Fyctia

En arrivant au club, le temps de la récompense sonne pour An-gel et ses congénères. Une bonne douche et un bon pansage seront pour eux la meilleure d'entre elles. Ensuite, après un travail bien chargé, ils méritent le meilleur des repos dans leur pré adoré.

Vient par la suite notre tour, nous préparant dignement avant que les membres du club se joignent à nous. Comme par hasard, ils arrivent très vite, sans que nous ayons le temps de nous reposer et de nous remettre de nos émotions fortes de la journée. La fête commence sans plus attendre, en battant son plein.

Les tables dressées sur le chemin pour aller à l'écurie, nous dé-posons tout plein de choses à manger et des boissons alcoolisées pour arroser le coup. Comme je dois prendre la route pour rentrer chez moi ce soir, je prends uniquement du coca. Tout le monde se sert en fonc-tion de ce qui le fait envie. Karl décapsule sa bière moussante et lève sa bouteille en l'air, tout en nous regardant avec un grand sourire.

— Tous pour Jason, crie Karl.

Tout le monde répète en écho, heureux que le blason de notre club soit redoré, sauf un. James sirote son verre de whisky avec un goût amer, ses yeux marrons perdus dans le vide.

— Tu nous as mis une bonne raclée, dit-il en posant ses iris marrons sur le contenant.

— Tu n'étais pas bien loin derrière, réponds-je

— Arrête de dire des sottises ! Tu étais parfait, contrairement à moi. C'était perdu d'avance à cause de deux refus d'obstacles. Ça m'a coûté pas mal de point.

— Tu es au moins arrivé septième, essayé-je de le rassurer, même si je sais que quand il broie du noir, il est difficile de l'en sortir. C'est déjà pas mal sur trente concurrents. Mais une prochaine fois, tu arriveras à gagner, qui sait.

— Avec toi, je ne risque pas.

Il secoue la tête pour me dire que je prononce que des conneries, comme toujours. Même si nous sommes meilleurs amis, une part de lui sera toujours jalouse de ma réussite, ce qui me désole.

— Si tu pars toujours défaitiste ainsi, c'est sûr que tu ne gagneras ja-mais une seule médaille d'or, intervient Monica, en se glissant derrière nous deux, nous séparant de ses longs bras gracieux.

— Ok, j'ai compris ! s'exclame James. J'arrête de me plaindre !

Il prend ensuite un air sérieux et taquin avant de reprendre.

— Et toi, Monica ? Qu'est-ce que ça te fait de t'être fait battre par ton mec qui n'en serai pas là sans ton aide ?

— Je suis fière de lui, même si j'aurais préféré gagner à sa place. Mais bon, rien n'est encore joué. La prochaine fois, je le battrai à plâtre couture.

— On verra ça ! ajouté-je pour l'énerver, ce qui marche à tous les coups. Rien n'est encore joué. Je ne te laisserai pas gagner pour tes beaux yeux, tu peux me croire.

— Arrête, toi ! m'ordonne-t-elle en me tapant amicalement.

— Je préfère mieux ça.

Je me penche de nouveau dans sa direction pour l'embrasser. Elle accepte mon baiser, volontiers. De toute façon, c'est le seul moyen que j'ai en ma possession pour la calmer.

La musique retentit. Cette fois, Monica passe de l'agacement à l'excitation. Danser en boîte de nuit a toujours été sa passion, surtout quand elle écoute sa chanson préférée « I follow you » de Likke li. Même si cette chanson commence à dater, ma copine reste toujours folle quand elle l'écoute. Et à chaque fois, j'en pâtis.

Dana, une de nos amies, très mince, cheveux bruns en bataille, peau mate, vêtue d'une robe cintrée noire, laissant paraître ses formes, danse déjà sur place, en même temps que Monica. Ce n'est pas la première fois qu'elles font des soirées ensembles, et comme toujours, elles se lèvent en même temps, programmées comme des robots.

Avant que Monica aille sur la piste de danse, elle me traîne par les bras, me forçant, mais cette fois, je suis trop crevé pour céder. Voyant que je ne me laisse pas m'entraîner, elle s'arrête en me faisant face, son regard suppliant.

— Allez, viens danser ! insiste-t-elle.

— Tu sais que je n'aime pas ça.

— Tant pis pour lui, surgie notre amie Mélissa. On s'amusera bien mieux sans ton mec.

Monica hoche la tête et me laisse en paix, pour une fois. Cela se voit sur son regard qu'elle m'en veux de ne pas danser avec elle. Comme toujours, quand je ne fais pas ce qu'elle veut, elle me boude.

— Ha, ces meufs, toujours en train de danser ! ajoute James quand je me réinstalle à ses côtés, nous trouvant seuls comme des cons.

— Et elles n'acceptent pas qu'on n'aime pas ça.

— Elles sont juste de bonnes vivantes. Quelque part, elles sont drôles dans leur genre. En tout cas, n'en-veux pas à Monica. Ce qu'elle veut, c'est d'être avec toi et de passer du bon temps. Ce n'est pas une danse qui va te tuer, si ? Tu devrais fournir des efforts supplémentaires pour elle, tu ne trouves pas ?

Comme toujours, James me conseille en amour. C'est grâce à ses encouragements que je sors avec Monica, me trouvant incapable de lui dévoiler mes sentiments, à l'époque. Sans lui, j'aurais peut-être conti-nué à la regarder de loin, sans avoir tenté quoique ce soit, jusqu'au moment où ça aurait été trop tard. James a toujours été célibataire, malgré le fait qu'il soit bien bâti, des cheveux bruns mi-long coiffés à la Zlatane, et pourtant, il est toujours de bons conseils. Depuis, il m'a toujours épaulé et m'aide souvent pour amorcer les conflits, comme ce soir.

Je finis mon verre de coca d'un trait et rejoins ma copine. James a sûrement raison, comme toujours. Cette fois, Monica explose de joie de me voir à ses côtés. On se met à danser, coller l'un à l'autre jusqu'à la tombée de la nuit.