Fyctia
-Chapitre 8-
La solitude était sans doute ma pire ennemie. Je n'étais pas très douée pour garder mes amis et encore moins pour m'en faire. Hunter étant sans aucun doute mon meilleur ami et je détestais me disputer avec lui. Même s'il me tapait sur les nerfs très souvent.
- Je ne suis qu'une idiote, ronchonnais-je pour moi-même en me laissant tomber dans la mousse.
Il n'avait pas totalement tort. Les créatures magiques savaient que ma tête était mise à prix, mais je possédais un avantage qu'Hunter avait sans doute oublié. Le jour où je fus contrainte à l'exil, Draal m'avait grièvement blessé. Mes blessures m'auraient sans aucun doute tué si les Akins n'étaient pas venus à mon secours.
Dans un élan de folie et par ignorance, il m'avait arraché les ailes dans l'espoir de me priver de mes pouvoirs et ainsi me garder auprès de lui. Certes, les ailes des elenwen étaient gorgées de magie, mais elles n'étaient pas la source même de notre puissance. Elles nous permettaient d'aller et de venir dans le monde des dieux dont nous étions les messagers et les gardiens.
Cette pensée réveilla une vive douleur entre mes omoplates. Le syndrome des membres fantômes était encore bien présent et me faisait souffrir à chaque fois que je repensais à ma vie passée.
Privée de mes ailes, je pouvais passer pour une simple elfe sylvestre, être totalement inintéressant pour les autres créatures surnaturelles vivant sur Terre. Seules les affreuses cicatrices dans mon dos pouvaient me jouer des tours et encore, Draal ne s'était pas venté de m'avoir mutilé et avait fait une description de moi si vague, qu'il y avait très peu de chance que des loups-garous ou des chasseurs de Westwood me reconnaissent.
Tout en essayant de chasser la douleur de mon dos, je me redressais et levais le nez vers le ciel. Le soleil n’allait pas se coucher avant un moment, je n'avais pas spécialement envie de rentrer au manoir. J'étais plutôt d'humeur à partir en exploration. Ce fut donc sans trop réfléchir que je me mis à marcher en direction de la ville.
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Bien plus animées, qu'à mon arrivée, les rues étaient plongées dans une drôle d'euphorie. N'ayant aucune connaissance des coutumes de la région, je fus agréablement surprise du spectacle et quelque peu intimidée.
Des fanions oranges étaient accrochés aux fenêtres et des stands remplis de plats de toutes les couleurs se dressaient devant chaque porte. Un orchestre, installé sur une estrade, jouait des airs festifs et les enfants se chamaillaient sous le regard attendrit des personnes âgées. Le coming-out des créatures magiques ne semblaient pas infecter les habitants au contraire. De là, où j'étais, je pus identifier sans aucun problème une sorcière à la chevelure rousse et un métamorphe du clan des tigres gris. Son tatouage dans le cou ne pouvait pas me tromper.
Curieuse, je sortis de ma cachette et me dirigeais vers le groupe d'humains le plus proche. Ils s'agissaient de six femmes portant de magnifiques colliers de fleurs. Je n'étais pas encore à leur niveau que la plus vieille d'entre elle vint à ma rencontre.
- Où est ton collier ? Me demanda-t-elle tout sourire.
Elle devait avoir une cinquantaine d'années. Ses yeux marron étaient encadrés par des pattes d'oie assez prononcées et son visage était tâché par la vieillesse.
- Euh bien, commençais-je avant qu'une voix familière ne me coupe.
- Aerin ! S'écria Hunter en m'attrapant par le bras. Je commençais à me faire du souci.
Crispé comme il était, je compris rapidement qu'il avait lui aussi repérer les deux créatures magiques.
- Oh, mais vous êtes les nouveaux employés des Bort, s'exclama l'humaine. Venez donc fêtez avec nous les 321 ans de Westwood.
La gentillesse de cette femme fit fondre mon cœur, mais pas celui de mon ami.
- Non, merci, ronchonna-t-il. Les Bort nous attendent, nous devons rentrer.
J'étais quelque peu déçue du comportement d'Hunter, mais après réflexion rentrer au manoir était une sage décision. La nuit n’allait pas tarder à tomber, nous ne connaissions pas les habitants et surtout, je commençais à avoir faim. Mon ventre criait famine.
Nous étions sur le point de partir quand un courant d'air me glaça la nuque. Le petit esprit sylvestre était revenu et semblait très agité. Je n'eus pas le temps de comprendre pourquoi Nicolae suivit de près par Aden et Godrik émergèrent de la forêt sous les regards glacials des habitants.
Contrairement à nous, ils n'étaient pas les bienvenus. Malgré l'atmosphère pesante et les quelques murmures, les trois jeunes hommes se dirigèrent vers nous et firent fuir la vieille dame, qui retourna avec son groupe d'amis en baragouinant entre ses dents.
- Vous êtes partis si vite toute à l'heure que je n'ai pas pu vous prévenir pour la fête, rigola Nicolae.
Même s'il le dissimulait, je pouvais sentir une certaine tension entre mon hôte, Hunter et moi. Il se doutait qu'on n'était pas de simples mortels. Sa façon de me regarder avait totalement changé et était presque glacial comme s'il cherchait un moyen de me piéger.
- Vous allez participer aux élections ? Questionna Aden en attrapant ma main.
Ses petites mains froides sur ma peau m'arrachèrent de mon œillade et firent naître un magnifique sourire sur mes lèvres. Les enfants et en particulier celui-ci me faisaient fondre.
- Il s'agit d’un bal costumé avec vote pour élire Miss et Mister Westwood, m'expliqua Godrik. Les mêmes membres d'une famille ne peuvent pas se présenter ensemble et il faut avoir plus de dix-huit ans ...
- C’est super intéressant, m’émerveillais-je. Mais je n’ai aucun costume…
- Ne t’inquiète pas pour ça, intervint Nicolae, nous en possédons quelques-uns.
Un ricanement m'échappa quand Hunter bougonna. La présence des Bort à la fête allait nous obliger à rester et malheureusement pour lui, j'étais bien décidée à m'amuser. Après des années de cavale, j'avais bien le droit à ça.
- D'accord, m’exclamais-je en me redressant. Qui veut être mon cavalier ?
Les yeux émeraude de Nicolae s'illuminèrent de malices. Je lui offrais une opportunité de me démasquer, mais n'étant pas dénuée d'intelligence, j'allais tout faire pour passer pour une simple fille.
- Nous allons le jouer à pile ou face, déclara le frère aîné sous le regard assassin de son benjamin.
Cette réaction me surprit légèrement, mais que ce soit l'un ou l'autre, j'étais prête à jouer les petites humaines pour qu'ils me laissent une bonne fois pour toutes tranquille.
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Babsoje
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Chaos Ipa
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la voix du sabre
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Morgane Rigan
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