il me lance, j'explose de rire.
_C'est bon, du calme coco, je rigole. J'vais m'asseoir sur ta chaise.
Il soupire et il sort du foyer. Je rigole toujours autant. Il revient quelques secondes après, avec une feuille dans sa main.
_Tiens, pour t'occuper.
Je le regarde ahurie.
_T'as cru que j'allais travailler pendant deux heures d'affilée?
_Bah ouais, t'es là pour ça, non?
Je soupire et j'arrache la feuille de ses mains. C'est des exercices de français. C'est une blague?
_Hors de question que je travaille sur du français pendant deux heures.
_Alors ça sera deux heures de colle en plus pour demain. On fera encore du français, si tu sembles détester ça.
_Mais je comprends rien. Je ne vais pas faire ton exercice de merde alors que je comprends rien! dis-je en m'énervant.
_Parles correctement, et t'as lu l'énoncé au moins?
_Non, mais je sais que je ne vais pas comprendre, dis-je.
_Essaies, on sait jamais.
_Alors aides-moi, dis-je.
J'ai vraiment dit ça? C'est sorti tout seul.
_D'accord.
Il prend la chaise d'une table d'à côté, puis il la positionne auprès de la mienne. Quand il s'assied, nos genoux se touchent accidentellement mais ça ne me fais rien. Au contraire, je relève le regard et lui sourit.
_Alors, on va lire l'énoncé, puis si tu ne comprends pas, je t'expliquerai, dit-il.
J'acquiesce, et je lis la consigne.
_Entourez les verbes conjugués en rouge, mettez entre crochets les subordonnées relatives circonstancielles, soulignez en bleu les adjectifs.
Ça paraît... simple?
_Tu comprends? me demande Ayden.
Je sens son souffle chaud sur ma joue. Le fait qu'il soit un peu plus âgé que moi, m'émoustille.
0 commentaire