Landry Dance of the Masquerade Rapprochements

Rapprochements

Ses lèvres, si proches, semblent menacer d’effleurer les miennes. Je le regarde droit dans les yeux, le souffle haletant, les mains moites et l’estomac noué. La chaleur émanée de ses paumes répand un doux frémissement de ma taille à mon corps entier et ses doigts, délicatement agrippés à ma robe, caressent presque mon dos tant il est tendre dans ses gestes.

- Tu es si belle… dit-t-il sur un ton timide et la voix tremblotante.

Mon cœur rate un battement et je sens mes joues rougir à vive allure. Je baisse donc la tête, embarrassée de rosir autant face à lui, et ris nerveusement. Un rire chante également de sa gorge aux timbres graves qui lui font une voix terriblement… sexy.

- Désolé… dit-t-il tout en continuant de rire discrètement.

- Ne le sois pas.

Je lève ma tête vers la sienne. Nos regards se croisent et la braise qui nous anime est évidente… du moins, chez moi oui, je pense. Mais lui, son visage, ses yeux : tout esquisse un air plus tendre que jamais, une délicatesse que je n’avais jamais vue se dessiner sur ses traits de bel homme. Son sourire paraît niais et ses yeux esquissent la flamme qui semble le démanger. Est-ce qu’il m’aime ? Mon cœur palpite de plus en plus. Je suis comme une jeune fille qui s’apprête à connaître son premier baiser… ou bien à savourer sa première fois au lit. Peu importe : je suis à la fois animée par une excitation grandiose et dévorée par une appréhension dont je ne trouverais les raisons.

La musique romantique du bal, étouffée par les murs qui nous séparent du grand hall, accompagne nos souffles saccadés et quelques-uns de nos rires nerveux. Je n’ai jamais été autant timide face à un homme… ou du moins, pas depuis un moment. J’avais pris une certaine assurance, au fur et à mesure que le temps passe, car on me disait très souvent que j’étais belle, contrairement à mon adolescence où j’étais surnommée « la grosse vache » ; forcément ça baisse notre estime en soi-même ! Mais là, face à James, face à la beauté de son visage, à la tendresse qui transpire de son regard, au charme qu’il répand, je me sens toute frêle, vulnérable et, surtout, amoureuse.

- Tu es tellement mignonne quand tu rougis… ! dit-il en esquissant un sourire craquant.

- Arrête ! ris-je nerveusement.

- Non, c’est vrai, rit-t-il à son tour. Si tu pouvais voir ta beauté, tu en serais fascinée.

- Peut-être, répliqué-je en haussant les épaules.

Il finit de rire avant que la musique parle à notre place. Je ne sais pas quoi lui dire, ni comment réagir face à la tension qui nous ronge et à ses compliments qui me font doucement tressaillir de plaisir. J’humecte mes lèvres et, les bras tremblants, je les croise contre mon buste et perds mon regard vers le sol. Dans la logique des choses je devrais étreindre James en enroulant mes bras autour de son cou mais je suis beaucoup trop nerveuse pour oser faire ce genre de geste.

- Pour… pourquoi tu m’as emmenée ici ? demandé-je d’une voix timide.

Je ne l’observe toujours pas dans les yeux et sens mes tempes bouillir. Il pousse un petit soupir, le souffle saccadé, passe une main dans ses cheveux châtains avant de la reposer par-dessus ma hanche et me répond sur un ton à la fois frêle et mielleux :

- Ce n’est pas ce que tu penses… je… hum…

- Ce que je pense quoi ? m’intrigué-je.

Je fronce les sourcils et lève ma tête vers la sienne. Ses joues deviennent rouges à son tour. Un petit sourire malicieux écarte mes lèvres tandis que mon cœur continue à tambouriner dans ma poitrine. Il est tellement beau quand son visage s’empourpre de la sorte… j’ai envie de lui pincer ses joues et de lui dire à quel point il est mignon… !

- Je… hum… on est dans une chambre, tous les deux… répond-il en évitant mon regard insistant. Je ne voudrais pas que tu penses que je veuille… enfin tu vois…

- Coucher avec moi… ? osé-je dire.

Mon cœur frappe ma poitrine tant je suis rongée par une soudaine et plus grande nervosité. Il me regarde droit dans les yeux, humecte ses lèvres et laisse un souffle rythmé par son cœur, qui semble également palpiter, sortir de sa bouche à l’haleine de menthe fraîche.

- Oui… oui c’est ça, réplique-t-il à voix basse en esquissant un sourire crispé. C’est… c’est bien plus que ça que je veux avec toi… pas seulement du charnel…

- Oh ?

Ah ! Je vais mourir ! Les vertiges me dévorent et mon cœur répand une douleur atroce au sein de tout mon corps. Pourquoi cette souffrance soudaine ? Il n’y a pourtant que des délices qui surplombent notre cocon. J’ai l’impression qu’un poignard m’a été planté dans le dos, ou bien dans le buste… du côté du cœur. Ou bien une flèche ? Oui, c’est ça : une flèche ! celle de cupidon on dirait bien.

- Oui… il faut que je t’avoue tout… que je te dise tout… je te vois filer dans les mains des autres hommes et je vais te perdre… je…

Il marque une pause dans son débit de parole, les larmes montant à ses yeux. Je ne l’ai jamais vu pleurer et… j’admets que je ne le pensais pas aussi sensible. Lui qui esquisse un air imperturbable mais jovial chaque fois que nous sommes ensemble, seul à seul, je n’aurais jamais cru qu’il aurait cette passion en son cœur, cette délicatesse qui effleurerait ses yeux de quelques perles et caresserait son visage pour lui dessiner un air tendre. Je l’aime encore plus, ça c’est sûr…

Une goutte s’échappe de son œil droit. Je m’empresse de la sécher en frôlant son visage avec le dos de mon index, le sourire ancré sur mes lèvres. Une courbe joyeuse courbe également ses commissures et illumine son visage de rital. Car oui, James ne s’appelle pas ainsi, en réalité : son véritable prénom est « Giacomo » et il vient d’Italie, et non d’Angleterre. Il a pris le pseudonyme de « James » car il préfère qu’on l’appelle ainsi. Bref, son prénom m’importe peu – même s’il a bien gardé tout son charme italien… qui fait craquer de nombreuses femmes.

Mais, tandis que nos bustes se rapprochaient doucement de l’un et de l’autre, un gémissement frénétique et aigu d’une femme résonne de la chambre d’à côté. Je me pétrifie et écarquille les yeux, le souffle court et l’esprit dévoré par l’embarras. En plus de cette jouissance féminine, des grincements de lit accompagnent le chant jubilatoire de ce qui semble être un couple qui fait l’amour…

L’horreur…

Ça ne pouvait pas tomber plus tard, ou plus tôt ? Non parce que là c’est gênant, très gênant même…

James racle sa gorge et perd son regard vers le sol. Ses joues rougissent à nouveau, ses mains lâchent ma taille et se ferment en poings, son corps semble être encore plus tendu qu’il y a quelques secondes. Quant à moi je tente d’ignorer les cris sensuels de la femme en gardant mon attention sur le bouquet de fleurs.

- Mon frère… dit-il sur un ton nerveux après avoir poussé un soupir.

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2 commentaires

LikeAMartian

-

Il y a 8 ans

Perso, Giacomo est pas mal non plus !

WhiteAir

-

Il y a 8 ans

Oups... c'est gênant tout ça ! Depuis quand il a un frère ce fameux James ?
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