Fyctia
Chapitre 9 3/3 PDV Alix
À la fin de la pause déj, nous reprenons les cours, tous ennuyeux les uns que les autres. À chaque intercours je regarde frénétiquement mon tél, mes yeux rivés sur l’heure, comme si cela peut la faire défiler encore plus vite. Puis, bingo, seize heure trente retentit, c’est la fin des séances d’ennui répétitives dans un amphi sombre n’ayant comme seule source de lumière celle des éclairages artificiels. Je me sens enfin libérée d’un poids pour cette journée de la mi semaine.
Je range ma trousse et mon bloc note dans mon sac. Je fais partie de l’ancienne école qui préfère user de son don de calligraphe que de taper machinalement sur un clavier. J’arrive plus à intégrer de cette manière, ma mémoire fonctionne ainsi, et ce depuis toujours. Pour le coup, ça m’a quelques fois aidée, notamment pour les évals et les exams de fin d’année. Mon bac, je l’ai eu haut la main il y a deux ans, pareil pour mes premiers partiels. Je n'ai pas besoin de réviser des heures pour ressortir quelque chose, ce qui a ses avantages.
Une fois prête, Karine et moi quittons cette pièce pour arpenter une dernière fois les couloirs. Nous rejoignons nos voitures respectives sur le parking, puis nous enclenchons nos moteurs. Direction : le conservatoire de danse et de musique, ce lieu que je connais depuis très longtemps, remplis d’histoire.
A peine arrivées que nous nous grouillons pour rejoindre les vestiaires. Nous nous déshabillons, enfilons notre justaucorps : gris pour le mien, violet pour Karine. Nous laçons nos pointes, réajustons nos cheveux en chignons de danseuse, pendant que Sabrina nous rejoint.
— Alors, Sab ! m’exclamé-je. A la bourre à ce que je vois.
— J’ai fait au plus vite, mais Evan ne voulait pas me lâcher. Vous le connaissez à force, il me colle toujours. Et si j’ai le malheur de ne pas le voir avant plusieurs heures, monsieur n’est pas content.
Evan, c’est son mec depuis maintenant neuf mois. Ils se sont rencontrés lors d’un bal de promo à l’université. De base, Sabrina ne pouvait pas venir à cause d’un imprévu familial. Ses parents étant en voyage d’affaire, elle devait s’occuper de ses frangins. Finalement, un changement de dernière minute s’est produit, sa tante a décidé de s’occuper d’eux, et de laisser la belle s’y rendre, et heureusement. Le destin s’est joué d’eux et les a liés irrémédiablement. Un simple regard avait suffi à les attirer comme des aimants.
— Au moins tu as quelqu’un qui t’attends et qui t’aime d’un amour fou, ajoute Karine en souriant de plus belle.
— Ça dépend vraiment des jours. C’est chouette, mais parfois ça devient usant. Quelquefois, je regrette le célibat où tu vas où tu veux, quand tu veux, sans avoir de compte à rendre. Parfois, je ne serais pas contre des moments de solitude.
Evidemment, Sab est une femme forte et libre, et possède un caractère très difficile. Malgré ce qu’elle dit, je sais qu’elle aime son Evan très sincèrement et que sans lui, elle serai attristée. Il y a des personnes comme ça, qui se plaignent sans arrêt, sans vraiment comprendre la chance qu’ils ont. Pour autant, ça ne fait pas d’elle une mauvaise personne et on l’apprécie comme elle est.
— Enfin, c’est parfois pesant d’être seule sans arrêt, continue Karine.
Contrairement à moi, je sais que Karine rêve d’être en couple. Elle a déjà eu des coups d’un soir, quelques relations sérieuses, mais à chaque fois, ça n’aboutit à rien. Pourtant, elle est magnifique, intègre, possède une chouette personnalité, bref, toutes les qualités du monde, ce qui n’a pas suffi de retenir ces mecs de l’époque. Soit c’était lui qui la quittait, soit c’était elle pour diverses raisons. Mais la principale de ses tourments, c’est que depuis des années, elle est à fond sur le même mec, mais jamais elle n’a osé lui dévoiler ses sentiments. Et ce gars, je le connais trop bien.
— T’inquiète, Karine, tu finiras par trouver la perle rare, l’encourage Sabrina. Ne désespère pas. Je suis sûre que tu connaîtras les joies de l’amour et les inconvénients.
— Si tu le dis.
— Toi aussi, Alix, dit-elle en tournant son attention sur moi.
— Ça, ça n’arrivera jamais. Bon, assez parlé. Et si on se dépêche à nous préparer, dis-je pour couper court à la conversation qui dévie toujours sur moi en dernier recours. Ne soyons pas en retard, sinon, je sens qu’on va passer un mauvais quart d’heure avec Madame Grieffen.
— Tu as raison, s’esclame Sabrina, qui se précipite vers son casier et se change en deux trois mouvements.
Une fois toutes les trois prêtes, nous entrons dans la salle de danse, où notre prof nous attend. Tout le monde est déjà en place, nous sommes les dernières à nous pointer.
— Bonjour, disons-nous en cœur à notre arrivée en passant devant cette femme peu gracieuse qu’on apprécie tout de même à sa juste valeur.
— Bonjour les filles, nous répond-elle sans la moindre chaleur. Allez-vous placer à la barre.
C’est ce que nous faisons sans plus attendre, nous positionnant les unes derrière les autres. Nos pieds bien encrés sur le parquet, nous commençons nos échauffements sous la supervise de notre prof, tout en nous admirant dans le miroir.
Nous exécutons les pliés, les dégagés, les ronds de jambe, les battements fouettés sur le coup de pied, les retirés. Ensuite, nous effectuons des exercices au sol, autant complexes les uns que les autres, tout en tendant nos pointes et en levant nos jambes le plus haut possible, éparpillés au milieu de la pièce. En faisant cela, nous travaillons notre buste et notre dos, tout en le maintenant droit.
Travaillant notre souplesse, chaque pas doit être précis et gracieux, tandis que les pointes de pieds doivent rester tendues. C’est aussi un moyen pour nous de se démarquer des autres, ce que certains et certaines arrivent avec brio. Je parle notamment de Nadia, ma plus grande rivale. Sans arrêt, nous nous battons pour savoir qui d’entre nous danse le mieux, enfin, ce que j’aime lui faire croire. Je m’en fou complètement de ces enfantillages, ce n’est pas pour autant que je ne me laisse faire.
Alors, je mets toujours les bouchées double dans chaque chorégraphie exécutée, tout en prenant du plaisir. Car oui, ce que je veux le plus, ce n’est pas d’être la meilleure, mais de danser comme je l’entends jusqu’à avoir six pieds sous terre. C’est mon moyen à moi de survivre.
15 commentaires
Laura Luceo
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Il y a un an
Marina.auteure
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Il y a un an
Mélanie Nadivanowar
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Il y a un an
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Marina.auteure
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lea.morel
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Cin_dy
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Mélanie Nadivanowar
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Il y a un an