Mélanie Nadivanowar Danser pour survivre Chapitre 14 1/ PDV Jason

Chapitre 14 1/ PDV Jason

L’absence de Monica pèse réellement en moi. Je me sens vidé de toute part, comme si on a arraché une partie de moi. Nous ne formions qu’un, et pourtant, il a fallu qu’elle me regarde à peine dans mon état actuel pour qu’elle prenne les jambes à son cou, comme si je ne représente rien pour elle. En un seul regard, elle a effacé nos deux ans de relations, comme si cela n’a jamais existé.


Les heures défilent, alors que moi, je reste figé sur place, comme si cet abandon avait mis ma vie en pause, mais que le monde continue d’avancer autour de moi. Je n’ai plus le goût de rien, ne prends plus aucun plaisir. La joie que je ressentais quand j’ai appris que je pouvais sortir de cette maudite chambre pour explorer les différents couloirs de ce service par mes propres moyens, s’est évaporée.

Dénué de toutes émotions, je continue à faire les transferts machinalement. J’essaye de faire bonne figure devant la kiné, et le personnel soignant, mais quand plus personne n’est là, je laisse tomber le masque remplis de peine. Même devant mes parents et mon coloc, je ne fais plus semblant.


Quand je n’ai pas de visite, je passe la plupart du temps avachi dans mon lit, en train de dormir. Ce n’est pas beau à voir, mais bon, j’en ai que faire, c’est ma façon à moi de faire face à mes problèmes. Je ressemble à un zombi, et alors !


Comme si un malheur n’arrive pas tout seul, que le rejet ne suffit pas pour me faire souffrir, mes parents ont reçu une lettre dans la semaine concernant mon passage en étude supérieur. Ne pouvant plus marcher, et donc, ne plus faire de cheval, je suis refusé, alors que j’avais été accepté suite à mes résultats très concluants du bac. Cet accident a vraiment gâché ma vie jusqu’au bout. Je suis devenu un handicapé sans avenir, cloué dans un lit d’hôpital, dans l’obligation d’abandonner ses rêves de devenir un jour palefrenier et peut-être moniteur d’équitation.


Quand je ne dors pas, et que je ne discute pas avec ma mère et mon père, je suis sur mon nouveau portable. L’autre étant partie en morceau le jour de mon accident, mes parents m’en ont acheté un autre. Je divague sur les réseaux sociaux, c’est mon seul moyen de m’accrocher à la société. Je découvre les actualités de mon club équestre, ce que deviennent mes soi-disant amis pendant que je me retrouve ici. Je vois les photos des trophées entreposés sur les étagères des écuries, avec les autres qui redorent notre réputation. Je n’arrête pas de me dire que si je n’avais pas concouru, il ne serai pas exposé ainsi à la vue de tous. J’aurai pu en apporter d’autres, si seulement je pouvais encore bouger mes jambes.


A peine cette pensée me traverse l’esprit que je ressens le besoin de laisser libre court à ma colère. Je suis prêt à passer mes nerfs sur n’importe quoi. Sur le point de gueuler pour évaporer ma haine, je prends conscience que je ne suis pas seul. Même si je n’apprécie toujours pas mon coloc, ce n’est pas une raison pour me donner en spectacle de cette façon. Au lieu de ça, je laisse échapper un soupire.


— Et ben, ça ne va pas fort à côté, dit un inconnu à mon super coloc.


Tellement que je suis dans le bad mood, j’ai complètement zappé qu’il a de la visite. A vrai dire, je suis tellement déconnecté, que je ne l’ai pas vraiment vu entrer. C’est un jeune de mon âge, à peu près, peau noire, cheveux sombres rasés sur le côté, lui aussi en fauteuil roulant.


— Il ne faut pas lui en vouloir, il vient de rompre avec sa copine, lui répond l’autre sans avoir honte d’étaler ma vie privée comme ça. Elle est venue lui rendre visite il y a trois jours. A peine elle a croisé son regard qu’elle a vite fait demi-tour.


— Je vois, c’est pas cool ça.


Ils parlent ainsi comme si je ne suis pas là, ce qui me mets en rogne.


— He ho, je suis là, arrêtez de parler de moi comme ça ! m’exclamé-je de vive voix. Et puis, je n’ai pas rompu avec ma copine.


Enfin, je crois. Je ne sais même plus ce qu’on représente l’un pour l’autre, me rendant complètement perdu. Elle m’a fui et ne répond plus à mes messages, mais est-ce que ça fait d’elle une exe ?


— Permet moi d’en douter, répond mon coloc.


— Eliott…, essaye de l’interrompre son ami.


— Ben quoi, c’est bien la vérité ! Autant le mettre en garde, tu ne trouves pas ? De toute façon, les meufs sont toutes pareilles.


— Ça se trouve, il n’en est rien pour lui. Et puis, ça ne nous regarde pas, man.


Voilà la meilleure des répliques que j’ai entendu depuis le début de leur débat. Il s’agit de ma vie privée, pas de la leur, donc, ils n’ont pas à ajouter leur grain de sel ainsi. En plus, je ne les connais pas assez pour en parler. Pour moi, ce sont des inconnus. Quand je me casserai de cet hôpital une bonne fois pour toute, je ne les croiserai plus jamais, et j’ai vraiment hâte que ce soit le cas. J’en ai ma claque de toujours croiser le même regard depuis cinq jours.


Tous deux entrent dans un dialogue sans fin. J’en ai vraiment que faire, que je décide de me couper du monde. Je sors mon casque et l’installe sur mes oreilles. Je mets ensuite ma chanson préférée « Lose Yourself » de Eminem. J’aime tellement ce son que j’ai appris à le chanter au lycée pour faire des battles de rap, ce qui a fini par me réussir. Je gagnais toujours haut la main, en rajoutant au morceau des passages de jukebox. Je kiffais vraiment cette période, ça me manque beaucoup.


Le son m’emporte totalement dans une autre dimension. Je n’entends plus que la voix d’Eminem, effaçant le bruit que font les autres dans cette pièce. Je suis comme coupé du monde, ce qui est bien plaisant. Ils peuvent bien parler de moi, j’en ai que faire, je ne les écoute plus de toute façon.


Quand vient le moment du refrain, je commence à m’ambiancer à fond, chantant les paroles dans ma tête.



You better lose yourself in the music


The moment, you own it, you better never let it go


You only get one shot, do not miss your chance to blow


This opportunity comes once in a lifetime, yo


You better lose yourself in the music

The moment, you own it, you better never let it go


You only get one shot, do not miss yout chance to blow


This opportunity comes once in a liftime, yo












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9

9 commentaires

Cin_dy

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Il y a un an

Tu ne nous parles plus de James... Est-il revenu le voir ou a-t-il eu la même réaction que Monica ?

Mélanie Nadivanowar

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Il y a un an

Il est parti avec Monica en la suivant 😅😅.

Jenn Bl Writes

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Il y a un an

💕

Ines.m

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Il y a un an

like d'entraide ❤️

MONTENOT Florence

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Il y a un an

Bonsoir like de soutien 😊

Emeline Guezel

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Il y a un an

Soutien de like 🥰

Anaïa Auteure

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Il y a un an

À jour ✨️

François Lamour

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Il y a un an

Like du "Connard romantique" 😁

Laryna

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Il y a un an

:)
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