Fyctia
Chapitre 6 2/3 PDV Jason
Me forçant, j'arrive à finir de manger, avec beaucoup de difficulté. A peine je m'essuie que cette Camille revient dans ma chambre et sort le plateau de la salle. Cela étant, elle revient en m'informant qu'elle arrive dans un instant avec le matériel nécessaire pour faire mon brin de toilette au lit.
Une bassine remplie d'eau et de savons, deux gants à disposition, deux serviettes d'un bleu azur, marquées par des inscriptions, sont positionnés sur l'adaptable, prêts à l'emploi. En cet instant, ma mère me laisse, ainsi que la personnelle soignante. Vu que je peux bouger mes bras, je préfère exécuter seul le nettoyage de mon visage, de mon torse et de mes parties intimes, tout en essayant de ne pas tordre la sonde urinal qu'on m'a positionné pendant mon coma. Même me lever pour aller aux toilettes, ce n'est plus envisageable. J'ai l'impression d'être réduit à l'état d'un vieux dans une maison de retraite.
Le reste, je ne peux pas m'en occuper. Je dois donc sonner pour que l'auxiliaire vienne le faire, accompagnée de l'infirmière. Elles me basculent sur le côté pour pouvoir accéder à mon dos. D'en être réduit à là me déprime fortement, me donnant l'impression d'être un jouet qu'on manipule dans tous les sens.
Pendant ce temps, l'infirmière, portant ses lunettes rouge écarlate sur le nez, regarde attentivement les cicatrices liées à mon opération, vérifiant ensuite que mes perfusions soient toujours intactes, sans nœuds, tout en gardant le silence. Rien d'alarmant à priori, sinon, elle m'aurait fait part de ses doutes. Puis, elle me sourit, en me disant un « tout va bien ».
— Combien coterais-tu ta douleur, aujourd'hui ? me demande-t-elle avec un ton sérieux dans sa voix.
— Trois, je dirais.
Nous allons dans le mieux, alors.
Pour elle, le fait de ne ressentir aucune douleur est synonyme d'une amélioration, ce qui n'est pas du tout le cas pour moi. Mes jambes ne bougeront plus, c'est un fait. Rien ne peut pallier à cela, pas même un médicament.
Propre et soigné, on me retourne, cette fois pour changer les draps, sans faire le moindre pli. Les techniques complexes qu'elles utilisent ne ressemblent en rien à la manière que je m'y prends pour faire mon lit. Il faut que les coins soient bordés d'une manière et pas d'une autre, représentant un carré, du moins, ce que j'arrive à observer. Elles le font tellement machinalement, d'une rapidité déconcertante, que ça se voit qu'elles sont les championnes pour ce genre de chose.
Allongé sur de nouveaux draps, paré de nouveaux vêtements, deux autres personnes arrivent dans ma chambre. C'est l'auxiliaire de puériculture du secteur chirurgie pédiatrique avec l'une de ses col-lègues. Toutes deux viennent me chercher. Elles défont, pour commen-cer, les freins de tous les côtés, se saisissent de la petite poignée située sur le dossier du lit, puis l'entraînent à l'extérieur. Je quitte enfin le service de réanimation pédiatrique, loin des machines et de leur Bip ! qui m'ont rendu fou une bonne partie de la nuit.
Toujours ma mère derrière les talons, nous franchissons les grands couloirs, toujours tapissés de ce blanc malsain, comme si cela représente le début du chemin pour atteindre l'au-delà. Transporté comme un enfant dans une poussette, j'observe ce qui m'entoure, sans intérêt. La route à franchir est longue, chaque recoin se ressemble dans cet hôpital. Heureusement que je me déplace, accompagné par des per-sonnels soignants, sinon, je me serais perdu plusieurs fois. Un coup, on part à droite, un coup, on part à gauche. On franchit une porte, ensuite, nous rentrons dans un ascenseur.
Croyant la fin toute proche, je découvre que je me plante complètement. Un autre vestibule, plus grand que le précédent, recouvert de grands vitrages de tous côtés, se présente à nous. En chemin, je vois plusieurs personnes vêtues de blanc ou en tenues de ville, vadrouiller dans tous les sens. Tous avancent instinctivement, sans faire attention à ce qui les entourent, comme programmés pour uniquement se déplacer droit devant. Quelque part, je les envie tous de pouvoir marcher sur leurs deux jambes.
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Carl K. Lawson
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Il y a un an
Mélanie Nadivanowar
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Il y a un an
Cin_dy
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Il y a un an
Mélanie Nadivanowar
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Marina.auteure
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Lulu_K
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Mélanie Nadivanowar
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Lulu_K
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Il y a un an