Chaos Ipa Dance with Shadow - Chapitre 17 -

- Chapitre 17 -

Chaque esprit était unique et était protégé plus ou moins bien. Hunter avait toujours été très doué dans les combats psychiques. Sa technique préférée était d’entrer dans les rêves de ses victimes et de les briser lentement. Toute la caserne l’avait même surnommé le mange cauchemar.


Lors de la formation pour devenir une guerrière céleste, Hunter avait passé des heures à m'entraîner mais je n’étais pas bien douée et fasse à Godrik, c'était peine perdue.


Mon geôlier était sans répit et si violent que la douleur était insoutenable. Mon corps brûlait doucement de l'intérieur, ma respiration irrégulière me donnait l’impression de me noyer et j'étais incapable de faire quoi que ce soit. Ma magie était complètement bloquée et j’étais incapable de rompre le contact. En moins de cinq minutes, mon corps capitula et Godrik passa en un clin d’œil mes maigres défenses psychiques.


Nous étions tous différents. Certains esprits ressemblaient à d'énormes magasins, d'autres à une salle remplie de portes ou à une île déserte. Le mien s'était une bibliothèque. Depuis toute petite, j'adorais lire, mais avec mon exil et ma fuite permanente, je n'avais pas tenu de livre depuis bien des années.


Mon esprit était composé d'étagères tellement hautes, qu'il était impossible de savoir où elles s'arrêtaient. Toutes étaient remplies de livres plutôt épais. Si on s’approchait assez, on pouvait entendre le chuchotement des pages. Une lumière agréable plongeait le tout dans une atmosphère douce. L’univers psychique était censé représenter la nature profonde de la personne. Étrange, je n’étais pas une princesse calme, mais plutôt casse coup.


- Intéressant, commenta l’intrus en longeant les rayons.


Je n'étais pas toute jeune, pour les humains, j'avais à peine la vingtaine, mais pour mon monde, j'avais quelques siècles derrière moi. La grandeur de ma bibliothèque esprit était la preuve de mon âge avancé. Plus on possédait de souvenirs, plus les rayons étaient garnis d’ouvrages.


Complètement impuissante, je regardais Godrik se balader entre les stigmates de ma vie passée. L'apparence mentale de mon hôte était une sorte de silhouette fantomatique noire. Il irradiait de colère et de tristesse, c'était une âme profondément meurtrie.


Sans doute, pour me torturer un peu, il s'amusait à prendre les livres puis les reposer. Il guettait la moindre réaction de ma part. Plus il avançait plus les ranger devenaient étroites et rangées approximativement. L’atmosphère dans ce coin de mon esprit était pesante.


Il aurait pu ouvrir n'importe saisir et lire n’importe quel livre, ceux de mon enfance par exemple. Tous mes souvenirs de cette époque étaient extrêmement agréables et auraient permis de prouver ma royauté. Mais non, Par je ne sais quel heureux hasard, il venait de tomber sur le pire chapitre de ma vie.


De tous, c'était le seul que je ne voulais pas revivre, mais mon ego me poussa à ne rien dire et encore moins l'implorer de choisir un autre livre.


- Je te le jure, marmonnais-je. Tu me le paieras.


Godrik haussa les épaules et ouvrir le jour le plus malheureux de ma longue existence.


Ma douce bibliothèque laissa place à la salle du trône de la cité étoilée. Le sol en marbre blanc était recouvert de sang et de cadavres. Une majorité des hommes tombés au combat étaient des elenwens. Une odeur de fumée irritait mes narines et me provoquait une nausée affreuse. Ce n'était pas la première fois que je combattais, mais c'était la première fois que je contemplais la mort d'aussi près. Du coin de l'œil, je pouvais voir l'immense baie vitrée refléter les flammes qui grignotaient doucement la ville et me renvoyer mon pathétique reflet.


Maintenue fermement par deux démons, je ne ressemblais à rien. Mon armure noircie par la suie, pesait sur mon corps endolori. Mes ailes étaient bloquées par d'imposantes chaînes et ma peau pâle était tachée de sang. Mes cheveux étaient en bataille et menaçaient de faire tomber ma tiare. Ce bijou était censé, me protéger l'orfèvre qui l'avait confectionné avait sans aucun doute oublié d'appliquer le sortilège.

Je m'étais battue de toutes mes forces. Je n'avais plus un soupçon de magie dans le corps et j'étais tellement exténuée, que j'étais incapable de soulever mon épée. J'avais été vaincue. Il n'y avait plus rien à faire. Aucun renfort ne viendrait à notre secours, nos assaillants étaient bien trop puissants et bien trop nombreux.


- Te voir ainsi me réchauffe le cœur, marmonna quelqu'un en entrant dans le charnier.


Son aura lourde et puissante me glaça sur place. Mon cœur s'emballa et je sentis les larmes monter au coin de mes yeux. Toute tremblante, je redressais la tête et étouffée un cri de rage.


Tel un conquérant et à peine amoché, Draal traînait fièrement les corps sans vie de mes parents. Ce démon avait réussi à tuer les plus puissants guerriers de la cité. Ce monstre était pourtant de mon âge ! Un flot de colère me submergea et surprit les deux soldats qui me maintenaient  au sol. Sans réellement savoir comment mon corps se retrouva en face de Draal. Mon poing, que j'avais pourtant lâché de toutes mes forces, s'immobilisa comme par magie. Il s'était retrouvé bloquer par la simple puissance de l'esprit du démon.


Son visage était si prêt que je pouvais voir le feu de l'enfer danser dans ses iris. Il était séduisant et possédait une apparence typique des elfes solaires. Ses traits étaient d'une grande finesse et ne reflétaient aucune perversité. Au premier abord, personne ne pouvait savoir qu'il s'agissait d'un démon. Draal était le fruit d'un amour interdit entre une elfe de la forêt solaire et le dieu de la mort. Ce n'était pas n'importe quelle créature, c'était un demi-dieu. Un être que mon peuple devait servir.


Le sourire qui se dessina sur ses lèvres me tétanisa et je compris que je venais de faire une grosse bêtise. Sans que je n'ai le temps d'esquiver ou voir le geste, je me retrouvais une fois de plus par terre. Mon visage me faisait atrocement, mal et un filet de sang coulait le long de mes lèvres.


- Espèce de ... Commençais-je avant qu'on me tire violemment les cheveux vers l'arrière.

- Vas-y continue et je te casse un bras, me menaça l'affreux sbire de Draal.


Des deux, j'avais bien plus peur de Qâa que de son maître. D'apparence, il ressemblait à un humain. Seule sa langue fourchue et ses iris en amande étaient la preuve que c'était un démon. Contrairement à Draal, cette espèce de reptile me détestait et rêvait de me tuer à petit feu. Heureusement pour moi, son roi voulait faire de moi sa femme et l'empêchait d'assouvir ses noirs désirs.


- Retouche-la et je t'arrache la tête, grogna-t-il en s'agenouillant à côté de moi.


Mes yeux se figèrent sur le visage sans vie de mon père. Ses magnifiques cheveux noirs étaient collés par du sang coagulé et son teint si pâle était devenu grisonnant. Même avec les yeux clos, je pouvais sentir la puissance du gris polaire de ses pupilles.


- Père, sanglotais-je en essayant de le toucher du bout des doigts.


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