Fyctia

Avec mon étrille, je fais des cercles sur la robe alezane de mon cheval précautionneusement, quand soudain, je sentis quelqu'un m'attraper par derrière, m'enlaçant avec ses doigts fins. C'est Monica, ma petite amie. Pour attirer mon attention, elle embrasse mon cou, ce qui marche à tous les coups. Je me tourne dans sa direction pour que nos lèvres se rencontrent inlassablement, se liant entre elles.

Cela fait maintenant deux ans que moi et Monica sortons ensemble. Nous nous sommes rencontrés ici-même, des années auparavant. À peine âgée de onze ans, elle avait déjà commencé les concours équestres, ce qui faisait d'elle la plus forte du groupe. C'était en la voyant que j'avais commencé par désirer de faire la même chose. Elle m'avait donné cette envie de m'entraîner d'arrache-pied afin de la surpasser.

Quand elle avait compris ma détermination, elle décida de me prendre sous son aile. En plus des cours d'équitation, elle m'entraîna à devenir le meilleur, ce qui marchait très bien. J'avais même réussi à la battre pendant les concours, ce qui ne serais jamais arrivé sans elle comme professeure.

J'avais toujours pensé toutes ces années que mon objectif était d'être plus fort, mais en vérité, il était tout autre. Je nourrissais un autre désir depuis mon adolescence, celui de sortir avec elle. Tout me plaisait chez elle. Sa combativité hors du commun et sa beauté me sidérait. Ses cheveux roux, arrivant jusqu'au épaules, lui allaient à merveille, ses yeux d'un vert éblouissant qui me scrutaient intensément, sa taille fine, son nez retroussé et ses lèvres pulpeuses qui ne demandaient qu'à être embrassées.

Ça n'avait pas été facile vu notre différence d'âge de deux ans, mais jamais je n'avais abandonné. Je n'étais pas le plus bel homme avec mon mètre soixante-quinze, mes yeux noirs et ternes, mes cheveux blonds en pagaille, et mon nez cabossé. Je n'étais ni le plus mâture de notre troupe, mais je continuais sans cesse à lui montrer l'amour que je pouvais lui apporter.

Au bout d'un moment, elle avait fini par m'accepter et à ressentir des sentiments, à mon égard, qui s'étaient développés au fil du temps. Cela faisait un bon bout de temps qu'on traînait ensemble. Malgré tout, mon sens de l'humour ne la laissait pas indifférente. Plusieurs fois, elle me racontait que le plus attirant en moi était ma force de caractère et ma persévérance.

Chaque fois qu'elle se trouvait à mes côtés, elle sentait cette combativité qui m'animait au plus profond de mon âme. Je ne baissais jamais les bras malgré les difficultés, ce qui l'attirais. De plus, je restais toujours auprès d'elle quand elle avait le plus besoin de moi et l'écoutait, sans jugement. Elle se sentait donc épaulée, moins seule dans les tourments du quotidien. J'étais son meilleur ami, et maintenant son mec. Le jour de notre premier baiser était ma première victoire.

— Salut toi, dis-je. Alors, tu es venu m'encourager pour le concours de cette aprèm ?

— Pourquoi encouragerai-je mon adversaire ?

— Parce que je suis bien meilleur que toi.

— C'est ce qu'on verra. Un conseil, ne te repose pas sur tes lauriers. Je compte bien te faire mordre la poussière.

— Tu me fais peur.

En disant cela, je me penche de nouveau sur elle et l'embrasse avec passion.

— Vous comptez faire cela encore longtemps ? s'interpose une autre personne derrière nous, toujours au mauvais moment.

Moi et Monica nous arrêtons sans trop tarder, et nous nous retournons face à cet imprudent, qui n'était autre que James, notre meilleur ami depuis de longues années. Lui aussi va concourir pour le saut d'obstacle, représentant à sa façon un très bon élément de notre club, ainsi qu'un terrible adversaire.

Aujourd'hui, la compétition sera rude, l'enjeu est de taille. De nous trois, un seul sera sélectionné pour les régionales. Il faut donc donner tous ce qu'on a dans le ventre pour remporter la victoire.

— Tu louperas ce genre d'évènement si tu t'annonçais, au lieu de surgir par derrière, sans faire de bruit, le taquiné-je sur un ton moqueur.

— Il a toujours le dernier mot celui-là ! s'exclame James, sur la même tonalité que moi. Maintenant que je vous ai interrompu, et si on passait aux choses sérieuses ?

— Dans ce cas, allons-y ! Qu'est-ce qu'on attend ?

Monica et James récupèrent, sans plus attendre, leur matériel, à toute vitesse, pendant que je continue de brosser Angel.

Une fois le pansage terminé, je mets son filet et sa selle, puis je me dirige sur la carrière. À peine ma monture pose ses sabots sur le sable, que Monica et James arrivent juste derrière moi. Nous ne perdons pas de temps à discuter, et commençons déjà notre entraînement en faisant des tours de piste à main droite et à main gauche, en passant du pas au galop, ce qui dure au moins une bonne heure.

Après cet entraînement, le repos est bien mérité. Nous ramenons nos chevaux dans leur boxe et nous mangeons un morceau. Cette fois, c'est notre moniteur d'équitation, Karl, qui fait son entrée, avec son air excité qui lui est propre. Ses yeux couleurs noisette nous fixent tour à tour.

— Alors, les jeunes ! s'annonce-t-il. Prêts à remporter les prix ? nous demanda-t-il, l'air enjoué à l'idée qu'on apporte de nouveaux trophées à entreposer dans son ranch.

— Nous n'avons jamais été aussi prêt. réponds-je, me joignant à lui dans sa joie maladive.

— Bien, dans ce cas, allons-y.

Nous avons à peine eu le temps de finir nos sandwichs qu'on se prépare déjà pour le départ.

Nous entraînons nos montures dans le remorquage, puis nous grimpons à l'avant du camion. Cette fois, le grand départ est annoncé. Quand nous reviendrons ici, ce sera avec nos récompenses bien méritées. Encore d'autres coupes et médailles à entreposer dans ma collection.

La compétition d'aujourd'hui se déroule au CFO de Grenoble, qui se trouve à une heure de route d'ici. Le trajet sera long, surtout pour moi qui ai hâte de montrer à tout le monde ce que je vaux. Un seul mot me vient en tête : victoire.